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Le MCA un club à part
LE MCA DOIT-IL VIVRE ÉTERNELLEMENT SOUS L'EMPRISE DES CRISES ET DES DISSENSIONS ?
Le Doyen victime de ses enfantsLe Mouloudia dAlger est un club à part. Sa vie est rythmée par les résultats de son équipe première. Cest aussi une entité où la nostalgie est toujours dactualité. Une vertu qui a fait oublier à tous que ce club-flambeau a été créé dans la douleur et a vécu dans la douleur.
Depuis le Mouloudia civil en passant par le parrainage de la firme pétrolière Sonatrach jusquau retour aux sources incarné par lémergence dune association formée de membres hétérocentriques dont le souci de reprendre le pouvoir a débordé sur la philosophie incarnée par les fondateurs du Mouloudia quétaient les Derriche, Aouf, Djazouli et tous les autres. La suite, comme le passage à la Sonatrach, nétait que succession de naufrages et dhumiliations. Faut-il pour autant dire que le MCA et son corollaire El Mouloudia sont morts de leur plus belle mort, comme le dit si haut un certain Abdelkader Drif que la mémoire collective a anobli pour le titre continental de 1976. Une date symbole qui fait rêver les éternels rêveurs dune certaine hégémonie brutalement interrompue à la fin des années 1970. Les Vert et Rouge, couleurs despoir et de sacrifice, ont depuis fondu dans loubli. Un titre national après vingt ans de vaches maigres et deux trophées nationaux en 23 ans de navigation à vue ont rallumé la flamme sans pour autant éteindre les feux de la fitna. Les historiques voulaient se reprendre un beau rôle et les parrains des 25 ans de disette aussi. Le peuple du Mouloudia, lui, était perdu dans les promesses dun passé à reconquérir. Divisé, il (le peuple du Mouloudia, ndlr) participera sans le savoir, vouloir et pouvoir à la désertification, pis la mortification, des attributs sur lesquels le Mouloudia a fondé sa gloire. A chaque échec, même devant plus fort, cest le branle- bas de combat. Tout le monde en veut à tout le monde. La dernière contreperformance de léquipe au Nigeria, où le football est devenu une seconde religion en plus dêtre une affaire dEtat, a ouvert cette plaie à peine recousue en juin dernier et le trophée national arraché aux voisins de lUSM Alger. Le mauvais scénario vécu à Ilorin face au Kwara Utd, certes inconnu au bataillon dabord au Nigeria puis sur la scène continentale, a été une douleur de plus dans les esprits chagrinés des Mouloudéens. Traités de bleus, de naïfs et de toute sorte de formes dincompétences les membres du directoire et leurs collaborateurs de la section ont essuyé, pardessus tout, dacerbes critiques aussi bien de la presse qui, prosternons-le, ne sait pas plus de ses expéditions africaines que les sportifs eux-mêmes que de la part dune frange dex-joueurs et dex-dirigeants qui avaient, à un moment ou un autre de lhistoire noire du club, péché et subi le châtiment exemplaire.
Si Boumediene savait
Comparer le Mouloudia des années 1970 à celui daujourdhui est un exercice lamentable pour la simple raison que les ressources, humaines surtout, de cette époque avec celle où lEtat était une providence ne sont plus les mêmes. Aujourdhui, les Betrouni, Bachi, Bencheikh, Kaoua, Bousri, Bachta, Mahyouz, Zenir, Maloufi, feu Aouedj, Chikh, et dautres encore ne courent plus les rues. Celles dAlger notamment. Le Mouloudia nouveau est un patchwork dont la raison dexister nest pas celle qui faisait vivre le doyen. Le MCA ne compte plus sur ses enfants. Il recrute dans différents horizons et à différentes échelles (même les jeunes catégories font leurs emplettes ailleurs). A qui la faute ? Aux dirigeants actuels de léquipe (pas question de parler actuellement de club), à ceux qui les ont précédés ou tout simplement à ce même Etat- Providence qui a préféré couper les vivres au mauvais moment ? Le Mouloudia na plus de stade, est-ce la faute à ses dirigeants passés et présents ? Peut-être. Car, pour espérer diriger, il faut savoir gérer. Et la gestion veut que le personnel navigant fasse preuve dun minimum de perspective. Les responsables de lassociation El Mouloudia le savaient. Eux qui ont hérité de la Sonatrach une simple enveloppe à encaisser à chaque début de saison, pas plus. La Sonatrach na laissé aucun patrimoine. Il lui fallait au moins restituer les avoirs mobiliers et immobiliers de lavant-réforme sportive. Le stade Bologhine a été cédé à lUSMA et le cercle de Bab- Azzoun à des particuliers. Que restait-il aux Mouloudéens devenus un SDF. Et forcément le club devient bâtard. Na-t-on pas entendu et lu que certaines gens voulaient devenir président du MCA moyennant une misérable contribution puisée des caisses de lEtat ? Le Mouloudia, que le système a tout le temps sollicité pour trouver une porte de secours, est-il devenu si insignifiant que son déplacement au Nigeria nécessite lintervention personnelle dun ministre et ce, à quelques heures du départ ? Comment penser autrement quand on saperçoit quun DG dun office (celui de lOCO dont dépend le stade du 5-Juillet) ose - systématiquement - empêcher le doyen des clubs algériens à recevoir ses hôtes sur une pelouse à chaque fois indisposée quand il sagit de subir les crampons de Hadj Bouguèche, Younès et les leurs. Et pourtant ! Au lendemain de son titre continental face aux Guinéens de Hafia Conakry de Chérif Souleymane et Petit Sorri (qui avaient corrigé le Mouloudia chez eux par 3-0, avec un arbitrage scandaleux qui accordera un but inscrit de la main et procédera à lexpulsion injuste de Ali Bencheikh), le défunt président Houari Boumediène avait décrété que le temple olympique soit cédé à lEN et au MCA. Trente ans plus tard, le Doyen na rien, ne sait plus sur quel pied danser. Un monument en carton-pâte.
M.B.
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