• BERKANI Omar

     

    BERKANI Omar   

     

    (ex-international de volley et entraîneur de l'ECSM et du MCA) 

     

     Une carrière de haute volée !  

     

    Publié par Abdenour Belkheïr dans Horizons le 26 - 03 - 2010 

     

     

     

    A 10/12 ans, il a déjà l'embarras du choix. Il réussit aussi bien en football qu'en volley-ball. Il ne pourra hélas pas assouvir sa folle passion pour la balle ronde, car son regretté père lui préfère la balle haute car moins contraignante pour le suivi scolaire. Lorsqu'il signe sa première licence au club de Hydra, son quartier d'enfance, le jeune Omar Berkani est déjà un élève modèle, avide d'apprendre et très vite. Il a ce besoin de montrer davantage que les autres. Au fil des années, il a faim de réussite, d'élever son niveau déjà promoteur. A 19 ans, il est un élément incontournable au sein du «six» de la JSSEB (El Biar). A l'ECSM (ex-DNC), au NAHD et enfin au MCA, Omar (né le 12.01.1956 à Alger) qui pourtant n'a pas une toise idéale (seulement 1,80 m), se construit une carrière brillante. Très précieux par sa présence, sa personnalité, son tempérament de feu et son aisance à la passe, il devient à seulement 19 ans, international A.  
    Là aussi et sur le terain, il va jusqu'au bout de ses forces pour réaliser les meilleures prestations, le meilleur résultat. Devenu entraîneur de l'ECSM et du MCA avec lesquels il a glané beaucoup de titres, Omar Berkani n'a pas pour autant pris totalement ses distances avec le volley-ball puisque à 54 ans, il est le manager de section au GSP. Il occupe ce poste en conservant le même amour, le même dévouement pour la discipline. Ses bagages universitaires (ingénieur en informatique), lui permettent là aussi d'être très bien outillé. 


     
     
      

    BERKANI Omar

     
    "Tout comme le football, les autres disciplines doivent être elles aussi sérieusement prises en charge" 
          

    Que devient Omar Berkani ? 
    J'occupe depuis 2001 le poste de manager de la section volley-ball du Groupement sportif des pétroliers (GSP ex MCA). 
    Pouvez-vous nous rappeler votre itinéraire sportif ?
    Mes premiers débuts de volleyeur, je les ai faits durant la saison 69/70, à l'âge de 13 ans avec les minimes du club de Hydra-Repal (Sonatrach). C'est grâce à mon frère aîné Mouhoub qui a débuté lui aussi sa carrière sportive en volleyball et le regretté Noureddine Madiou alors responsable de l'école de volley-ball, que j'ai pris goût à la discipline sportive en question. Sous la férule des entraîneurs Koubi, Khemissa et le regretté Boufedji, je ferais toutes mes classes à Hydra jusqu'à la disparition du club en 1975.
    Une disparition vite comblée par le passage de l'équipe à la JSS El Biar où là aussi je joue avec l'équipe fanion grâce au surclassement autorisé. Durant deux années (75-77), alors que je ne suis que junior, j'évolue en équipe fanion aux côtés des Boumendjel, Amrane, Brouri, le regretté Riad Bousedji…. Après ces deux saisons, c'est de nouveau toute l'équipe de la JSSEB qui intègre le NAHD dont je porterai les couleurs jusqu'en 1986.
    Quand avez-vous rejoint le MCA ?
    Juste après avoir quitté le NAHD. Au Mouloudia, je passe deux saisons, de 86 à 88.
    Avant de raccrocher en tant que joueur ?
    Pas tout à fait puisque je prolonge ma carrière d'une autre saison au sein de l'ESCM (ex-DNC).
    A quelle occasion avez-vous officiellement pris votre retraite ?
    Mon dernier match, je l'ai joué durant la saison 89/90. Un match gagné par 3-1 devant le NAHD qui nous a permis de remporter le titre national.
    Quand avez-vous entamé votre reconversion en tant qu'entraîneur ?
    Juste après avoir mis un terme à ma carrière de joueur. Aux côtés du jeune Julio, ancien international cubain, venu à Alger dans le cadre d'un protocole d'accord avec la DNC, j'ai eu à diriger l'équipe de l'ECSM.
    Etiez-vous titulaire du diplôme d'entraîneur ?
    Pas du tout. Mon travail était seulement basé sur mon expérience de joueur ayant été encadré par des entraîneur algériens et étrangers de renom. Aussi, la présence du Cubain Julio m'a permis de maîtriser davantage mon sujet. Conscient de la nécessité d'une formation poussée, j'ai décroché le diplôme d'entraîneur de 1er degré international, sous la direction du formateur suisse Dagez. J'ai par la suite décroché le diplôme de 2e degré international.
    Quand avez-vous pris en main l'équipe du MCA ?
    Après trois années (91-94) passées à la tête de l'ECSM, je suis contacté par les responsables du Mouloudia. Belkacem Bouchouika et Mohamed Djouad, connaissant la dimension des deux hommes et les moyens qui s'offraient, je n'ai pas réfléchi un instant pour donner mon accord. Ainsi, je deviens l'entraîneur du MCA de 1994 jusqu'en 2000.
    Peut-on avoir un aperçu sur votre carrière de joueur international ?
    En 74 et à seulement 18 ans, je décroche mon galon d'international espoir, sous la houlette de l'entraîneur chinois Kia. La saison d'après, je deviens international A. Je prends part aux JM d'Alger de 75 aux côtés de prestigieux coéquipiers tels le regretté Abbes Benazouz, Chebahi Kamel, Benyelles, Kassama, Allouache, Hassaine, Belhadj…
    Vous n'étiez pourtant pas un idéal de morphotype ?
    Effectivement puisque eu égard à ma taille (1,80 m), j'ai été reconverti en passeur. Un poste qui m'a permis de compenser le handicap en question.
    Combien de capes avez-vous comptabilisé avec l'EN ?
    Je n'ai pas compté le nombre de sélections. Je vous rappellerai seulement que j'ai régulièrement porté les couleurs nationales de 74 à 86. J'ai pris part à toutes les campagnes : JM, JA, championnats d'Afrique, universiades, Spartakiades 79, véritable répétition des JO de Moscou 80…
    Par quoi est enjolivé votre palmarès ?
    En tant que joueur, je compte 4 ou 5 coupes d'Algérie et 5 ou 6 titres de champion avec le NAHD. Comme international, j'ai été vice-champion d'Afrique et vice-champion arabe. En tant qu'entraîneur, j'ai gagné avec l'ECSM la coupe d'Algérie 92/93. Avec le MCA, j'ai remporté le doublé durant la saison 94/95 et la coupe d'Algérie une saison après. Comme manager du MCA et du GSP, je totalise pas moins de 6 titres nationaux. Titres décrochés sous la férule des entraineurs Krimo Bernaoui mais aussi par Bencherif et Nehaï que j'ai eu comme joueurs à l'ECSM.
      Le meilleur souvenir de votre carrière ?
    Incontestablement, ma première sélection en EN «A» à l'âge de 19 ans. Je venais de réaliser un rêve en côtoyant les sommités de l'époque qui avaient pour noms Benazouz, Belhadj, Benyelles, Chebahi, Allouache, Hassaïne…
    Votre plus mauvais souvenir ?
    Le jour où à seulement 30 ans, j'ai décidé de mettre fin à ma carrière.
    Quel est l'entraîneur qui vous a laissé la meilleure impression ?
    Je citerai entre autres Koubi, Khemissa, Messous, Touhami et le regretté Madioui qui m'ont encadré chez les jeunes. En seniors, j'ai fortement apprécié le savoir-faire du Russe Victor Filiptcheko et du Cubain Angel Iglesias.
    Votre dirigeant préféré ?
    Mustapha Feminia a été à mes yeux un dirigeant exemplaire. Il était un véritable militant du sport et ne touchait pas le moindre centime.
    L'arbitre ?
    Mohamed Saidoune qui était mon premier président à Hydra, actuellement malade et à qui je souhaite un prompt rétablissement, restera la référence numéro une. Larbi, Sellami, Mekhnache, Hamdoud, Boumriche et Belkahla ont eux aussi forcé mon respect grâce à leurs compétences et leur sens aigu de la communciation.
    Votre modèle de joueur ?
    Khaled Khemissa et Kamel Chebahi, qui ont marqué de leur empreinte le volley-ball national des années 60 et 70, ont été mes deux joueurs préférés. A l'étranger, j'ai été en admiration devant l'énorme talent des Russes Savinet Zaitsen.
    Que vous a apporté le volley ball ?
    Sur le plan matériel, pas grand'chose. Ma richesse je l'ai gagnée en voyageant énormément, en connaissant des hommes de tous bords. Le volley-ball m'a permis de m'épanouir et d'avoir des sensations que je ne pouvais avoir ailleurs. 
    Et si c'était à refaire?
    Je vais vous étonner en vous disant que je choisirais le football qui reste toujours une grande passion chez moi. Je dois préciser tout de même que je ne suis pas emballé par le football national même si j'ai suivi avec une grande attention les dernières prestations de l'équipe nationale.
    Vous auriez pu faire une grande carrière de football ...
    Effectivement, car j'avais des prédispositions fort nometteuses. Hélas, je ne pouvais résister à l'intransigeance de mon regretté père qui s'opposa fermement à mon souhait d'embrasser une carrière de footballeur.
    Il ne voyait par contre pas le volley-ball du mauvais œil, car il jugeait qu'il me permettra de suivre mes études qu'il voulait que je réussisse à tout prix.
    Vos principale qualité sur le terrain et en dehors ?
    J'étais un joueur à tempérament de feu. Un vrai battant quoi. Dans mon quotidien, je reste quelqu'un de sociable et calme.
    Vos défauts majeurs ?
    Sur le terrain, j'étais sans cesse en ébullition, je gesticulais et parlais sans cesse. La naïveté restera mon grand défaut dans ma vie de tous les jours, je crois trop à la sincérité des autres.
    Un quelconque passe-temps favori ?
    Je suis un fan de la musique, du rock et du chaâbi d'El Hadj El Anka et de Amar Ezzahi.
    Pour conclure ?
    Je lance un appel aux pouvoirs publics de ne pas faire dans la ségrégation. Le football certes doit bénéficier de moyens colossaux, mais les autres discipline sportives méritent elles aussi une meilleure prise en charge qui soit.  

     

     


    votre commentaire
  •  

    MADIOU Noureddine: MCA Volley Ball

     Madiou Noureddine

     sportif infirme qui a flirté avec le haut niveau

     
     
     
    Quand le sport algérien a le blues

    « Quand l’ordre est injustice, le désordre est déjà un commencement de justice » Romain Rolland

    Mes parents étaient fiers de moi, mes enfants aussi, je peux dire que je suis l’auteur d’une carrière exemplaire. Surmonter son handicap et s’imposer à un haut niveau avec toutes ses contraintes et exigences ne sont pas chose aisée. Pourquoi le sport algérien connaît-il une telle déconfiture ? Il faut un état des lieux pour se ressaisir



    Dans le monde fabuleux du sport, le sien, Nouredine est une exception. Infirme de naissance, avec un pied difforme, il a su se frayer un chemin respectable, taquinant le haut niveau avec une insolente détermination. « C’était le meilleur passeur du volley national et l’un des plus doués de la balle au filet. J’avais de l’affection et de l’admiration pour lui. C’est un exemple de courage et de tenacité », témoigne Mostefa Chaour, un des éléments clefs du six national des années soixante. Et pourtant, il n’avait pas la tête de l’emploi, une taille moyenne, plutôt petit pour ce sport exigeant qui aime les hauteurs.

    Décrit par ses coéquipiers comme un modèle d’intelligence critique, toujours en éveil, d’intégrité et de modestie, Nouredine restera, en effet, attaché à l’histoire du volley-ball national qu’il affectionne depuis plus d’un demi-siècle. Son visage tout en angles dit quelque chose du personnage. Silhouette grise et sourire flottant des timides, Nouredine impose sa voix. « C’est à Hamma Marine, Belcourt, que je suis né en 1942 et fait mes études primaires. C’est grâce à mon instituteur, M. Perret, grand sportif, que j’ai capté l’amour du volley-ball ; notre maître nous initiait à ce sport, pendant la récréation dans la cour centrale. Nous qui étions plutôt portés sur le football, comme tous les jeunes, prenions ainsi un chemin singulier qui tranchait avec les habitudes. En tout cas, en ce qui me concerne, M. Perret a décélé en moi des qualités techniques hors du commun malgré mon infirmité. Il était entraîneur de l’équipe de volley ball de l’ASCFA d’Alger.

    Un battant, un gagneur

    Il a tout fait pour que je signe ma première licence dans son club. Comme j’étais jeune, il a fallu un double surclassement pour que je puisse évoluer en seniors. J’étais le catalyseur, le passeur. » Parallèlement, Nouredine poursuit ses études secondaires au lycée Bugeaud (Emir Abdelkader) qu’il arrêtera en raison de la guerre. Durant tout son parcours, il n’aura de cesse de vouloir concilier savoir et pouvoir, sachant se bâtir un moral d’acier. Imaginatif, entreprenant, il est du genre à agir et ayant pris goût à son sport, il ne pouvait s’en séparer.

    De fait, dès l’indépendance, alors qu’il bouclait ses vingt ans, Nouredine se retrouve sélectionné avec onze de ses camarades sous la conduite du regretté Rachid Meknache. « Nous avons joué notre premier match sous les couleurs nationales à Annaba, sous la houlette de M. Bengaouer. Nous avons battu les Tunisiens 3 sets à 2. » Cela se présentait déjà sous les meilleurs auspices. Pour rien au monde, il ne pouvait quitter ce milieu dans lequel il a affirmé sa personnalité, nourri d’une appétence pour les combats solitaires et doté d’un courage à toute épreuve qui l’amenait à braver tous les défis. Il se souvient très bien de son grand baptême du feu aux Jeux de l’amitié de Dakar en 1963. « L’équipe était formée de 6 Français d’Algérie et de 6 Algériens sous la conduite de Pierre Cocan, un gars d’Hydra. C’était le premier sélectionneur. Il est devenu par la suite président de la Ligue nationale française de volley-ball, tout en restant très proche de l’Algérie. De cette période, je garde des souvenirs impérissables. Quel bonheur pour un jeune comme moi d’être en équipe nationale en compagnie de copains avec qui on partageait tout, comme Ferkioui, Chebahi, Chenounou, Mehani, etc ! Puis ce furent les Jeux du Ganeto à Djakarta, le pendant des Jeux olympiques de Tokyo de 1964. On commençait à connaître ce que voulait dire le mouvement des non-alignés dont notre pays faisait déjà partie. »

    Comme l’écrivait subtilement Luis Borges : « Toute destinée si longue et si compliquée soit-elle compte en réalité un seul moment, celui où l’homme sait une fois pour toutes qui il est. » Et Nouredine, mature et décidé, savait déjà où il allait en affinant une vocation précoce. Ne dit-on pas que sans ambition, il n’ y a point de talent ? Et de l’ambition, notre volleyeur en avait à revendre, sans en arriver évidemment à la prétention. L’ambition est la seule maîtresse dont l’homme ne se lasse jamais. Elle lui rend le goût de lui-même. Nouredine en a fait son leitmotiv. Et puis, il a cet art de mettre des mots sur tant d’émotions. « Nous étions encadrés par des hommes merveilleux comme le Dr Bourkaïb, premier président de la Fédération algérienne de volley-ball. Un homme passionné, intègre et connaisseur. A Djakarta, on avait fini sixièmes, mais c’était une performance au regard des grosses cylindrées qui étaient sur place », se souvient-il.

    À cœur vaillant

    Il replonge dans les reminiscences d’une carrière accomplie, aboutie et trépidante. Lorsqu’il évoque ce qui a structuré sa vie sportive, il saute d’emblée sur la période où il était entraîneur-joueur au GLEA : « J’ai joué juisqu’en 1970. J’ y ai formé une brochette de joueurs de niveau avant d’opter pour le NARA, porte-flambeau de Sonatrach. » Nouredine y sera intronisé entraîneur en 1972. Suivra une longue lune de miel qui durera un quart de siècle, parsemée de titres et de consécrations, coupes-championnats, sans compter le nombre record de sélectionnés fournis à l’équipe nationale. Notoriété et récompenses ne lui font-elles pas parfois tourner la tête ? « On doit être à la haueur du titre et l’honorer. C’est une grande responsabilité. » Nouredine n’est pas de ceux qui s’enivrent de compliments. Il a appris la remise en question. Régulièrement, il dit que « sans les autres, il ne serait jamais là ». Alors, il veut à son tour transmettre sa passion…« Je remercie de tout cœur Sonatrach qui m’a donné la possibilité de m’affirmer et de confirmer, chose que je n’aurais pas pu développer ailleurs », confesse-t-il, reconnaissant. Nouredine n’évoque ses faits d’armes qu’avec une extrême pudeur. Ce qui est frappant, c’est qu’il ne cherche pas à se valoriser avec un vocabulaire pompeux.

     

    MADIOU Noureddine: Champion d'Afrique avec le MCA en 1988 MADIOU Noureddine: Champion d'Afrique avec le MCA en 1988

    Champion d'Afrique avec le MCA en 1988

     

     

    Pourquoi le sport a périclité

    « J’ai eu la chance inouie d’encadrer l’équipe nationale en 1989. J’en tire une certaine fierté. On a joué le championnant d’Afrique des nations à Abidjan. Nous sommes arrivés en finale qu’on a perdue honorablement contre le Cameroun, mais j’en garde un excellent souvenir. C’était une salve salvatrice, un déclic pour l’équipe qui est allée chercher le titre au Caire en 1992, sous la direction de Zerdouni. » « Sur le terrain, c’est un passionné déchaîné qui gesticule et crie, vivant à fond le match. Tout le monde connait ses colères homériques, mais au fond, il a bon cœur et nul ne peut lui contester son côté bagarreur et gagneur », relève un de ses anciens joueurs qui lui voue respect et considération.

    Après de bons et loyaux services à Sonatrach, Nouredine est, depuis, à Blida où il contribue grandement à l’émergence de l’équipe qui ne se prive pas de goûter aux délices des consécrations : coupe et championnat d’Algérie, championnat d’Afrique. « Les dirigeants blidéens m’ont fait confiance. Ils ont misé sur la formation et l’histoire leur a donné raison », confirme Nouredine appelé aussi à siéger depuis 2004 en tant qu’élu à la Fédération algérienne de volley-ball. « Le président Gougam m’a confié la mission de redorer le blason technique de notre volley. Je pense sincèrement que l’équipe algérienne va dominer le continent africain durant la décennie à venir, à condition de continuer sur la même lancée », prévient-il avant de donner son avis sur notre élite « sûrement compétitive à un haut niveau ». Noureddine fait plus que raconter. Il veut secouer, provoquer en n’oubliant pas sa propre condition. Il le dit en toute simplicité sans complexe.

    Un défi à la nature

    « J’ai été un défi à la nature, j’ai défrayé la chronique », aime-t-il répéter au détour d’une anecdote. « En 1989, nous avons participé à un tournoi international à Baghdad, nous devions affronter le Koweït, qui était déjà en froid avec l’Irak. Par ma discrétion, je restais toujours le dernier avant d’accéder sur le terrain après les joueurs. Le préposé à la sécurité m’en avait empêché, pensant à un intrus. Les joueurs sont intervenus et j’ai pu entrer quand même. Lorsqu’on a gagné, j’ai été acclamé comme pas possible par le public irakien, j’étais devenu leur héros. » Mal vu, déconsidéré en raison de son « physique », Nouredine a su déjouer tous les mauvais plans pour s’imposer tel qu’il est. « en Tunisie, raconte-t-il, on jouait un match capital en 1966. On perdait par deux sets et le public local pensait que la partie était gagnée. J’ai, sans fausse modestie, été à l’origine du renversement de situation ; on a gagné 3 à 2. Le lendemain, la presse rapportait que la Tunisie avait perdu contre Madiou. Encore une fois, j’étais sacré héros. »

    Puis, Nouredine d’avouer que son défaut est peut-être l’excès : « Je dis toujours que la passion dévore la raison. Je ne cache pas que j’ai la rage de vaincre. Ça me colle à la peau. J’inculque ça à mes joueurs, je suis entier aussi bien sur le terrain de jeu qu’en dehors. » Et lorsque nous lui demandons ce qu’il pense du sport algérien en général, il se tait un moment. Suit soudain un plaidoyer furieux, sans nuances, en faveur du sport qui n’a jamais connu pareille descente aux enfers. Notre sport a le blues. « Il y a vraiment problème. Le sport est devenu lucratif. On forme les joueurs, les entraîneurs. Pourquoi ne le ferait-on pas pour les dirigeants ? Les résultats enregistrés globalement sont en deçà des attentes et des moyens dégagés. La salle Harcha pour qui s’en souvient était un lieu mythique de bénédiction. Aujourd’hui, il n’y a plus cet engouement.

    Pourquoi ? A mon sens, il faut des décisions salutaires. Il faut mettre la pression, pas jusqu’à l’épée de Damoclès, tout de même, sur ceux qui dirigent. On a l’impression que dans les fédérations on est là pour se servir et non pour servir. Le ministère doit être performant. Nos championnats sont squelettiques. Il faut que les compétitions soient attractives. C’est pour cela que j’espère que le décret portant renouvellement des instances sportives soit salutaire. J’ai bien peur que ceux qui ne faisaient que se servir reviennent. C’est ma grande inquiétude. Moi, ce que je fais, je le fais par passion. J’ai eu des contrats mirobolants au khalidj et en Tunisie, mais j’ai décliné les offres, considérant que ma place est ici en Algérie et nulle part ailleurs... »

    Parcours

    Né à Belcourt le 25 juillet 1942, Nouredine Madiou saura surmonter son handicap, un pied difforme, pour s’affirmer comme l’un des meilleurs volleyeurs que le pays ait connus. Cet amour pour le sport, il le doit à son ancien instituteur, un Français, qui lui a inculqué le goût de l’effort. Sélectionné à plusieurs reprises, il a longtemps évolué à Sonatrach, avant de jeter son dévolu sur Blida où il exerce toujours en qualité de manager général. Nouredine a reçu plusieurs offres pour exercer son talent ailleurs, mais il a préféré rester au bercail. 

    Par Hamid Tahri

     
     
     

     

    Adieu l'ami

    Si je devais mourir, je serais comblé si cela survenait sur un terrain de sport, nous confiait Madiou, il y a quelque temps. Et bien, son vœu a été exaucé et Nouredine doit baigner dans la sérénité qui sied aux hommes de sa trempe.

    Un homme juste, toujours disponible qui s’est dévoué pour les autres sans rien demander en contrepartie. Il était surtout un sacré passionné de volley-ball qui a su, malgré son handicap, magnifier ce sport à son plus haut niveau. vendredi, le créateur l’a rappelé auprès de lui alors qu’il s’apprêtait à vivre passionnément le match qui opposait son équipe, l’USMB, au GSP (ex MCA) son autre équipe, pour lesquelles il s’est dépensé sans compter, au cours de ces dernières années. Le sort en a décidé autrement et Nounou est parti sans nous dire adieu, laissant l’image d’un sportif accompli qui est arrivé aux sommets grâce à une volonté de fer, une détermination et une abnégation que lui envieraient bon nombre de ses camarades et que tous ceux qui l’ont connu saluent bien bas.

    Son handicap, il n’en faisait pas cas. Courtois et entier, Nouredine assénait ses vérités sans le moindre complexe. Il aimait les gens et ceux-ci le lui rendaient bien, car il n’avait que des amis. Rassembleur, proche des gens, il usait de toutes ses compétences pour arrondir les angles et concilier les parties en conflit. samedi, au cimetière de Sidi M’hamed, il y avait foule pour l’accompagner à sa dernière demeure. Même dans sa mort, il a rassemblé des sportifs de toutes générations venus lui rendre l’hommage qu’il mérite. Il ne pouvait en être autrement. Adieu l’ami, on t’aimait bien...

    Hamid Tahri

     

     Madiou n’est plus

    A quelques minutes du coup d’envoi du match USM Blida – GS Pétroliers (N1) qui devait se dérouler vendredi 22.1.2010 à la salle Chalane de Blida, le coach blidéen Noureddine Madiou s’affaissa subitement sur le parquet. Le médecin de l’équipe ne fit que constater le décès subit du doyen des entraîneurs algériens, victime d’un arrêt cardiaque. Le défunt avait le volley dans le sang. Il était joueur avant l’indépendance au GSA Hydra avec son compère Chenoun. Après l’indépendance, il fut un brillant joueur de l’EN. Il a été également entraîneur du MCA pendant plusieurs saisons, avec lequel il remporta plusieurs titres. Il fit de même avec l’USMB qu’il retrouve cette saison. Le destin a voulu qu’il meure à l’âge de 69 ans juste avant un match entre deux équipes qu’il chérissait particulièrement.Très peiné par sa disparition, on présente à sa famille nos sincères condoléances et implore Dieu le Tout Puissant d’accueillir le défunt en Son Vaste Paradis. « A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons. »


    9 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique