• ABTOUCHE Mansour

     

    ABTOUCHE Mansour

    "Une mémoire vivante"

     

    Une Mémoire vivante ... Hadj Mansour ABTOUCHE ...est un Ancien joueur du Mouloudia d'Alger et ancien président de la JSK. L'écriture de l'histoire d'une nation est le fait des hommes qui l'ont marquée, c’est aussi valable pour celle d'un club, de surcroît de la trempe du MCA ou de la JSK. Il est vrai aussi qu'écrire l'histoire n'est jamais aisé tant chaque acteur voudrait tenir le premier rôle, en la confinant à ses propres vérités qui ne sont jamais aussi plausibles, voire exactes. Il trouvera toujours quelqu'un pour redire, voire les contredire. C'est ainsi que nous avons pris sur nous de prendre langue avec une mémoire encore vivante du Mouloudia et de la JS Kabylie en la personne de Hadj Mansour Abtouche. Notre choix s'est porté sur lui comme il aurait pu se porter sur un autre dirigeant ou joueur mais c'est pour sa qualité de président que nous avons privilégié cette primauté mais disons aussi par son droit d’aînesse. Mansour Abtouche est un enfant de Tizi Ouzou qui l'a vu naître il y a exactement 87 ans, pour avoir été mis au monde le 10 avril 1918. Sa carrière footballistique, il l'avait entamée, comme gardien de but, chez les cadets en 1935 au sein de l'Olympique de Tizi Ouzou (OTO), la JSK n'existait pas à cette époque. Et ce cinq années durant avant de prendre le chemin d'Alger pour rejoindre le Gallia d'Alger en 1943 où il passe que quelques mois avant d'opter pour le MCA ( Janvier 1943-1952)  qui avait remarqué son gabarit et surtout sa puissance.

    «C'était El Hadj M'rizek qui avait pris attache avec moi pour rejoindre le Mouloudia», rappellera Mansour Abtouche qui rendra par là même un vibrant hommage à Hadj Tiar qui était contremaître aux usines Torafrique qui avait embauché de nombreux jeunes de Tizi Ouzou dans cette manufacture. Il a évolué aux côtés des Smaïl Khabatou, et autre Smaïl Derouaz, père de l'ancien ministre. Avec le Mouloudia, il avait terminé trois fois sur la seconde marche du podium souvent derrière le Gallia. «Il nous était impossible de remporter un titre. L'administration coloniale faisait tout pour barrer le chemin aux clubs musulmans dont le MCA», nous dira Hadj Mansour Abtouche qui éprouvait toutes les peines du monde à parler. La JSK, il l'a rejoindra à l'aube de la saison 1952-53 avec laquelle il jouera quatre saisons seulement pour avoir répondu, au même titre que tous les joueurs et clubs musulmans, à l'appel du FLN, en 1956, de cesser toutes activités sportives. La guerre de Libération terminée, il fallait recomposer le paysage sportif de la Kabylie. «Au lendemain de l'indépendance, j'ai été contacté, je dis bien que j'ai été le premier à être contacté (il nous montra la photographie qui a immortalisé cette rencontre avec les responsables de la wilaya III), par Mohand Oulhadj et le PC (Poste de commandement) de la wilaya III pour relancer le sport en général dans la wilaya III, et la JSK et les clubs en sommeil en particulier», dira notre interlocuteur non sans préciser que c’est grâce à Boussad Bouzar, qui a mis à leur disposition son véhicule (Ford Tonus) pour sillonner toute la wilaya III et mettre en place des comités locaux en charge de relancer le sport à Bordj Bou-Arréridj, Sétif, Béjaïa, Draâ El Mizan, Akbou, etc. «En compagnie de Ali Ghazi, Boualem Iratni, Chabane Abbès et Ali Benslama». Le premier bureau de la JSK comprenait, selon Hadj Mansour Abtouche, MM. Moha Arezki Hammoutène, Chérif El Kechai, Mahieddine Seggar, Rabah Berrahmoune, Ali Guendouzi, Chabane Abbès, Ali Ghazi, Boualem Iratni et bien d'autres encore. «Pour faire démarrer le club, nous avions bien évidemment besoin d'argent. Avec Khelifa Méderes, nous avons été rendre visite à M. Mohamedi Saïd, alors ministre des Moudjahidine qui nous avait remis 6.000 francs pour l'achat d'équipements». La JSK venait d'être relancée avec quatre sections boxe, basket ball, cyclisme et football, présidées respectivement par Saïd Amirouche, H'mida Aboulaïche, Ahmed Haddadou et bien évidemment Mansour Abtouche. La première sortie sur le terrain a été sanctionnée par un cinglant 6-1 infligée par l'OM Ruisseau qui a toujours été depuis un adversaire redoutable pour ne pas dire la bête noire de la JSK. Bien évidemment, il fallait un terrain pour jouer et surtout s’entraîner. «C'est ainsi que la commune avait mis à notre disposition l’assiette de l’actuel stade Oukil- Ramdane dans un piteux état. Avec tous les jeunes de la ville, nous avons organisé un volontariat pour rendre ce terrain praticable. C'est ainsi que j'ai mis, au même titre que les frères Iratni, mes camions, qui servaient à transporter de la limonade, pour le transport des galets que les jeunes ramassaient de l'oued Sebaou». Un récit que nous confirmera au passage Aziouez Cherrak présent à cet entretien comme il était parmi les volontaires qui avaient contribué à cette action. A propos de Aziouez Cherrak, Hadj Mansour Abtouche nous dira qu'il était d'une grandegénérosité. «Il ne prenait jamais la prime de match qui était de l’ordre de 50 francs pour la victoire et 25 francs pour un nul. Il la remettait à chaque fois à ses équipiers dans le besoin. Il avait même refusé une alléchante offre de 2.000.000 de centimes, considérée à l'époque comme une fortune, de la JS El Biar par fidélité au club mais aussi sur demande des dirigeants dont Djillali Iratni». L'équipe ne fonctionnait à l'époque que des dons des bienfaiteurs du fait que point de subvention de la part des autorités locales. «C'était à nous de solliciter les bienfaiteurs pour assurer les déplacements, la restauration et les primes de matchs comme je ne manquais pas de débourser souvent sur mes propres deniers».

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    A l'orée de la saison 65, Hadj Mansour avait étoffé son bureau avec l'intégration de commerçants à l'image des frères Mesbahi, de Amar Slimani et de Djillali Iratni promu vice-président. «L'arrivée de ces hommes a permis au club de faire face aux dépenses tant Amar Slimani et Djillali Iratni ne lésinaient pas en mettant la main à la poche dès que le club avait besoin de liquidités d’autant que Djillali, un mandataire en fruits et légumes, arrivait souvent à réunir des dons des différents mandataires qu’il connaissait comme il était aussi chargé des relations extérieures du club auprès de la ligue algérois de football au sein de laquelle le club comptait beaucoup d'amis à l'image de Omar Dahmoune, Ahmed Kemmat et tous les autres grâce à qui certaines difficultés auxquelles l'équipe faisait face trouvaient des solutions.» Des difficultés, l'équipe en avait rencontré. «Outre la partialité de l'arbitrage, nous avions eu à affronter un régionalisme à la limite de la xénophobie », dira encore Abtouche qui garde encore les séquelles morales de ce déplacement lors de la saison 1968/69 à Tiaret pour affronter la JSMT locale. «Je suis sûr d'une chose, ce jour-là, si la JSMT n'avait pas égalisé, aucun d'entre nous n'en serait revenu vivant. J'ai été même contraint, contre l'éthique sportive, de demander à mes joueurs de laisser l'équipe adverse égaliser. Tous les véhicules immatriculés à Tizi Ouzou ont été saccagés dont l'un a été même incendié. C'est vous dire l'enfer que nous avions vécu alors qu'à aucun moment avant la partie nous ne nous doutions de cela, tant nous avons été chaleureusement accueillis chez le frère du défunt Kaïd Ahmed», dira Abtouche avec des frissons dans le dos. Mansour Abtouche était si pris par la JSK qu'il lui est arrivé d'oublier le prénom d'un de ses enfants. «Lorsque le Dr Ouakli au moment de prescrire son ordonnance après auscultation de mon enfant m'avait demandé le prénom et l'âge du malade, j'étais incapable de lui répondre et je suis allé le demander à mon épouse», une épouse qui était aussi, comme le mari, aux petits soins avec l'équipe. «C'était ma mère qui lavait et repassait les équipements de l'équipe», se rappelle encore l'aîné des garçons Arezki qui gère aujourd'hui la pâtisserie familiale sise à la cité Le Cadi. Malgré tous ces moments difficiles, Mansour Abtouche a goûté aux joies et au bonheur que lui avaient procurés toutes ces victoires de la JSK, mais son véritable bonheur fut cette rencontre face au WA Boufarik qui, grâce à un but de Arezki Kouffi, venait de sceller l'accession de la JSK en nationale II après tant d'années passées en division d'honneur, «c'était le plus beau jour de ma vie de président de la JSK». Mansour Abtouche quittera le poste de président en 1972, pour laisser sa place au regretté Omar Belhocine avant que ne vienne l'ère de Abdelkader Khalef et celle de la réforme sportive. Il reste que Mansour Abtouche, bien qu'il soit en retrait, est tout de même à l'écoute de la moindre palpitation, de la moindre pulsion de son équipe de toujours. Il avait répondu présent en 1995, en compagnie de Djilali Iratni, Aziouez Cherrak et Moh Khamès, lorsque la première crise avait éclaté à la JSK. Avec ces hommes, ils ont réussi à désamorcer la situation avec les résultats que l'on connaît. Bien que malade, il a toujours été présent ces derniers temps, en sa qualité de président d'honneur, dès qu'il apprend un remue-ménage au sein du club. D'ailleurs, il suit avec une attention particulière, les développements des derniers événements qui secouent le club. Il en est triste et ne souhaite qu'une seule chose : que le club retrouve la sérénité. Nous ne conclurons pas sans souhaiter une longue vie à Hadj Mansour Abtouche.

    R. Hammoutène - Le Buteur


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