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Bachi Zoubir raconte le Mouloudia
Témoignage sur l’histoire du Mouloudia d’Alger
Grandeur et décadence, ou la marche tourmentée du doyen
A- Le Mouloudia Club d’Alger pendant la période coloniale
Créé en 1921 par un groupe de jeunes adolescents algériens, ulcérés par le mépris et leur mise à l’écart du sport par l’occupant français, avec à leur tête Abderrahmane Aouf âgé alors de 17 ans, le Mouloudia Club d’Alger est la première association sportive musulmane composée exclusivement de ceux qu’on appelait à l’époque «Les Indigènes».
Très vite, les Algériens se sont identifiés à cette association, doyen des clubs sportifs et école du nationalisme et du militantisme ; le Mouloudia trouve aisément sa place dans le mouvement national qui luttait pour le recouvrement de sa dignité.
Avec sa dimension sportive, culturelle, sociale et politique, il a participé à la formation de beaucoup de militants de la cause nationale, parmi eux, je citerai Bouras, Ferhani, Bouhired, Bourkika et tant d’autres. Par la suite, plusieurs générations d’athlètes, toutes disciplines confondues, ont adhéré et rejoint la lutte armée. Beaucoup d’entre eux tombèrent au champ d’honneur.
«Gloire à nos martyrs !»
Dans le sillage du MC Alger, d’autres associations sportives musulmanes furent créées dans d’autres villes d’Algérie, et notamment le CSC à Constantine, l’USMO à Oran, la JSK à Tizi Ouzou, l’USMBA à Bel Abbès, l’USMB à Blida, le Mouloudia de Cherchell (dont toute l’équipe tomba au champ d’honneur), l’USMA et le NAHD à Alger et biens d’autres.
Cette nouvelle situation dans l’organisation du sport a inquiété le pouvoir colonial qui voyait dans ces nouveaux clubs une menace à l’ordre établi. L’administration de l’époque a donc obligé les clubs musulmans à aligner un minimum de quatre joueurs d’origine européenne dans les équipes premières afin de casser l’élan de propagation du sentiment nationaliste en leur sein. Ceci n’a pas empêché le MCA à prendre part et rivaliser avec les meilleurs clubs français de l’époque, tels que le Galia, l’ASSE, l’OHD et bien d’autres.
Le 12 mars 1956, suite aux graves incidents survenus lors du match qui a opposé le MCA à l’ASSE (score 1-1) et qui s’est transformé en affrontements violents entre les CRS et les supporters du Mouloudia à l’extérieur du stade de St-Eugène (Bologhine aujourd’hui) et qui a porté la voix de l’ Algérie combattante parmi les manifestants, les responsables du club ont pris la décision d’arrêter la participation du Mouloudia d’Alger, toutes disciplines confondues, de toutes compétitions sportives en Algérie.
Cette décision répondait également à la demande expresse du Front de libération nationale (FLN) dans le cadre de la lutte armée pour l’indépendance de l’Algérie.
A noter que malgré toutes les difficultés et problèmes que rencontrait le Mouloudia pendant cette période coloniale, le club a toujours gardé et maintenu une stabilité sans faille de 1921 à 1956 (date de son retrait de la compétition) ; en effet, pendant ces 35 années, pas plus de 5 présidents se sont succédé a la tête du MCA.
Il s’agit de Messieurs Aouf Abderrahmane, Kasbadji Mahieddine, Bensiame Mahmoud, Tiar Mohamed et Benhabyles Abdallah, tous issus de grandes familles de notables d’Algerie ; quant à la section football, elle était entre les mains des deux infatigables militants du club que furent Derriche Braham, président de la section football et Djazouli Mouloud, secrétaire.
B- Le Mouloudia Club d’Alger, de l’indépendance à la réforme sportive de 1977
* De 1962 à 1970
En 1962, le MCA a retrouvé la compétition sportive, avec les mêmes responsables du club, à savoir pour le football, Messieurs Derriche et Djazouli, sous la présidence du Dr Benhabylès.
Durant ces premières années post-indépendance, le club a eu beaucoup de difficultés à s’imposer au plus haut niveau compte tenu d’un effectif vieillissant, de joueurs éprouvés par les longues années de guerre, à l’image de Omar Hahad et bien d’autres. Les résultats n’ont pas été à la hauteur du prestige du Mouloudia d’Alger et il a été décidé de rajeunir l’effectif seniors par l’incorporation des jeunes «pousses» dont le talent naissant augurait un avenir meilleur pour les prochaines saisons.
Cette décision, et une nouvelle politique managériale a permis au MC Alger de dominer à partir de 1970 le football algérien, succédant ainsi au CR Belcourt, équipe qui a dominé le championnat de 1965 à 1971.
*De 1970 à 1977 (année de la réforme sportive)
En conservant son statut initial d’association sportive civile, dirigée et gérée par des bénévoles complètement dévoués et son caractère de club populaire adulé et porté par des milliers de supporters à travers tout le pays, le Mouloudia Club d’Alger, présidé à cette époque par M. Balamane et son bureau composé de fidèles dirigeants, parmi les plus dévoués, Hassina Youcef, Boualem Kheddache, dit «Tapioka», Maloufi Abderrahmane, le Dr Benmerabet et bien d’autres. La saison 70/71 a vu la consécration de cette nouvelle politique de rajeunissement de l’équipe, qui a ainsi remporté son premier titre post-indépendance : la coupe d’Algérie, édition 71.
En 1974, la présidence de la section football a été confiée à Abdelkader Drif qui apporta avec lui une grande bouffée d’oxygène, qui s’avéra salutaire pour le club, puisque c’est sous sa bonne gestion que le club atteignit le toit de l’Afrique.
Il est à noter que la période de 70 à 76, le MCA remporta 9 titres dont 3 championnats d’Algérie, 3 coupes d’Algérie, 2 coupes maghrébines et 1 Coupe d’Afrique des clubs champions, avec à la clé, en 1976, un triplé historique jamais égalé à ce jour (championnat et coupe d’Algérie et une Coupe d’Afrique des clubs champions).
Ce fut pour moi un immense honneur d’avoir porté les couleurs de ce prestigieux club et je garde en moi une immense fierté d’avoir fait partie de cette glorieuse équipe et d’en avoir été le capitaine sur les terrains d’Afrique et d’Europe. Pourquoi l’Europe, me diriez-vous ?
Tout simplement parce que le Mouloudia a eu l’immense privilège de représenter l’Afrique, sur invitation du grand Real de Madrid, à l’occasion de la célébration du 75eanniversaire de sa création. Ce tournoi intercontinental a regroupé :
– Le Real de Madrid, organisateur et représentant l’Europe.
– L’Argentine, future championne du monde 1978, représentant l’Amérique du Sud.
– L’Iran, champion d’Asie et qualifié à la Coupe du monde de 1978.– Le Mouloudia d’Alger, représentant le continent africain.
Ce tournoi a été malheureusement totalement occulté par les médias nationaux ; en effet, aucun journaliste de la presse écrite ou audiovisuelle n’a jugé utile de se déplacer à Madrid pour assurer la couverture médiatique de cet événement historique qui aurait dû faire la fierté de notre pays. Ce tournoi a été tout simplement boycotté par les décideurs politiques de l’époque.
Cela présageait, en fait, de la réforme qui était en préparation, et qui a étatisé le sport en Algérie. En effet, en juin 1977, soit deux mois après le tournoi de Madrid, un décret présidentiel définissait une nouvelle organisation sportive en Algérie. Il a ainsi été décidé de mettre les associations sportives civiles sous la tutelle de l’Etat.
En d’autres termes, le pouvoir politique de l’époque a mis en place une nationalisation des clubs sportifs en mettant fin à leur nature civile et populaire. Et c’est ainsi que le MCA, doyen des clubs, a été mis sous tutelle administrative de la plus grande entreprise du pays, à savoir Sonatrach.
Ce mariage forcé avait suscité chez les Mouloudéens des appréciations diverses, partagés qu’ils étaient entre la caporalisation par l’Etat de leur club symbole avec sa riche histoire et son passé glorieux, et l’espoir de le voir passer à une étape supérieure grâce aux moyens financiers de Sonatrach et rejoindre ainsi le gotha des grands clubs professionnels de par le monde.
Hélas, le doute puis la déception se sont vite installés dans les esprits de tous les amoureux du MCA et particulièrement les supporters de l’équipe de football.
En effet, les résultats de cette réforme ont été désastreux pour le club, car hormis les 2 titres acquis dans la continuité de l’équipe déjà en place avant la réforme, le Mouloudia a perdu son titre de champion d’Afrique et son standing de club phare d’Algérie. Il a connu la désaffection et le désamour de son fidèle public, et a entamé sa descente aux enfers.
D- Les causes ayant été à l’origine de la décadence
1}– Sonatrach, lors de la prise de possession du MCA, a voulu immédiatement procéder au changement du nom et des couleurs du club. Cela a tout de suite déclenché un mouvement de protestation qui s’est traduit par une grève des joueurs de l’équipe seniors. Ces derniers ont refusé de reprendre les entraînements pour entamer la saison 1977/78 et ont revendiqué le maintien de l’appellation historique «Mouloudia» ainsi que les couleurs vert et rouge emblématiques.
Il était évident que le pouvoir de l’époque a tenté de réduire la notoriété du Mouloudia d’Alger en s’attaquant à ce symbole et à son histoire. Cette revendication a été accepté par le MJS et le MCA s’est transformé en MPA (Mouloudia pétrolier d’Alger ).
2}– Sonatrach a également refusé de prendre en charge les actifs du club, et c’est ainsi que le patrimoine mobilier et immobilier, en l’occurrence les deux Cercles de la Basse Casbah et celui de la place Emir Abdelkader n’ont pas été récupérés ; de même que les archives, les coupes, les fanions, les trophées et autres souvenirs qui n’ont pas suscité un quelconque intérêt des responsables de l’entreprise, qui ont été laissés à l’abandon et éparpillés jusqu’à leur disparition à ce jour.
L’interlocuteur de Sonatrach, Aït El hocine, le vice-président, avait déclaré à l’époque que seul l’effectif de l’équipe première allait être intégré dans l’entreprise comme salarié et que le reste du transfert ne le concernait pas.
C’est ainsi que Hamid Zouba, qui a fait un travail remarquable pendant trois années à la barre technique du Mouloudia, a reçu une notification de fin de mission, sur décision administrative du MJS qui le muta au niveau d’un autre club, alors que ce dernier avait remporté le triplé historique de 1976, avec le Mouloudia, bien sûr.
3}– Dès lors, le club a été complètement arraché de son environnement populaire et naturel. Les rencontres au début de la réforme se déroulaient dans des stades pratiquement vides, totalement désertés par le public ; les deux titres remportés la première et la deuxième années de la réforme avaient un goût amer, et aucune scène de liesse n’avait accompagné ces victoires comme les années précédentes.
Les Mouloudéens ne se sentaient plus concernés par les victoires du MPA (Mouloudia Pétroliers d’Alger). Aucune réception ni cérémonie ne fut organisée pour fêter ces titres.
En ce qui me concerne, ce fut la plus grande déception de ma carrière sportive. Fortement ébranlé par ce qui arrivait au Mouloudia d’Alger, club dans lequel j’ai grandi et connu mes plus grandes joies de footballeur, j’ai pris la décision à la fin de la saison 1978/79 de ne plus faire partie de l’effectif de l’équipe du MP Alger, car je n’éprouvais plus le plaisir et la joie de jouer dans cette nouvelle ambiance triste et dépourvue de passion.
J’ai décidé, cette même année, de terminer ma carrière footballistique dans un club professionnel belge de première division (Charleroi), en signant avec ce club un contrat de trois ans.
Malheureusement, c’était sans compter sur l’acharnement et la hogra du ministre de l’époque, Djamel Houhou, à vouloir briser à tout prix ma fin de carrière. En effet, après six mois en Belgique, où je m’étais très bien intégré, une correspondance envoyée à la Fédération belge de football par le président de la FAF, Kara Turqui, qui, sur injonction du ministre, m’interdisant d’évoluer à l’étranger.
4}- La gestion du club qui était auparavant articulée autour de la qualité, du dévouement et de la fidélité de ses dirigeants et de l’excellence des relations humaines qui y régnaient, s’est transformée en gestion bureaucratique, pratiquée par des fonctionnaires incompétents dans le domaine du sport et n’ayant aucune attache ou lien affectif avec le MCA ; le premier président du club issu de la réforme était un cadre de Sonatrach, originaire de Nédroma, M. Bouanani, un homme charmant mais totalement étranger à notre club et au sport en général. Cette situation s’est généralisée malheureusement à tous les clubs en Algérie.
5}- A tout cela s’est ajouté un fait nouveau, totalement inconnu à notre époque : c’est l’immixtion de la sphère politique dans le sport avec les injonctions et interférences du ministère de la Jeunesse et du Sport dans les affaires internes des clubs.
A titre d’exemple, je tiens à rappeler la scandaleuse décision arbitraire du ministre Djamel Houhou d’écarter de la liste des joueurs retenus par le staff technique de l’époque, MM. Naumovic et Ibrir, un certain nombre de joueurs cadres de l’équipe sous prétexte que ces derniers avaient atteint la limite d’âge requise pour la qualité d’athlète de performance arrêtée à 28 ans (les plus âgés d’entre nous étaient Bachta, 30 ans, et Bétrouni, 29 ans).
Cette décision administrative était en fait une réponse à la grève pour le maintien du nom et des couleurs, et une manière de casser la dynamique du succès du Mouloudia d’Alger. Il faut préciser que cette décision ministérielle n’a concerné que le MC Alger et aucun autre club n’a été touché par cette mesure. C’est depuis ce sabotage organisé de l’équipe que le MC Alger n’a plus jamais retrouvé son standing et la place qu’il a toujours occupée auparavant.
E- Les causes ayant été à l’origine de la transformation d’un club prestigieux en un club quelconque infiltré par des aventuriers affairistes et maffieux
Le MC Alger, de 1979 à 1994, était devenu un club quelconque, inconsistant, sans perspective de développement et qui sombrait dans l’anonymat administratif d’une grande entreprise, dont la tâche principale et ô combien importante était la gestion de nos richesses énergétiques et non pas celle du sport amateur ou de performance.
Constatant cette défaillance et ce fiasco généralisé, et après 17 années de disette, hormis une coupe d’Algérie en 1983, Sonatrach, qui a été la seule entreprise qui n’avait pas suivi les directives politiques qui consistaient au désengagement de l’Etat par le retrait des entreprises publiques du sport à partir de 1990, décide alors de créer «Promosport», une société par actions filiale de l’entreprise, chargée de travailler sur le moyen et le long terme et de créer autour du Mouloudia d’Alger une dynamique nouvelle pour que le club parvienne à générer ses propres ressources et s’autofinancer dans un cadre d’autonomie commerciale dans ses activités.
Cette société, créée en 1994 et présidée par M. Bouchouika, puis par Amar Youcef en 1995, n’a pas atteint les objectifs qu’on lui avait assignés. Ce fut encore un cuisant échec et cette SPA a été dissoute le 31-12-1998, après 4 années d’existence, sans pour autant avoir réalisé quoi que ce soit de positif pour le Mouloudia. La dissolution fut menée par son propre directeur général qui se transforma pour la circonstance en liquidateur.
En 1994 et devant cette situation préoccupante, les membres du dernier conseil d’administration d’avant-réforme et les anciens joueurs décidèrent la création d’une association dont l’objectif final était de récupérer le club, ses couleurs et son histoire.
Elle était dirigée et pilotée par MM. Rachid Marif et Abdelkader Drif, et obtint son agrément le 2 février 1997 sous le numéro 1047. «El Mouloudia» était née. Son but a été, dans un premier temps, d’œuvrer pour prendre en main la section football dans des délais raisonnables.
A cette époque, M. Marif occupait un poste important à la présidence de la République, et nous avions beaucoup d’espoir de récupérer notre club et de le voir se hisser de nouveau dans le gotha des grands clubs africains, qui nous avaient entre-temps dépassés dans le développement de leur structure de gestion.
Dès lors, de longues tractations et négociations se tinrent entre El Mouloudia, le ministère de l’Energie et Sonatrach de juin 1997 à juin 2000, qui aboutirent par la cession de la gestion de la section football à l’association El Mouloudia par Sonatrach, en désignant M. Mékirèche comme président et moi-même comme vice-président.
Le 26 août 2000, M. Mékirèche démissionna et curieusement, passant outre les dispositions du règlement intérieur, les décideurs d’El Mouloudia choisirent et installèrent Chabane Louanès comme président. Les enfants du club ont été écartés de la responsabilité et le monde des «affaires» est entré au club et il n’en est plus ressorti depuis, causant des dégâts incommensurables, dont les effets pervers sont encore présents aujourd’hui.
En juin 2001, une délégation dirigée par moi-même, accompagné de M. Azzef, le DrRachedi, M. Laggoun et en présence de MM. Yefsah et Boudina représentant le MJS, MM. Hemche, Hassani et Djouad représentant Sonatrach, un protocole d’accord nous fut proposé dans lequel Sonatrach nous accordait la gestion de la section football pour une durée de 2 années avec un budget équivalent à la saison précédente, renégociable au bout de la deuxième année, mais avec l’obligation de récupérer progressivement les anciennes disciplines du MCA d’avant la réforme de 1977.
Pour ma part, après mûre réflexion, j’ai estimé que ce protocole d’accord était un marché de dupes car ne permettant pas une sécurité financière suffisante pour assurer la pérennité du club, d’autant plus que Sonatrach, pendant les négociations, a catégoriquement refusé de doter le club d’une infrastructure sportive ou au moins d’un terrain de football où serait domicilié le club.
Je l’ai donc dénoncé et refusé de le signer en l’état et j’ai également refusé la proposition d’être le futur président du MCA dans ces conditions. Le protocole d’accord fut finalement signé par le président de l’association, Mustapha Katrandji, et l’ex-ministre, Chakib Khelil.
Ce MCA new look entre les mains de l’association El Mouloudia débuta la saison sous la présidence déléguée de M. Azzef, et à la suite du décès de M. Katrandji, par l’intronisation du Dr Messaoudi assisté par MM. Tourqui et Gaceb. Elle fut marquée par des scandales liés à une gestion chaotique et l’intrusion de pseudo-dirigeants venus au club par copinage et surtout par intérêt personnel.
Elle fut également sanctionnée par la relégation du club en division inférieure. En effet, le président Messaoudi, par méconnaissance des lois du football, a commis une faute professionnelle grave en refusant de terminer la rencontre qui a opposé le MCA au CAB et en faisant quitter le terrain aux joueurs du Mouloudia à la suite d’un penalty sifflé en fin de match en faveur de Batna.
L’application de la réglementation (match perdu et défalcation d’un point) a conduit le MCA en 2e Division. La saison suivante, le MCA a retrouvé l’élite, avec Nourredine Saadi comme entraîneur, grâce à une victoire pénible et entourée de suspicion lors du dernier match contre l’équipe de Sougueur dans la ville de Tiaret.
Constatant que le duo Méssaoudi-Tourqui était incapable de sortir le Mouloudia du marasme dans lequel il était embourbé, M. Marif, nommé entre-temps ambassadeur d’Algérie à Rome, maître d’œuvre du MCA, a décidé d’installer un directoire à la tête du club, ce qui était, à mon sens, la solution la plus humiliante pour le club. Il me proposa d’en prendre la présidence lors d’une rencontre en présence de M. Azzef à Djenane El Mithak.
Fidèle à mes principes et développant une certaine allergie au phénomène de la cooptation, j’ai tout naturellement refusé. La présidence fut alors confiée à Omar Katrandji fils qui a été installé en toute illégalité.
Pour ma part, je me suis attelé à la création avec MM. Tahar Belkheiri et Braham Attar d’une nouvelle association à caractère social, culturel et sportif qui regroupait tous les Mouloudéens authentiques, qui ne se reconnaissaient plus dans l’association El Mouloudia.
Ainsi, le 16/02/2006, la fondation Braham Derriche signe son acte de naissance avec l’installation officielle de son bureau :
– Président : Zoubir Bachi ; 1er vice-président : Mokhtar Derriche ; 2e vice-président : Wahab Zenir ; secrétaire : Sid Ali Asloun ; trésorier : Anwar Bachta. Parmi les membres de cette association figuraient MM. Drif, Belkheiri, Betrouni, Bencheikh, le Dr Benmerabet et bien d’autres authentiques Mouloudéens.
Malheureusement, cette association n’a jamais pu obtenir son agrément suite à des blocages intentionnels de la part de certaines personnes malveillantes.
La fondation Braham Derriche n’a eu de cesse de dénoncer l’illégalité et le non-respect de la règlementation quant à la destitution du Dr Messaoudi sans même que ce dernier ne présenta ses bilans moral et financier et l’installation du directoire. L’élection de M. Kerkouche après le Directoire se déroula également sans passations et la gestion du club continua dans la confusion la plus totale.
Puis les événements se précipitèrent quand Sonatrach a été tenue de par la loi de restituer le sigle et les couleurs du MCA aux autorités sportives et donc aux membres encore vivants de la dernière composante du bureau du MCA de 1977. La famille mouloudéenne était alors divisée avec la présence des deux associations El Mouloudia et Braham Derriche. Sonatrach a décidé de restituer au MCA civil la section football en gardant les treize autres sections en les dénommant GSP.
Chose étrange, ce nouveau club GSP a réussi à maintenir toutes ses sections dans l’élite alors que la loi et la réglementation les obligeaient à reprendre leurs activités dans les divisions inférieures.
Après plusieurs réunions avec les autorités sportives de l’époque, notamment l’ex-ministre Djiar et le DJS, il a été décidé que la fondation Braham Dérriche soutiendrait les anciens dirigeants, avec à leur tête l’ancien président de la section football, M. Drif, pour un retour à la légitimité historique longtemps bafouée par les pouvoirs publics.
Quelle a été notre grande stupéfaction de voir, la veille de la cérémonie de restitution du sigle et des couleurs aux anciens dirigeants du MCA, Abdelkader Drif se dérober en nous annonçant qu’il a décidé de ne pas assister à ce grand événement au cours duquel devait se faire la récupération du club ainsi que la formation de la nouvelle assemblée constitutive du MCA.
Cette cérémonie de restitution de sigle s’est tenue sous la présidence de M. Djouad, sans la présence donc de la fondation Braham Derriche, et qui a entériné la restitution du Mouloudia à des dirigeants civils dont la majorité étaient des inconnus.
Les Mouloudéens sincères assistèrent à une nouvelle manipulation de Rachid Marif, principal responsable de cette mascarade, et surnommèrent cette réunion l’Assemblée de la «honte». Il faut également signaler qu’elle s’est tenue dans les locaux de la cantine des travailleurs de Sonatrach. Le faste de la grande entreprise n’étant pas réservé au doyen des clubs algériens, selon les décideurs de l’époque.
C’est lors de cette réunion que fut désigné Amrous Sadek par M. Marif comme président du Club sportif amateur (CSA) et que de nouvelles têtes apparurent, et notamment celle de Omar Ghrib. A partir de ce jour, Omar Ghrib, de manière insidieuse, s’est accaparé du Mouloudia, car au sein de la nouvelle composante il était le seul à détenir le nerf de la guerre, c’est-à-dire l’argent.
Mais quel argent ? De quelle provenance ? Qui étaient ses sponsors ? Comment s’est-il imposé numéro 1 du club ? Pourquoi les membres du bureau du CSA ont-ils accepté que M. Ghrib endette le club avec des prêts d’origine douteuse qui risquaient d’hypothéquer l’avenir du club ? La responsabilité des membres du bureau de l’époque présidé par Abdelkader Bouheraoua est entière et totale dans cette nouvelle dérive.
Début août 2010, une nouvelle réforme du football en Algérie est annoncée : l’instauration du professionnalisme. C’est ainsi que le CSA-MC Alger crée une SSPA dénommée «Le Doyen». La composante du bureau du CSA se transforma en conséquence en Conseil d’administration de la SSPA, en devenant ainsi les actionnaires à raison de dix actions d’une valeur de 100 000 DA l’action.
Pour information, ces actions ont étés achetées par un virement du CSA à la nouvelle société lors de sa constitution, ce qui est complètement illégal en vertu du code du commerce.
En date du 7-08-2010, la sspa «Le Doyen» est constituée avec comme actionnaire majoritaire : Sonatrach à hauteur de 90% des actions, et du CSA détenteur du sigle et des couleurs de 10%.
Cela a été une aubaine pour Omar Ghrib, car cela lui a permis de se faire rembourser une grande partie des dettes qu’il avait contractées alors qu’il n’était que coordinateur de la section football sous la présidence du conseil d’administration de bouheraoua Abdekader.
Il se produisit alors un événement majeur dans la vie du club, qui restera à jamais comme une tache indélébile pour l’histoire. Lors de la défaite du Mouloudia face à son rival l’USMA en finale de la coupe d’Algérie (édition de 2013), le coordinateur de la section football, le sieur Omar Ghrib, a refusé comme c’est de tradition de se présenter à la tribune présidentielle avec les joueurs et le staff afin de recevoir leur médaille. Du jamais vu dans les annales du football algérien et mondial.
Un comportement qui a été unanimement condamné par tous les Mouloudéens ainsi que tout le peuple algérien, car c’est un acte antisportif inqualifiable qui a dégradé et défiguré l’image du MCA. Ce comportement intolérable de Omar Ghrib a entraîné sa suspension à vie du MCA et du mouvement sportif national.
Trois ans après cette suspension, c’est-à-dire en 2016, cet individu est remis en selle à la surprise générale et à la faveur d’une grâce étonnamment accordée par la faf suite à une demande émanant du CSA MCA et signée par le trésorier de l’association, M. Belkhiri, sans que cette demande n’ait été traitée en assemblée générale conformément à la règlementation en vigueur.
Malgré le fait que cette demande aurait dû être rejetée car non conforme, la faf lui accorda la grâce lors de l’assemblée générale ordinaire du 15/02/2016 à l’unanimité des voix, sauf celles de Betrouni Achour (MCA) et de Réda Malek (CRB) alors que le cas Ghrib n’était même pas inscrit à l’ordre du jour de l’assemblée générale.
Un mois après cette surprenante grâce, M. Ghrib est de retour au MCA et installé à la place de Betrouni Achour sans ménagement et sans respecter les règles et procédures règlementaires alors que ce dernier avait toute la confiance du PDG de SH, M. Mazouzi. M. Ghrib reprend donc les rênes du MCA qui était, rappelons-le, déjà qualifié à la demi-finale de la coupe d’Algérie contre Tébessa, au stade du 5 Juillet, et c’est ainsi que ce dernier remporta la coupe d’Algérie 2016 contre le NAHD (voici donc le titre dont il se vante d’avoir remporté à longueur de déclarations).
C’est lors de la saison 2013, alors que M. Ghrib était coordinateur de la section football, que le PDG de Sonatrach, M. Zerguine, me proposa, en présence de M. Bedja, directeur financier, de faire partie du nouveau conseil d’administration de la SPA «Le Doyen» ; je lui répondis que j’étais honoré qu’il ait pensé à moi, mais lorsqu’il m’annonça la liste des membres composant le nouveau conseil d’administration, et vu que le nom de M. Ghrib y figurait, j’ai tout simplement décliné l’offre.
Ce n’est qu’après le fameux scandale de la finale MCA-USMA, et la suspension à vie de Omar Ghrib du mouvement sportif national que j’ai intégré le conseil d’administration, où se sont succédé, depuis le 14 juillet 2013, pas moins de huit présidents à la tête du Mouloudia, à commencer par Amrouche Kamel qui avait été vite limogé car il avait cautionné la décision scandaleuse de M. Ghrib, qui a refusé de recevoir la médaille des vaincus.
M. Amrouche a été remplacé par M. Boumella, qui lui-même a été remplacé par Yaïci Fodil qui a occupé le poste temporairement (2 mois) et contre son gré, suite au scandale qui éclata au lendemain de la victoire de la coupe d’Algérie 2016 entre M. Boumella et Kaci Saïd Kamel, alors directeur sportif. M. Hadj Taleb prit le relais en cours de saison avec un staff technique déjà en place en la personne de M. Charef.
A cette période, j’étais encore membre du conseil d’administration et suite à un désaccord quant au choix du nouvel entraîneur qui devait remplacer M. Charef, j’ai déposé ma démission de mon poste d’administrateur, car mon avis de technicien et ancien footballeur n’a pas été pris en compte ; en effet, j’étais contre le recrutement de M. Arthur George, pour la simple raison que ce dernier était trop âgé pour le poste, et surtout absent de la scène footballistique depuis plus de sept ans ; mais cela n’a pas dissuadé les responsables du club de le choisir.
Après M. Hadj Taleb, M. Raïssi prit le relais en cours de saison, au cours de laquelle le club a évité de justesse la relégation. Puis, ce fut au tour de Betrouni Achour de prendre les destinées du MCA, pas pour longtemps puisqu’il fut remplacé par M. Ghrib, grâcié sur injonction de forces occultes, comme mentionné plus haut.
Le 22 juillet 2017, une nouvelle organisation de la SPA «Le Doyen» est mise en place avec l’installation d’un nouveau poste : Un Directeur général sportif (DGS), attribué à Kaci Saïd Kamel, avec de larges prérogatives. Le poste de président du conseil d’administration étant assuré par M. Hirèche.
Ce changement n’apporta rien de positif, puisque malgré de gros efforts financiers consentis par l’entreprise mère, les résultats ne suivirent pas et c’est en toute logique que le président du conseil d’administration, M. Hirèche, procéda au limogeage de Kaci Saïd Kamel, ainsi que de l’entraîneur en chef, M. Casoni.
Le lendemain du limogeage, à la surprise générale le PDG de Sonatrach, M. Ould Kaddour déjuge son collaborateur M. Hireche et réinstalle M. Kaci Saïd à son poste de Directeur général sportif en lui accordant les pleins pouvoirs.
Le peuple du MCA, exaspéré par ce climat délétère au sein du club, ainsi que par les échecs répétitifs (élimination de toutes les compétitions) exigea le départ immédiat et sans conditions de Kamel Kaci Saïd. Ce dernier, étant acculé, nous fit appel, M. Zenir et moi-même, afin, nous disait-il, de remettre le Mouloudia entre les mains de ses enfants, d’autant plus que d’après lui, M. Ghrib était pressentit pour lui succéder.
C’est ainsi qu’en présence de Kaci Saïd Kamel, M. Zenir et moi-même avons été reçus par le PDG de Sonatrach, M. Ould Kaddour, qui nous demanda de constituer une direction collégiale, en remplacement de Kamel Kaci Saïd, rappelé à d’autres fonctions auprès de la direction générale. Une deuxième réunion s’est tenue quelques jours plus tard avec le PDG de Sonatrach et son staff, en présence de Kamel Kaci Saïd, ainsi que les membres du directoire, composé de MM. Bachi, Zenir, Benali et Longar.
C’est lors de cette fameuse réunion qui a duré plus de deux heures au cours de laquelle nous avons refusé la proposition du PDG de Sonatrach d’intégrer la direction collégiale de Omar Ghrib.
Après de longues tractations, le PDG de Sonatrach accepta notre refus d’associer M. Ghrib au niveau du directoire. Et après avoir accepté le plan d’action qui lui a été proposé, nous avons été officiellement installés par le PDG de Sonatrach pour prendre en charge les destinées du MCA.
Malheureusement, cette nouvelle responsabilité fut éphémère puisqu’à peine trois semaines après notre installation, M. Zenir et moi-même avons été convoqués chez le PDG de Sonatrach, qui nous annonça, à notre grande stupéfaction, notre fin de mission car, disait-il, une injonction venue d’en haut m’oblige à installer M. Ghrib comme nouveau Directeur général sportif du Mouloudia.
Pour moi, ce fut un choc et une grande désillusion et c’est le cœur déchiré que je constate, impuissant, que ce prestigieux club et véritable patrimoine qu’est le Mouloudia soit devenu un fonds de commerce entre les mains d’aventuriers de la pire espèce.
Je ne terminerai pas sans dire à la fin de ce témoignage la responsabilité entière et totale de l’Etat et de son système politique rentier quant à la décadence et la dérive du MCA en particulier, et du mouvement sportif national en général tant le constat d’échec est évident, pour preuve, la situation désastreuse actuelle du sport en général et du football en particulier.
Quant à moi, je me suis toujours battu et je continuerai à me battre pour défendre les valeurs fondamentales du Mouloudia, à savoir la loyauté, la fidélité, l’humilité, l’intégrité et l’éthique sportive que nous ont enseignées, inculquées et transmises les membres fondateurs du club que furent Messieurs Abderrahmane Aouf, Braham Derriche, Mouloud Djazouli et Ahmed Djaout et autres patriotes et militants de notre glorieux Mouloudia.
Que Dieu ait leur âme.
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