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Alger en ébullition pour la finale
Comme de tradition, Bab-El-Oued, Bab-Jdid et Soustara que se partagent depuis des lustres «ouled Sidi Abderrahmane» sont couverts de vert, de noir et de rouge. Rouge, quils ont en commun comme le sang qui coule dans leurs veines pour irriguer un cur qui bat pour ce club, seul repère dans un pays où ils ne croient plus en rien, même plus au foot !
Comme de tradition, le MCA et lUSMA vont se retrouver en finale pour se disputer la Coupe dAlgérie. Comme de tradition, les jeunes sy préparent minutieusement, dans une ambiance de fête en ne négligeant aucun détail sous lil attentif des plus anciens qui balisent en prônant le fair-play et sous le regard égayé des très petits qui arborent déjà, comme un acquis, les couleurs du club chéri du père et du grandpère. La relève est assurée, le témoin est bien passé. Comme de tradition, Bab-El- Oued, Bab-Jdid et Soustara que se partagent depuis des lustres «ouled Sidi Abderrahmane» sont couverts de vert, de noir et de rouge. Rouge, quils ont en commun comme le sang qui coule dans leurs veines pour irriguer un cur qui bat pour ce club, seul repère dans un pays où ils ne croient plus en rien, même plus au foot. Comme de tradition quand le Mouloudia Club dAlger (MCA) rencontre en finale de Coupe dAlgérie lUnion Sportive musulmane dAlger (USMA), Bab-El-Oued se soûle et cest le tout Alger qui senivre. Depuis une semaine, la capitale et ses alentours immédiats sont transportés par leuphorie qui sest emparée des supporters des deux prestigieux clubs algérois : le MCA et lUSMA qui depuis le 15 juin dernier se sont déclarés la «guerre psychologique». Un derby que semble remporter et largement, en apparence, les Mouloudéens qui décrivent leurs frères ennemis comme une force tranquille. «Eux, cest la qualité, nous cest la quantité», murmure Fayçal que lon a rencontré avant-hier soir à quelques mètres du café El Houria où les jeux sont ouverts, les pronostics, tous les pronostics aussi. Un fait qui ne semble pas plaire à Mimita une des coqueluche des fous du Mouloudia. Mimita qui, cette année, contrairement à lan dernier ne juge pas utile de porter ce maillot truffé dépingles à nourrice, quelque 500 quil a accrochées pour conjurer le mauvais sort «La coupe dinaha, rah ettkaf»(le mauvais sort est conjuré) répond ce quadragénaire qui vit le jour au jour dans une ville dont il ne connaît que les rues, les stades et les prisons, à notre collègue Rabah qui met de côté toute objectivité professionnelle en rechignant à nous accompagner à la base des Usmistes en balbutiant un «makan, makan, miyta !» (il ny a rien, cest mort !» Pas si mort quand on prend la peine de sengouffrer dans les rues et ruelles parallèles à lavenue Colonel-Lotfi où ondulent dimmenses drapeaux vert et rouge, où les familles déclinent leur appartenance en faisant flotter létendard aux armoiries du club roi . Et il nest pas rare que lon trouve sur une même fenêtre les deux bannières. Celle du MCA et celle de lUSMA. Comme lon retrouve côte à côte sur un même étal de fortune, où sur les étagères dun magasin les accessoires aux couleurs des deux clubs. Les jeunes qui posent pour notre photographe Samir, un autre mordu du Mouloudia, nhésitent pas pour faire passer le message du fair-play en arborant un maillot aux couleurs de lUSMA et ce chapeau de bouffon à leffigie du Mouloudia, le tout dans un indescriptible brouhaha fait de klaxons de voitures qui défilent, de chansons qui consacrent lévénement que lon diffuse à fond et parfois des youyous des femmes qui saluent le passage dun cortège. Il est 21h et Bab-El-Oued toute en couleur, illuminée ne semble vouloir aller au lit. On fait les dernières emplettes, on refile encore et encore des bombes fumigènes, des pétards, des maillots, des parapluies et toute une panoplie de gadgets au grand bonheur des affairistes qui ont flairé le filon. Cette finale cest aussi et surtout une occasion de se faire de largent, beaucoup dargent si lon juge par cette marchandise que lon a ramenée de Chine et qui se déverse sur le tout Alger. Le vert et rouge est partout, le rouge et noir le suit au pas. Le chassé-croisé est évident au premier regard, il est criant dès que lon arrive à la place des Martyrs, à peine le seuil de Chéraga franchi, ou la descente de «la Défense» amorcée. Au palier de Bab-El- Oued City, la pizzeria tenue par trois frères, on rencontre Karim, venu des Etats-Unis dAmérique juste pour assister à la finale. Il est mouloudéen, on rencontre aussi Riad, Sofiane, Kamel et une dizaine dautres jeunes qui exultent en chantant «El harba» «El harraga» pour échouer à «Paris, Barchalona, Roma, Naples et Milano» alors que Dahmane alias Badji la mascotte du MCA esquisse quelques pas de danse pour imiter les «papiches» de lUSMA qui regrettent que leur mascotte le gardien du stade de Bologhine Alias Betrouni ne soit pas là pour répondre au Chinoui. Le tout dans une ambiance que seul ce derby algérois sait créer .
Saïda AzzouzLE VRAI DERBY A COMMENCE AU SOIR DU 15 JUIN DERNIER
Une famille en Vert, Rouge et NoirNous aurions pu frapper à la porte de nimporte quel appartement, de nimporte quel immeuble, de nimporte quelle rue de la Casbah, de Bab-El-Oued, Bab-Djdid ou de Soustara, une fois sur deux nous nous serions retrouvés devant une famille «en vert, rouge et noir». A tous les coups on nous aura reçus avec la même passion, une foule danecdotes et une série de blagues racontés comment se vit, sous un même toit, la cohabitation entre supporters du MCA et de lUSMA. Comment en toute démocratie, sans violence aucune on accepte la «loi du plus fort» lors dune victoire et comment lon jubile quand quelque temps après, on a notre revanche. Les taquineries, les moqueries et les railleries qui atteignent leur trop-plein à la veille et au lendemain de chaque derby entre les deux clubs algérois, sont, à dose «homéopathique» certes, distillées tout au long de lannée entre parents, frères et surs. Une réalité quillustrent très bien les frères de cette famille qui gèrent le «Bab-El-Oued City», cette pizzeria située au cur de ce quartier, jadis fief des piedsnoirs. Nous les avions rencontrés lan dernier, dans leur commerce bondé de monde, se livrant bataille la veille de la finale de la Coupe dAlgérie que le Mouloudia à remportée «grâce» à «ammi Bouteflika» comme aime à le répéter Fayçal lUsmiste, tout en assurant le service. Lundi dernier, en début de soirée, nous avons fait une viré du côté du jardin de «Patovani» où se trouve leur pizzeria pour savoir comment se vit la «cohabitation» entre ses garçons presque du même âge. Le seuil du kiosque grouille de monde, les vendeurs à la sauvette ont envahi le lieu, les rideaux du «resto» sont à moitié baissés. Ils le sont depuis 7 jours, nous précise Halim, lun des propriétaires qui au premier abord nous prend pour des agents de lhygiène «nous avons fermé pour travaux, pour nous mettre aux normes exigées par la wilaya», précise Boubkeur, qui, le 15 juin dernier, est revenu de Tizi- Ouzou avec une entaille sur la joue. Résultat dune agression commise à proximité du stade par, selon lui, un voyou supporter de la JSK. La pizzeria peinte aux couleurs du MCA devrait rouvrir demain jour de la finale, bien quils soient pressés de retrouver ses clients, Fayçal le serveur pizzaïolo est un petit peu déçu, puisquil doit désormais porter la même tenue que tous ceux qui travaillent dans la pizzeria y compris ses frères, cest là une des exigences des services dhygiène. Une frustration pour Fayçal qui jusque-là affichait son appartenance en portant durant le service le maillot de lUSMA, pour évoluer dans un espace totalement dédié au MCA, comme en témoignent les photos et posters qui tapissent lendroit, à commencer par le comptoir où «lon sert des pizzas chnaoua et hamburgers papiche». Alors que lon accuse Halim, le frère gérant, de diktat parce quil ny a aucune photo de lUSMA, Fayçal nous apostrophe pour rectifier. «Cest la loi de la majorité, en plus des mes frères, ceux qui travaillent avec nous sont tous Mouloudia. Mon autre frère usmiste avons donc abdiqué, et puis nous, cest el hata, machi chiffoun ntalkou fi zit oul frit». Ce qui fait dire à Mustapha que le nombre ne veut rien dire puisque Fayçal à lui seul «fait taire» tout le monde y compris les joueurs du MCA qui souvent viennent manger un morceau en famille. Sensuit une succession danecdotes plus drôles les unes que les autres que les frères évoquent à tour de rôle pour raconter comment ils se paient la tête de ceux dont léquipe perd. Et comment se préparent le déplacement au stade où une fois sur place chacun rejoint son virage, sans jamais oublier de portable, «pour échanger des SMS ou des coups de fil chaque fois que lune ou lautre des équipes est malmenée », Fayçal, qui raconte avoir bénéficié de «trois jours de deuil» lan dernier, confie avoir trouvé lastuce pour que les couleurs de lUSMA, mine de rien effacent celles du Mouloudia. Des chansons en boucle de feu Guerrouabi.
S. A.
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