• Karcouche:Le MCA endetté

    On refait le match

    Le nouveau patron du Mouloudia d’Alger, Sid-Ahmed Karcouche, annonçait récemment que la situation financière du club n'augurait rien de bon. Le boss mouloudéen, pour étayer sa thèse, brosse un tableau peu reluisant des finances de l’association, dont il vient à peine de prendre les rênes, et annonce que l’avenir ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Conscient de la difficulté de la tâche qui les attend, lui et son bureau, il parlera, en des termes peu rassurants, des dettes accumulées (héritées de l’équipe dirigeante sortante) qui s’élèvent à «11 milliards de centimes». En quoi le vécu du doyen des clubs algériens diffère-t-il des autres sigles qui «animent» (quel bien grand mot !) nos mornes week-ends footballistiques marqués par de longues et interminables séances de pousse-ballon ? Du déjà entendu. Spécialistes ès-sonnette d’alarme, l’écrasante majorité de nos dirigeants sportifs, pour la plupart portés sur le bricolage et la «complotite» permanente, apportant peu ou pratiquement rien au développement de la discipline, s’imposent aux décors tristes d’un sport-roi déchu. Karcouche, qui sait maintenant de quoi il parle et qui apprécie à sa juste valeur l’ampleur de la mission à la tête d’un sigle à la charge symbolique unique dans le pays et tout ce qui va avec comme difficultés, a néanmoins ce brin de lucidité qui lui permet de parler en vrai gestionnaire (une qualité qui ne court malheureusement pas nos stades) en des propos reflétant comme rarement la réalité. En assénant cette vérité : «Si le MCA était une entreprise privée, je vendrais le siège pour effacer les dettes et fermerais la boutique.» Une solution extrême qui suggère des remèdes de choc face à une situation à multiplier à l’envi dans les différents paliers d’un championnat algérien sans émotions fortes et surtout très loin des standards internationaux en matière de spectacle pur. Le N°1 du Mouloudia algérois, qui évite de parler de crise mais met tous les clignotants au rouge, parle de la stratégie à mettre en place. «La solution est de passer en SPA», lâche-t-il. Le MC Alger érigé en société par actions. Fameux pari sur l’avenir et sacré défi que toutes nos formations, dans leur improbable quête d’un professionnalisme ne dépassant jamais le stade des déclarations pompeuses, doivent se lancer. Hier et ce soir, et par petit écran interposé, la Champions League européenne, la plus prestigieuse des compétitions du jeu à onze à l’échelle de la planète, s’invite dans nos foyers. Elle est la bienvenue pour les raisons que tout le monde connaît. Du spectacle et du rêve. Garantis. Le rêve, pour l’heure inaccessible, de voir notre football, multipliant ces dernières années les déboires et glissant dangereusement dans les profondeurs de la hiérarchie mondiale, sortir du bricolage ambiant et s’ouvrir sur le monde, entrer dans le costume d’un professionnalisme pour l‘instant trop large à sa taille. Karcouche, encore lui, va droit au but, dit sa conviction intime (est-elle unanimement partagée par ses pairs ?) «qu’il est temps que le Mouloudia s’ouvre aux actionnaires». Discours pas tout à fait nouveau, mais qui a le don d’aller à l’essentiel. Qui rappelle le temps perdu, les occasions ratées par le sport national, et sa locomotive, le football, de se mettre à jour. Au diapason des grands d’Europe et d’ailleurs. Une gestion qui a fait ses preuves et que nous renvoient brillamment ces belles fresques «footballesques» écrites par de véritables artistes et sorciers du ballon rond. La sortie médiatique du nouveau boss du MCA s’arrête-t-elle à un simple coup de gueule que pourrait expliquer, par exemple, une asphyxie financière aux origines connues ? Les sponsors ne se bousculent pas au portillon, le nerf de la guerre fait défaut. Cruellement. Pourquoi et comment ? On n’invente rien. La réponse nous vient cette fois d’Afrique. Début 2008, la Fédération sénégalaise de football (FSF) doit lancer un championnat de football professionnel. Pour être éligible à cette compétition, les clubs candidats doivent remplir un cahier des charges leur exigeant de disposer, notamment, d’un budget de 50 millions FCFA (environ 77.000 euros, soit trois fois moins que ce qui est déboursé pour le recrutement d’un joueur algérien moyen), d’un terrain gazonné ou stabilité d’un effectif de 18 joueurs bénéficiant d’un contrat, d’un entraîneur principal et d’un comptable régulièrement recrutés. On ne parle pas de la faisabilité, en Algérie, d’un tel projet dont des copies améliorées et pourtant portées par des ministres de la République qui ont eu à faire le détour du bureau du 1er-Mai, dorment dans des tiroirs fermés à double tour. Sans commentaire. On refera le match dans un autre point.
    Abdelaziz Azizi

    « TAHIR HASSENCHERAD signe au Mouloudia »

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