-
MCA un conte de fée
Histoire et légende
LE MOULOUDIA D'ALGER
UN CONTE DE FÉE
Doyen des clubs de football algérien,le Mouloudia aura réussi à nous "faire vivre" pendant la nuit coloniale et à nous faire rêver depuis l'indépendance.Ce rêve a les couleurs "vert et rouge" de l'emblème national.
Des hauteurs d'Alger au rivage de Bab-El-Oued,les murs ont de tout temps vu s'inscrire sur leur frontons,les trois lettres magiques qui ont fait vibrer plus d'un.
Évoquer le Mouloudia,c'est à coup sûr s'offrir une forte dose d'émotion.Et comment peut-il en être autrement sachant que l'histoire de ce club si cher à nos parents et grands-parents,constitue un jalon essentiel dans la longue existence du mouvement sportif Algérien.Une histoire qui ne peut rimer qu'avec gloire.
Ainsi donc,par un jour choisi,le jour du Mouloud du mois d'Août de l'an 1921,le pari impossible venait d'être tenu.Les Algériens,jeunes et moins jeunes possédaient enfin l'objet inespéré d'une passion considérable jusque-là comme la chasse gardée des colons.
"Si tu veux faire du sport,participe avec le Mouloudia,notre club est le plus fort dans toute l'Afrique du nord".Un refrain immortalisé qui porta la nouvelle aux quatre coins du pays.Et le Mouloudia pénétra dans le coeur de l'Algérie et celui de ses enfants.Partis avec des moyens de fortune,les Mouloudéens accomplirent des exploits face aux équipes européennes,comme le GALIA ou l'ASSE...Ce qui était perçu comme un outrage par l'administration coloniale fortement irritée de cette intrusion.Mais le plus enrageant pour elle,c'était de voir les joueurs du Mouloudia porter les couleurs bannis du drapeau Algérien.Le vert et le rouge.Et c'est ainsi que des difficultés et des obstacles de tous genres furent employés pour empêcher le Mouloudia de continuer.Des injustices qui amenèrent le Mouloudia a lutter pour les mêmes valeurs qui furent celle du grand djihad du peuple Algérien.Ainsi commençait la légende des héros,qu'hommage leur soit rendu.
A l'indépendance,nous retrouvons,le MCA dans le carré des équipes demi finaliste du critérium organiser pour décerner le titre du premier championnat national de football de l'Algérie libre.C'était l'époque de Hahad,Mazari,Senane,Boubekeur,Oualiken....Dans ce tournoi,le jeune voisin de soustara l'USMA,allait faire subir au doyen un double revers qui restera longtemps en travers de la gorge de très ,très nombreux supporters du vieux club algérois.Et,ces débats ô combien passionnants et passionnés créèrent un certain esprit de revanche au goût particulier qui allait,désormais,hanter tour à tour les deux camps se perpétuant même jusqu'à nos jours.La légende des "frères ennemis" était née.Avec elle,c'était aussi le football algérien qui s'illuminait avec des compétitions de plus en plus animées.A cet épisode de la vie du Mouloudia,il nous faut bien faire mention des malheureux événements à la suite desquels une "mystérieuse" sentence frappa le Mouloudia alors qu'il se trouvait en route pour goûter à un premier sacre qui lui semblait tout destiné.Sans rendre de jugement ni chercher à dire qui fut responsable dans l'envahissement du terrain lors du mémorable MCA/MCO joué au stade du 20 Août (ex municipal), on doit bien reconnaître que "suspension du MCA de toutes compétitions jusqu'à audition" est une bien curieuse sanction comme l'a relaté Haj Kadri un ancien dirigeant.Ce qui fit que le Mouloudia perdait ses matches sans les jouer et de ce fait ne put éviter la dégringolade.
Donc.après l'échec au critérium,les dirigeants du Mouloudia n'étaient pas restés les bras croisés.ils avaient tout de suite cherché à étoffer leur équipe et auraient bien pu réussir dans leur tâche n'était-ce ce coup de sort inattendu.C'était le temps des Aouadj,Zerga,Bouras....Il était évident que les dirigeants caressaient le rêve secret d'une certaine grandeur pour leur club.Une race de dirigeants qui ne fait pas légion,particulièrement de nos jours.Mais tant qu'il y aura des hommes...
Pour concrétiser leurs aspirations,ils ne lésinèrent sur aucun moyen allant jusqu'à faire appel à des joueurs professionnels comme Djebaili et Amara parmi d'autres.De même qu'un entraîneur de renommée mondial fut sollicité.Qui a oublié Lucien Leduc.Mais rien n'y fit,le Mouloudia plaisait mais n'arrivait pas à s'imposer parvenant maintes fois jusqu'à la source sans jamais boire.C'est alors ,qu'un changement sensible s'opéra dans la démarche suivie jusque-là.On assistait, en effet,petit à petit à l'éclosion de jeunes talents issus du réservoir.Un à un,ses éléments appelés familièrement "enfants du club" prenaient leurs places le plus naturellement du monde au sein de l'équipe première.C'était l'émergence de la nouvelle vague mouloudéenne, les Berkani,Bachi,Betrouni,Maloufi....Une jeunesse que les vieux supporters du MCA couvaient d'un amour plein de paternalisme voyant en elle un gage pour une future réalisation d'une vieille promesse,aussi vieille que le Mouloudia.Et le travail des dirigeants se poursuivaient inlassablement.Un travail d'orfèvre qu'on pourrait sentir à travers les recrutements qui se faisaient plus rarement mais avec un raffinement certain.Tous les joueurs qui furent engagés,s'intégrèrent spontanément au groupe devant des supporters ravis.Il y eut les Mesbah,Azzouz,Bachta,Draoui...Et nous citerons aussi avec beaucoup de peine et de douleur les regrettés Amrous Tayeb et AIT Hamouda Abdelkader qui nous laissèrent sur notre faim.
La nouvelle politique du club allait enfin porter ses fruits.Et nous pensons aujourd'hui à la joie qui fut celle des mouloudéens joueurs,dirigeants et supporters lors de leur premier titre officiel remporté en 1971 une coupe d'Algérie de football face à l'USMA.Le mauvais sort venait d'être brisé avec un art et une manière qui en disaient long sur les lendemains radieux qui attendaient le MCA.
La suite fut une rêve ou les succès succédaient aux succès,un rêve ou un délire exquis s'empare du Mouloudia et de tout son entourage.C'était la naissance de la légende des lutins.L'histoire d'une groupe de "compères" qui allaient écrire une page d'or de la vie du Mouloudia en l'emmenant au sommet du football Africain.Premier tire continental 1976 pour l'Algérie.premier club à le réaliser.
Il ne fait aucun doute que Smail Khabatou,éprouva une satisfaction immense en voyant mûrir sous ses yeux les fruits d'un long travail de recherche,de préparation et de patience.les meilleurs récoltes s'effectuaient en plein coeur des années soixante dix.Des étoiles naissaient.Une équipe se formait.Le Mouloudia se portait merveilleusement bien.En 1976,l'évolution de ses joueurs sur le terrain tournait carrément à l'exhibition.Les gradins du stade du 5 juillet ne désemplissaient point pour chanter les louanges de ce Mouloudia là qui forçait respect et admiration.D'Ait-Mouhoub à Draoui tous les joueurs semblaient être faits pour évoluer ensemble.Une réelle harmonie régnait au sein de l'armada mouloudéenne qui paraissaient toujours en mesure de faire la décision quand bon lui semblait.Il suffisait d'une "sorcellerie" de Alilou (un nom longtemps repris en choeur du coté du flambeau), d'un coup de magie du maestro Bachi, d'une échappée de omar Betrouni, d'une pichenette de Draoui ou d'un coup de tête de Bousri et le tour était joué.Qui ne se rappel pas du phénomène du dernier quart d'heure?Quand les points lumineux du tableau du stade du 5 juillet atteignaient la limite de la 75ème minute,c'était le signal pour la machine qui se mettait en branle pour broyer un adversaire qui croyait jusque-là tenir le bon bout d'un avantageux zéro à zéro.A cette époque les journaux titraient "LE MCA IRRÉSISTIBLE", "LE MOULOUDIA IMPÉRIAL" ou encore "QUI ARRÊTERA LE MOULOUDIA".Et la réponse fut donné par l'introduction de la réforme sportive en Algérie qui a eu pour effet immédiat de stopper net et avec beaucoup de douleur l'élan des "vert et rouge".
Pour la morale,nous dirons tout simplement que: "Un coup de sort a été plus fort que la loi du sport".
Mardi 12 Novembre 1991 dans "match"
M.RABER
-
Commentaires