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LARBI Mohamed dit Cherif
LARBI Mohamed
dit Cherif
"C'était le temps des combats et des sacrifices"
Sans passion, mais avec la nostalgie d'une époque dont il est aujourd'hui fier, Mohamed Larbi raconte, pour les lecteurs du "Doyen", les belles années de sa jeunesse consacrées au Mouloudia.
Une autre page de souvenirs, en somme, que notre collaborateur Ahmed Kasmi nous rapporte.
Il a fallu insister pour le faire parler, l'obliger à fouiller dans sa mémoire,à remonter le temps pour nous raconter ses belles années passées en tant que joueur du MCA dans les années 40.
Humble, modeste, Larbi Mohamed, dit CHERIF, 74 ans, avait le trac de ceux qui pour la première fois s'adressent au public.
Mais une fois le jeu de questions- réponses entamé, CHERIF, décontracté, sans passions, mais avec la nostalgie d'une époque dont il est aujourd'hui fier parcequ'elle lui rappelle ses 18 années passées au Mouloudia, raconte comment il a commencé sa carrière dans le vieux club Algérois: "J'ai débuté en 1932 en cadets, en 1933 je suis passé en juniors et l'année suivante je fus titularisé en seniors en tant que remplaçant au cours d'un match contre L'US Blida, décisif pour notre accession de la division d'honneur à la division excellence" (équivalent de la nationale une).
A cette époque où "jouer au MCA signifiait aussi jouer pour le pays" Cherif raconte que le Mouloudia, le seul club musulman à Alger, était en bute aux tracasseries de toute sorte de la part de l'administration coloniale, dont notamment la circulaire GARDE, du nom du gouverneur de l'époque, pondue en 1931 et obligeant le MCA à avoir 5 européens dans le club; "Très souvent on perdait par forfait.L'équipe se présentait sans ces joueurs européens qui refusaient de jouer dans un club musulman"
"Imaginez donc les efforts qu'à du faire le club pour arriver au sommet" ajoute Cherif pour lequel "Les matchs étaient de véritables combats".D'où la somme de sacrifices qu'il fallait consentir, le courage dont il fallait faire preuve pour prouver une dignité à défendre.
A ce propos , Cherif qui jouait au post d'inter-gauche, mais qui se convertissait en demi-gauche au cours d'un même match, ce qui lui donnait l'impression "d'être partout et nulle part sur le terrain", cite un exemple de courage qui animait les joueurs d'antan."J'étais en cadets.A la veille d'un match capital contre la J.S.S.E (Saint Eugène) pour le championnat, j'ai dit à AOUF, fondateur du club, qui par modestie s'était retiré pour entrainer les minimes-juniors, que je ne pouvais pas jouer, car j'avais un furoncle au pied gauche.Aouf m'a emmené au bain maure où nous sommes restés deux heures.On est allé ensuite chez le pharmacien pour un nettoyage de la plaie.Le lendemain matin, c'est Aouf lui même qui a vidé le furoncle, un véritable cratère de volcan, de ses propres mains, l'a nettoyé à l'alcool, traité et bandé.Nous avons joué et gagné par 2 à 0." se rappelle Cherif qui précise qu'il a été à l'origine d'un des buts marqués.En plus de ces déboires, les joueurs du Mouloudia, évoluaient dans des conditions matérielles précaires, "sans un rond dans la poche".
"A maintes reprises, je n'avais même pas les 20 ou 30 centimes pour prendre le tramway et aller au stade municipal (20 Aout) disputer un match de championnat.Je faisais le trajet à pied de Bologhine au Ruisseau pour jouer devant un public qui était loin de se douter que beaucoup de joueurs allaient rentrer à pied chez eux à la fin du match", se rappelle Cherif.
Les circonstances de l'époque voulaient que les joueurs se surpassent, puisent énergie et fassent preuve d'une volonté de fer pour vaincre tous les obstacles et démontrer qu'ils existaient et à travers eux que tout un peuple existait.
Aujourd'hui, les temps ont changé et si on devait faire la comparaison.Quelle différence y a t-il par exemple entre le joueur de l'époque et celui de 1989?
L'inter-gauche des années 40 du MCA n'hésite pas à affirmer "qu'avant c'était beaucoup mieux que maintenant.Quand on voit aujourdh'ui des joueurs, pour des intérêts personnels, être en désaccord avec leur club et ne pas jouer, c'est ahurissant.De notre temps, la question ne se posait même pas.On rentrait sur le terrain pour se battre".
CHERIF cite l'exemple du joueur BERZIG; "qui contre le RUA, au milieu des années 40, au stade municipale a lourdement chuté sur la tête,évacué sur la touche, le sang giclant d'une sérieuse plaie au niveau du cuir chevelu,BERZIG a repris la partie, la tête bandée en dépit de l'insistance des dirigeants à le diriger d'urgence vers l'hopital.Ce n'est qu'une fois le match terminé qu'il est allé à la clinique la plus proche où on lui a fait 11 points de suture.C'était de l'héroisme pas seulement du courage" dit-il.
CHERIF cite également l'exemple de Braham Derriche qui a eu son bridge brisé à la suite d'un coup de pied lors d'un match à Marengo (Hadjout)."Il a failli l'avaler mais il a continué la partie"."Chose que l'on ne voit plus de nos jours où le joueur pour un coup anodin se tord de douleur, demande à être remplacé, alors qu'en réalité il n'a presque rien".Les joueurs de l'époque ne trichaient pas, voilà résumé la mentalité d'une génération de footballeurs qui n'avaient que leur courage et leur fierté d'être Algériens pour vaincre un adversaire qui les considéraient comme des citoyens de seconde zone et des "yaouled" auquels ils fallaient administrer une raclée afin qu'ils n'oublient jamais qu'ils étaient les "sujets" de la France.
Cependant Cherif reconnait que les joueurs de l'époque étaient également des êtres humains, avec leur limites et leur faiblesses.A ce propos, prié de comparer les méthodes de préparation d'un match, le dosage des efforts et les systèmes d'entrainements, il s'extasie devant la puissance de la JSK qui arrive à jouer 4 ou 5 matches en l'espace de quelques jours."On n'avait pratiquement de préparation.Avec notre entraineur, un moniteur d'éducation physique, FOUILA, on allait au stade juste pour taper dans le ballon.On faisait quelques mouvements, mais dès qu'il avait le dos tourné, on s'arrêtait"."A la fin d'un match, on finissait sur les genoux, complétement épuisés.Voilà toute la différence entre les joueurs d'hier et ceux d'aujourd'hui".
LARBI Mohamed dit Cherif, ajourdh'ui agé de 74 ans (1989), pére de 4 enfants dont deux sont mariés, vit à Bologhine, son quartier de toujours.Il est resté un fidèle supporter du Doyen des clubs d'Algérie.Et même s'il ne va plus au stade depuis la fameuse finale de coupe d'Afrique remportée par le MCA contre HAFIA Conakry en 1976, Cherif ne rate pas les matchs des "vert et rouge" retransmis par la T.V."Mais au premier but du MCA, je sors prendre l'air, car je ne supporte pas la tension psychologique"avoue t-il.
Cherif refuse de donner des conseils aux jeunes de foot d'aujourd'hui "Je crois, dit-il, qu'ils peuvent très bien s'en passer.Le football et son environnement ont tellement évolué que je ne vois franchement pas ce que je peux dire".
Le Doyen -No12-1989
A noter que LARBI Mohamed dit Cherif fut champion de guerre avec le Mouloudia d'Alger en 1939/40
Le MCA champion de guerre
L'année 1939-40 fut marqué par les débuts mouvementés du déclenchement de la deuxième guerre mondiale, ce qui retarda la reprise du Championnat en Algérie. Cette saison sera disputée sous forme de critérium de guerre avec trois groupes A.B.C et au terme de cette édition, les premiers de ces poules disputeront un tournoi dont le vainqueur sera déclaré champion. Le MCA jouait dans le groupe "C" avec le FC Blida, OHD, USM Blida, ASB, RASA et l'OM Ruisseau. Il termina en tête et affronta pour le titre le Galia et le RUA, premiers de leur groupe respectif. En super forme, les Mouloudéens s'imposèrent facilement 3-1 face au RUA et 3-0 devant le Galia. Tout Alger était ce jour en délire, son vœux était exaucé.
Les champions avaient pour nom: Kalafat (GB), Dahmani, Bouhired, Bencharif, Abdelaoui, Berzig, Vitielo, Hacéne, Deguerro, Jordan, Cherif, Said Kaci.
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Commentaires
4sebbar1Vendredi 21 Août 2009 à 19:26Répondre3miatiVendredi 21 Août 2009 à 18:17bonjour.je suis la petite fille de cherif.je veu dire que je suis fiere de mon grand p? et de ce qu'il a acomplie tous au long de sa vie....je t'aime papi....repose en pais
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