• TAHIR Hassen

    Le mois de Ramadhan

    Mai 2018 

     


    Tahir Hassen 



    "Un technicien hors pair"


    Tahir Hassen avait cette particularité d’avoir été un joueur qui utilisait les deux pieds pour jouer au football (style brésilien).
    Il était gaucher et droitier en même temps, balle au pied, il pratiquait un football «khmadj» au point où les défenseurs adverses avaient peur de l’affronter face à face. La force footballistique de Tahir Hassen était la pratique des «petits ponts» les feintes de corps et le dribble, une spécialité qu’il employait souvent afin de déstabiliser l’adversaire et lui faire perdre tout son sang froid.

     Attouga, le grand gardien tunisien, faisait trembler l’Equipe nationale algérienne à chaque confrontation algéro-tunisienne, il disait à l’époque que les Algériens avaient du sang chaud, il suffisait de savoir les énerver et tout le reste était facile. Tahir Hassen connaissait bien le tempérament de Attouga et lors d’une rencontre MCA-Club Africain  en coupe maghrébine (finale de 1971 au stade municipal de ruisseaux), il sut mettre fin à cette situation en inscrivant un but d’anthologie que la mémoire collective s’en rappellera toujours. Tahir Hassen en fit voir de toutes les couleurs au gardien de but tunisien jusqu’au point où il arriva à l’énerver, le faisant tomber dans son propre piège. Il était rare qu’un joueur de football d’une aussi grande taille pouvait être un fin technicien comme Tahir Hassen ne l’a été. Il avait de la classe et des qualités admirables.

     La question reste posée : pourquoi ce talentueux joueur qui était l’idole du grand mouloudia d’Alger s’est-il arrêté de jouer au football alors qu’il pouvait encore donner de belles années ? Pur produit de l’OM Saint-Eugène avec les Tchalabi et Cheikh, il signa une licence avec le MCA au côté des Aouadj zoubir, Maloufi, Amrous Tayeb et autres.

     

    TAHIR Hassen

     

    Les spectateurs se souviennent encore de lui avec sa démarche nonchalante. Ils lui ont toujours accordé une ovation grandiose lors des rencontres de football surtout lorsqu’il s’agissait de derby algérois (MCA-USMA, MCA-CRB et MCA-RCK). Avec lui, le MCA est conscient qu’il assiste à la naissance d’une grande équipe avec de grands joueurs. Le Mouloudia club d’Alger revient au football et les derbies algérois attirent la grande foule. Technicien hors-pair et buteur en même temps, doté d’un sang froid incroyable dans la surface de réparation, il produisait du football spectacle. Tahir Hassen ne pourra jamais oublier la rencontre MCA-JS Djidjelli (Ennemra) «surnom donné au club local de jijel» où en face, il avait affaire à une grande muraille composée des Lehtihet et du célèbre gardien portugais, Carlos Gomez, il n’arriva pas à percer la défense jijilienne. Pendant 90 minutes, le MCA domina la partie mais c’était sans compter sur la bravoure et le courage de la JSD. Toutes les recettes tactiques ont été appliquées par les mouloudéens à l’image de Aouadj Zoubir et Tahir Hassen, rien ne changera le cours de la partie le score restera vierge.




    Tahir Hassen a pris une retraite anticipée qui, jusqu’à l’heure actuelle, n’est pas comprise par les fans algériens, une sortie prématurée du monde du football inexplicable.

    Tahir Hassen a séduit par son talent et son sens de but. International plusieurs fois, il dut se retirer de l’Equipe nationale algérienne pour des raisons personnelles, il refusait les stages. Tahir Hassen remporta une Coupe d’Algérie en 1971, une coupe maghrébine 1971 et un Championnat national (1972) sous la direction du regretté, Ali Benfeddah. Une chose est sûre et il faut l’avouer, le MCA n’est pas arrivé à trouver son remplaçant jusqu’à l’heure actuelle.

    Tahir Hassen a séduit par son talent et son sens de but. International plusieurs fois, il dut se retirer de l’Equipe nationale algérienne pour des raisons personnelles, il refusait les stages. Tahir Hacène remporta une Coupe d’Algérie en 1971 et participe au 1er tour de la Coupe d'Algérie 1973 sans continuer jusqu'au sacre, une coupe maghrébine 1971 et un Championnat national 1972 sous la direction du regretté, Ali Benfeddah. Une chose est sûre et il faut l’avouer, le MCA n’est pas arrivé à trouver son remplaçant jusqu’à l’heure actuelle sur sa façon de provoquer et d'intimider les défenseurs. Avant d'être un chasseur de buts, il était un joueur technique, rusé et roublard.

     

    TAHIR Hassen

    Transfert capoté 

    C’était  un avant centre  longiligne, jouissant d’un excellent jeu de tête, opportuniste à souhait, rusé dans la surface de réparation. Il jouait beaucoup pour la galerie. C’était un attaquant à surveiller comme le lait sur le feu. 

    Les défenseurs le craignaient. Quand il rôde tel un renard dans la surface de réparation, mieux vaut le surveiller doublement parce que le but, ou la compensation, arrive souvent. En 1969, sous la coupe de Hamid Zouba, il fait son entrée chez les Verts mais, comme il n’apprécie pas les stages, il s’en écarte au fil des ans. Le meilleur de lui-même, il le laisse au Mouloudia avec le quel il meuble son palmarès d’une Coupe d’Algérie(1971) et d’un titre national(1972) sous la direction de Ali Benfeddah. Très technique et respectueux de l’adversaire mais aussi rusé et méchant. Sur le terrain, Hassan était d’une grande gentillesse seulement, il ne fallait pas chercher à trop le bousculer. Il ne réagissait pas au quart de tour. Il attendait. Et puis, il attaque soit par des paroles qui vous perturbent, soit par un coup qui vous oblige à faire appel au soigneur. Mais l’attaquant algérois est rentré dans l’histoire suite à un geste technique des plus extraordinaires. Qui ne se souvient pas de cette reprise de volée aussi soudaine que précise qui a cloué sur sa ligne de but Attouga, le grand gardien tunisien et offert au Mouloudia son premier titre maghrébin ? Certainement pas Hassan. L’année 1970 coïncide avec le passage de témoins entre le CRB et sa pléiade de vedettes : Le Mouloudia d’Alger, le premier nommé a perdu son statut de principal fournisseur de l’EN ; on y retrouve le gardien Kaoua, l’ailier Betrouni et surtout l’avant centre Tahir Hassen qui envoie aux oubliettes le Guelmi Hachouf et le Belcourtois Kalem. Cet ancien retraité du tourisme pouvait aspirer à jouer au PSG en 1972 grâce au père de son ex-coéquipier Abdenour Kaoua. Il est resté deux mois  à Paris pour effectuer des essais. Les tests étaient concluants malheureusement, un coup de fil du ministère de la Jeunesse et des sports  a fait capoter ce transfert. 

     

    TAHIR Hassen et Kalem en 2010 jubilé Betrouni

     

    Tahir Hassen

    «J'ai maté le Club Africain et vous ?»

     

    In compétition.dz du 20.12.2010
     

     Le nom de Hassen Tahir est intiment lié à la finale de la coupe maghrébine entre le MCA et le Club Africain de 1971...Hassen Tahir a livré une guerre sans merci au légendaire gardien de but international Tunisien, notamment lors de la finale Maghrébine 1971 à Alger,  ce jour-là, c’est l’Algérien qui a eu le dernier mot. «Boukhnouna», comme le surnomment les fans mouloudéens, avait réussi un but sur un retourné acrobatique magnifique qui laissa Attouga bouche bée. 39 ans plus tard (2010), les deux équipes se retrouvent, toujours en finale de l’UNAF (nouvelle appellation de l'ancienne Coupe du Maghreb). Il est difficile de ne pas parler de ce match sans évoquer cette page de l’histoire que Hassen Tahir nous raconte avec des détails et des précisions.   

     

    - Que devient le grand Hassan Tahir ?
    - Je profite de ma petite retraite. J’essaye de passer le plus de temps possible avec ma famille afin de rattraper le temps perdu.
     
    - Mais vous suivez toujours ce qui se passe dans notre football ?
    - De loin seulement. Je n’aime pas trop m’impliquer. Je lis la presse comme tous les Algériens. 
     
    - Et qu’en pensez-vous ?
    - Ce n’est plus comme avant. Le foot a beaucoup changé. A notre époque, on jouait pour le plaisir, pour les couleurs, pour les supporters. Aujourd’hui, tout est une question d’argent. 
     
    - Comme tous les grands joueurs de votre époque, vous regrettez un peu de ne pas jouer actuellement, non ?
    - Pourquoi ? Pour l’argent ? Non, jamais de la vie. Croyez-moi, si on me demande de choisir entre les deux époques, je choisirai celle des années 1960/70 les yeux fermés. Aujourd’hui, ce n’est plus du foot, c’est du business. 
     
    - Vous vous dites quand même : Ah si je jouais actuellement…?
    - C’est surtout ma femme qui devrait dire cela (rires). Moi, non, je ne regrette rien, et je suis très fier de ma carrière de footballeur et de la vie que je mène actuellement avec ma femme et mes deux enfants. Mais pour revenir à votre question, si je jouais actuellement, je suis sûr que je serais devenu archi-milliardaire. Déjà, à mon époque, j’ai failli le devenir n’ étaient mon père et un règlement qui nous empêchait de jouer à l’étranger.
     
    - Comment ça ?
    En 1969, on a joué face à Bastia au Parc des princes. On les a battus 6 à 3. J’ai marqué trois superbes buts. J’avais à peine 19 ans. Les responsables des clubs m’offraient déjà 100 000 FF pour jouer avec eux. C’était sur la une de plusieurs journaux français. J’ai ramené un journal à mon père. Je me souviens très bien de ce jour. Je lui avais dit : regarde père, fini la misère, je vais jouer en France pour Bastia…et avant que je termine ma phrase, je sens la paume de mon père sur ma joue. «Tu veux changer de nationalité…tu veux devenir Français… » J’avais essayé de lui expliquer que c’était juste pour jouer au football et que c’était l’occasion de ma vie...il n’a rien voulu savoir. Quelque temps après, c’était Fontaine en personne qui me voulait au PSG. J’avais passé deux mois avec ce club à côtoyer les grands joueurs français de l’époque. J’ai fini par rentrer parce qu’on n’avait pas le droit de jouer à l’étranger avant 28 ans. Hacène Lalmas aussi a été victime de cette loi. Lui, c’est l’OM qui le voulait contre 300 000 FF. 
     
    - Et vous ne regrettez pas tout cela ?
    - Non, c’est mon destin. Je remercie Dieu pour ce que j’ai. Aujourd’hui, ma plus grande satisfaction et ma plus grande fierté, ce sont mes deux enfants qui sont tous les deux à la fac. 
    - Vous étiez le cauchemar de tous les défenseurs. On disait que vous n’étiez pas du tout gentil avec eux…
    - Vous pensez qu’eux, ils étaient gentils avec moi ? C’est vrai que les défenseurs qui devaient me museler souffraient un peu de mes méthodes, mais eux aussi, ils trouvaient un plaisir à me frapper. 
     
    - Vous êtes connu sous le nom de "Boukhnouna"…
    - Ah oui... (Il éclata de rire). J’aimais bien essayer mes mains pleines de morve sur le visage des autres défenseurs. Pour les énerver, les pousser à commettre des fautes contre moi et sortir avec le rouge. Je ne le faisais pas avec tout le monde, seulement ceux qui se montraient hostiles ou agressifs avec moi. 
    - Pourquoi, aujourd’hui, cette génération en or du MCA est-elle loin des affaires du club ?
    - Parce que nous avons une fierté. Ce n’est pas à moi d’aller proposer mes services. Certains peuvent le faire, pas moi. Je suis Hassen Tahir et ceux qui tirent les ficelles au MCA aujourd’hui se proposaient et se battaient pour porter mon sac d’entraînement. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais me rabaisser pour offrir mes services quand même. On a parlé moi et Lalmas dernièrement, et vous savez ce qu’il m’a dit : ton passé, personne ne pourra l’effacer. Les gens savent qui tu es et d’où tu viens. Il a raison. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais salir mon image. Je préfère garder cette image que les gens ont de moi. Je vis avec ma retraite dans un petit appartement, avec ma femme et mes deux enfants, et ça me suffit largement. 
     
    - Mais vous suivez les résultats de l’équipe quand même ?
    - Bien sûr. Je les suis chaque semaine. J’étais très déçu par leur prestation à Tunis contre le Club Africain.
     
    - Que s’est-il passé, d’après vous, ce jour-là ?
    - Le Mouloudia sans Derrag et Bouguèche ne vaut rien du tout. C’est vrai que le jeune Sofiane est bon, mais il lui faudrait un autre attaquant pour le soutenir. Amroun est jeune. Il n’a pas encore la ruse, la malice et l’intelligence pour jouer devant. Un attaquant doit être tout ça, en plus de la condition physique et la capacité de résister aux duels et aux contacts. Moi, quand on me frappait ou me provoquait pour me faire peur, surtout quand on jouait à l’extérieur, je faisais le mort. Je ne faisais pas d’appel de balle, et même quand on me passait la balle, je refusais de la recevoir. Les défenseurs m’oubliaient et croyaient qu’ils avaient réussi leur coup, mais au final, je réussissais toujours à leur marquer au moment où ils s’y attendaient le moins. Les attaquants actuels du MCA manquent de ruse. Pour moi, le bon attaquant doit être un chien. Il rode autour de sa proie, il fait le mort, il dort, il se lève, puis il se couche, il encaisse les coups…et au moment où on s’y attend le moins, il surgit de nulle part pour marquer le point. C’est ça les vrais attaquants. 
     
    - En parlant de cette rencontre, vous avez une histoire avec le CA et Attouga…
    - Oui, en 1971. Il avait stoppé toutes nos tentatives. Quand je me rapprochais de lui, il me disait : t’es encore petit pour me marquer. Quelques minutes plu tard, je reçois une balle en demi-volée, un contrôle orienté de la poitrine, puis retourné acrobatique, et la balle est dans la lucarne d’Attouga. Le stade du 20-Août explosa. Je n’en croyais pas mes yeux. Je me suis dirigé vers Attouga et je lui ai dit quelques mots que je préfère garder pour moi. On avait gagné notre premier titre international. Malheureusement, 4 ans plu tard, il s’est vengé sur nous en arrêtant tous nos penalties. J’aurais aimé le rencontrer encore une fois pour se remémorer ces moments, mais l’occasion ne s’est pas offerte.
     
    - Justement, on ne vous avait pas vu à Rades, pourquoi ?
    - On ne m’a pas invité tout simplement. On a préféré inviter Zenir à ma place. J’avoue que je pensais qu’il allait penser à moi, surtout que c’est moi qui ai maté le Club Africain d’Attouga. Mais ce n’est pas grave. Au 5-Juillet, j’irai les supporter avec mes propres moyens. J’espère qu’Attouga sera là aussi. Et Zerga aussi. Car ce dernier a réussi à le mettre sur le banc dans son propre club, le Club Africain. Pour finir, je souhaite bonne chance à Alain Michel et sa bande lors de cette finale. J’espère aussi que le Mouloudia relèvera la tête et occupera la place qu’il doit occuper
     
     
     
     

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