Le phénomène Mouloudia
LHistoire va-t-elle se répéter, alors que lambiance à Alger a atteint son paroxysme et que tout le monde espère une véritable fête du football ?
Un derby, le plus grand au niveau national, qui met déjà en ébullition la capitale depuis déjà une semaine, soit depuis la qualification des deux équipes à ce stade ultime de lépreuve populaire. Partout dans Alger, ses banlieues, ses villes et villages environnants, trois couleurs sont de mise : le vert, le rouge (commun aux deux clubs) et le noir.
Evidemment, le vert et rouge est le plus répandu compte tenu de la popularité du Mouloudia et de son nombre impressionnant et grandissant de supporters. Quoi quon dise, le Mouloudia demeure un phénomène de société dans lequel sincrustent et se reconnaissent plusieurs éléments. Comment expliquer, par exemple, ce nombre de plus en plus nombreux de fans alors que le club ne gagne pas de titre.
Le dernier remonte à 1999 en championnat, alors quen coupe, les moins de 23 ans nen savent que dalle ! Par ailleurs, ce phénomène Mouloudia charrie avec lui, et cest là le revers de la médaille, une nouvelle forme de violence urbaine entretenue par une frange de casseurs qui sèment la panique et le désarroi là où ils passent.
Ces pseudo-supporters ne diffèrent en rien des autres supporters des autres clubs du pays (il y a quelques jours des supporters de lUSMA ont agressé physiquement leurs propres joueurs), quils soient en haut ou en bas de léchelle, mais leurs méfaits se mesurent à leur nombre. Quand vous avez 30 000 supporters qui se déplacent dune ville à une autre, comme ce fut le cas la semaine dernière à Mostaganem lors de la demi-finale contre le WA Tlemcen, il se trouve bien quil y ait quelques centaines de trouble-fêtes et de hooligans qui font désordre.
Heureusement dailleurs que tout le public du Mouloudia nest pas une horde de sauvages, sinon aucune herbe ne pousserait là où il passe. Mais ce qui reste extraordinaire entre les deux clubs, malgré les évolutions et les changements de murs, cest que les supporters des deux camps se chambrent sans violence. Le respect reste toujours de mise en raison des liens qui unissent les deux clubs. Sous dautres cieux, deux clubs rivaux sexpriment violemment dans les rues, comme à Buenos Aires pour Boca Junior - River Plate ou en France pour PSG - OM. Lambiance entre le MCA et lUSMA est particulière et familiale. Sous le même toit, lun est Vert et Rouge, lautre est Rouge et Noir.
Des centaines dhistoires et danecdotes, des taquineries, des boutades, des repères, des fiertés et des désillusions les lient à jamais. Je taime, moi non plus, mais ça sarrête là. Pas plus. Les anciens veillent, les mamans aussi. La magie du derby reste intacte, tout comme lambiance à Alger et elle le sera encore plus demain avant, pendant et après le match. Veillons seulement à ce que lévénement ne déborde pas, car quoi quon pense, les temps ont changé et certaines excroissances néfastes risquent de pourrir lambiance. Une ambiance de tout temps conviviale et colorée.
A. S.-B. Infosoir