•  MEZRAOUI Sofiane

    «Mon chez-moi, c’est l’Algérie»

    C’est par une journée ensoleillée du 9 juillet 1984 à Paris que le jeune Sofiane Mezraoui naît d’un père algérien originaire de la petite Kabylie et d’une mère française.
    Depuis son très jeune âge déjà, le jeune Sofiane commence à taper dans le ballon. Comme tous les enfants du quartier d’ailleurs, il joue dans sa cité de résidence, ce qui explique sa technicité.
    «Généralement, les jeunes garçons qui habitent Paris apprennent à jouer au ballon dans une école de football du fait qu’on ne joue pas au ballon dans les rues parisiennes. Je pense que j’ai eu réellement de la chance en habitant une cité. Ce qui m’a permis en premier lieu d’apprendre le football dans la rue qui est, de l’avis de tout le monde, la meilleure école pour un joueur. C’est dans la cité que j’ai appris le dribble et d’autres astuces en évoluant dans des espaces étroits. J’ai le football dans le sang. D’ailleurs, mon père me racontait que lorsque j’étais tout petit, je laissais tous mes jouets pour aller taper dans un ballon. Par la suite, mes parents m’ont inscrit à l’école de la Courneuve, en région parisienne, où j’ai connu un nouveau monde du football. Par la suite, je suis parti à Sedan où j’ai fait toutes mes classes dans l’équipe locale avant de rentrer chez moi.»

    Il revient à Paris pour être près de sa mère
    Etant un élément brillant à l’école de Sedan, la carrière de Mezraoui aurait pris une autre dimension s’il avait décroché un contrat professionnel avec les formations françaises les plus prestigieuses. Cependant, son retour à Paris pour des raisons familiales a freiné son élan. C’est ainsi que Mezraoui jouera dans des clubs de la région parisienne.
    «Je ne regrette rien car je devais rentrer à Paris pour être près de ma mère qui rencontrait certains problèmes. Mon attachement à la famille et l’éducation que j’ai reçue ne me permettaient pas de fuir mes engagements, même s’il s’agissait d’un tournant décisif dans ma carrière sportive. Seulement, je n’ai jamais oublié mes origines algériennes et les valeurs de l’Islam. C’est pour ces raisons que j’ai assumé pleinement mes responsabilité.»

    Ce qu’ont vécu Saïfi et Ghazi lors du Ramadhan l’a affecté
    Comme toute la communauté musulmane vivant en Occident, les évènements du 11 septembre ont donné une autre image des musulmans dans le monde. Le jeune Sofiane n’est pas resté insensible à ce nouveau regard de l’Occident envers les musulmans. D’ailleurs, avant, Mezraoui, qui est connu pour son attachement à l’Islam, a toujours souhaité avoir un mode de vie conforme à son éducation. Ce sont là les véritables raisons qui ont poussé le jeune Mezraoui à vouloir jouer en Algérie. Et les contacts établis par ses proches avec le Mouloudia lui ont permis de réaliser son vœu.


    Saïfi et Ghazi, on s’en souvient, ont connu des problèmes avec leur club à cause du Ramadhan. Mezraoui n’a pu  rester insensible à cette situation, car il estime qu’un club n’a pas le droit d’interdire à un joueur de jeûner, même le jour du match.
    «Ce n’est pas seulement Ghazi et Saïfi qui ont rencontré ce genre de problème, il y a d’autres joueurs qui étaient confrontés à la même situation. Seulement, leur cas a été médiatisé. Personnellement, je n’aurais jamais accepté de rompre le jeûne le jour du match. C’est ce genre de problème qui m’a poussé à vouloir venir en Algérie. Comme je vous l’ai déjà annoncé, j’ai choisi de quitter la France pour mes convictions religieuses.»

    Il vit avec ses grands-parents au Cadix
    C’est ainsi que Mezraoui a atterri à Alger pour tenter une nouvelle expérience. Il vit à Alger-centre avec ses grands-parents. Il se sent chez lui, que ce soit avec le groupe ou dans sa vie de tous les jours.
    «Dieu merci, je me sens bien ici en Algérie. Au club, j’ai été chaleureusement accueilli, et ce dès le premier jour. Ce qui m’a aidé à montrer de quoi je suis capable sur le terrain et réussir mes tests. Depuis ce jour, je me suis senti dans mon élément. Au fur et à mesure, les choses sont devenues plus facile pour moi. Même ici à Norcia, je me sens bien et je travaille d’arrache-pied pour gagner ma place. Ce nouveau train de vie que je mène depuis que je suis en Algérie m’aidera sans aucun doute à retrouver tous mes moyens et de relancer ma carrière. Actuellement, je vis avec mes grands-parents à Alger-centre, exactement au Cadix, un quartier populaire. Mes grands-parents sont originaires de la petite Kabylie. Je passe beaucoup de temps avec eux. Je n’ai jamais visité la petite Kabylie, mais je ferai à la première occasion. En somme, ma nouvelle vie me convient.»

    Les Usmistes lui demandent de mal jouer face à leur équipe
    Cependant, Mezraoui habite un quartier réputé un fief de l’USMA. Malgré  le fait qu’il vient d’emménager, il a noué tout de même noué de bons rapports avec les Usmistes. C’est ainsi qu’il fera connaissance avec le derby.
    «Je suis nouveau dans le quartier et c’est ma nature de me faire discret. Cela ne m’a pas empêché de me faire des amis, dont des usmistes qui m’ont demandé de ne pas me donner à fond face à leur équipe. C’est là que je fais la connaissance de la rivalité qui existe entre les deux équipes, même si on m’a beaucoup parlé de ce derby. J’espère que j’aurai l’occasion de le voir sur le terrain. En suivant la finale de la coupe d’Algérie sur écran, j’ai été impressionné par l’ambiance qui y a régné. C’est vraiment un plaisir de jouer devant une telle galerie.»

    Il n’est pas matinal
    Cependant, Mezraoui, depuis qu’il est en Algérie, a changé ses habitudes. Il aime faire la grâce matinée.
    «Actuellement, après une grâce matinée, je fais un petit tour dehors. Je sais que les choses seront différentes après, une fois que les entraînements commenceront. Je dois me lever tôt pour me rendre au stade. Ici, à Norcia, on se lève tôt pour entamer la première séance d’entraînement. A mon réveil, la première chose que je fais, c’est ma prière. Mes devoirs religieux sont sacré pour moi.»

    Voir les amis ça fait toujours du bien
    D’autre part, Mezraoui profitait de son temps libre pour rendre visite à la famille et à des amis, avant l’entraînement de l’après-midi.
    «Mes journées étaient partagées entre la maison et mes amis. A l’entraînement, je fais le vide pour me concentrer uniquement sur mon travail. Par la suite, je rentre chez moi pour me reposer, car j’accorde une grande importance à la récupération. Dieu merci, je ne ne me sent pas dépaysé. Entre mes amis et mes cousins, ma journée est bien remplie. Après ce stage de préparation, je sais que je dois réorganiser ma vie. Pour être à l’écoute de l’actualité sportive, je regarde  la télé notamment les émissions sportives d’Al Jazeera et de Canal+. C’est de cette façon que je gère mon temps.»

    Il trouve Bouguèche et Babouche sympas
    Tout le monde au Mouloudia vous dira que Bouguèche et Babouche sont de bons pratiquants. Mezraoui les trouve sympathiques et plein de qualités que ce soit sur le plan professionnel ou humain.
    «Il n’y a pas seulement Bouguèche et Babouche qui sont pratiquants, mais on peut dire qu’ils sont un peu plus pratiquants que les autres. J’ai découvert chez eux de grandes qualités humaines. Ils me prodiguent des conseils. J’entretiens aussi de bons rapports avec les autres joueurs, il y a un respect entre nous.»

    L’Algérie est sacrée  pour lui
    Même s’il veut réussir au Mouloudia et relancer sa carrière pour repartir un jour en Europe, il n’en demeure pas moins que le bled reste sacré pour Mezraoui.
    «Il est tout à fait logique que je cherche à progresser et relancer ma carrière pour décrocher un contrat professionnel avec un bon club en Europe. Si je ne repars pas en France ou dans un autre pays, cela ne me dérangera nullement, car l’Algérie est mon chez-moi. Je suis algérien et il est tout à fait logique que même étant à Paris j’ai ce penchant pour le bled dont je ne me suis jamais coupé.»
    Ainsi donc, pour Mezraoui, c’est au Mouloudia qu’il veut donner un nouveau sens à sa vie professionnelle et quotidienne. Tout en ayant les yeux rivés sur l’horizon.
    Reportage réalisé à Norcia par Kamal Manane


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