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La crise au Moulouda
Marif, le Mouloudia en personneDans lentourage mouloudéen, et même partout ailleurs dans la planète football algérienne, on lui a souvent attribué des pouvoirs surdimensionnés et une autorité parfois irréelle. Par son grade évocateur de chef de protocole du président de la République, il sétait forgé une réputation de guide suprême. Même léloignement que lui confère son poste actuel dambassadeur à Rome na pas altéré son image de véritable donneur dordres au MCA. Cest bien connu, Rachid Marif est Le vrai patron, au sens patriarche du terme, au Mouloudia dAlger. Une personnalité incontournable aussi bien sur la devanture que dans les coulisses du club phare de la capitale. Discret, certes, pas un brin bavard à la presse, mais très efficace dans tout ce qui touche à la gestion et la façon de faire vivre son club, le MCA. De sa fonction de secrétaire du club dans les années 1960 et 1970, Marif a acquis une bonne dose de connaissances techniques en matière de gérance qui lui ont ensuite été bien précieuses lors de son retour aux affaires du Doyen après lintermède étatique obligatoire dicté par la réforme sportive de 1977 et le règne de Sonatrach. Son rôle dans laboutissement de la convention de cessation signée en 2000 entre la société mère et lassociation El Mouloudia, dont il est lui-même lun des influents précurseurs et fondateurs, est dailleurs indéniable. Nétant plus sous lautorité de Sonatrach mais plutôt chapeautée par El Mouloudia, grâce en partie aux négociations menées auprès de Chakib Khelil par Rachid Marif, la section football du MCA sera ainsi sous linfluence directe du président.
Le docteur Mohamed Messaoudi, qui a pu résister à autant dannées et de campagnes de destitution, peut être lillustration parfaite et léchantillon adéquat à même de cerner avec plus ou moins de précision ce que représente le champ de manuvres de lun des plus puissants hommes du sérail.
Si le tant controversé docteur a pu tenir aussi longtemps aux assauts répétés de ses opposants, ce nest quà la faveur du soutien du parrain qui, le couvant de son aile protectrice, lui a, en effet, épargné à maintes reprises les déshonneurs du siège éjectable jusquau jour où ses errements firent monter la voix de la contestation jusquaux portes, justement, de lambassade algérienne, en terre italienne. Cen était trop pour lhomme de loi qui devait, à ce moment-là, se débarrasser dun poulain devenu trop encombrant et qui est même allé jusquà défier celui qui la intronisé.
Et comme le promulgue si bien ladage quiconque se servira de lépée périra par lépée, le docteur Messaoudi, qui a fréquemment barré la route à ses opposants en suivant les consignes venues den haut et en exhibant, sourire narquois au coin des lèvres, des textes de loi, a été finalement déchu par une institution de lÉtat. Mais bien au-delà de létiquette qui lui colle à la peau de faiseur de présidents, Rachid Marif a toujours, de laveu même des sociétaires du club, beaucoup apporté au Mouloudia.
Que ce soit en matière de sponsors, de grands partenaires économiques ou de garants de la bonne tenue du déroulement du stage de lintersaison en péninsule italienne, la griffe Marif est bien présente et suffisamment perceptible pour ne pas douter de sa bonne foi. Mais voilà quaprès le tumultueux double épisode Messaoudi, ceux qui se rangeaient volontiers aux côtés, ou tout bonnement derrière lancien proche collaborateur du président Bouteflika, nont plus cette frousse de safficher en anti-Marif, ou tout au moins de remettre en cause, en des termes à peine voilés, la justesse de ses choix, comme en témoigne cette phrase lourde de sens de lemblématique Abdelkader Drif qui a insinué que lassociation gère mal le MCA, ou encore ces appels de quelques charismatiques anciens grands joueurs Vert et Rouge qui se font de plus en plus insistants pour dissoudre tout simplement El Mouloudia. Cest que le fait de sêtre démarqué un peu tardivement de la démarche du Dr Messaoudi a quelque peu froissé une partie de limage du tout-puissant Marif auprès de la grande frange de proches du club et membres de lassemblée générale, à tel point quau sein de la grande famille mouloudéenne, lon commence à sinterroger sérieusement sur son rôle à tenir dans la configuration de la prochaine organisation interne du club. De là à avancer que lépoque de la fameuse règle de ce que Marif veut, le MCA le veut est principalement révolue, il y a un énorme pas à franchir et, franchement, nous ne nous sentons pas capables dune telle enjambée. Il faudrait donc mieux attendre et voir ce qui résultera de limminent scrutin pour avoir une idée plus précise sur le poids réel de Rachid Marif au sein du MCA post-Messaoudi. Ce qui semble certain, cest que plus rien ne sera jamais comme avant. Dans les deux sens.
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