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M.C.A les oublis de l'histoire
Equipe du MCA 1970/71
Debout de g à d : Si Chaïb - Kaoua - Cheikh - Maloufi - Mekideche - Amrous
Accroupis de g à d : Bachi - Tahir Hamid - Bachta - Betrouni - Tahir Hassane - Zenir - ZerroukMC ALGER
Les oublis de lhistoire
26 Juin 2008
Lorsque ce club éternue cest tout le football algérien qui senrhume.
Le Mouloudia dAlger retombe dans ses travers. Ce club semble avoir signé un bail avec linstabilité et les querelles de famille. Tout cela au détriment de son développement et de sa renommée de club doyen de notre football. La semaine dernière avait été marquée par cette histoire de remise de sigle par la Sonatrach à danciens dirigeants du club davant 1977, cest-à-dire ceux qui en avaient la direction davant la réforme de cette année-là. Tout semblait se faire normalement, lorsque le jour dit, on a appris que quelques-uns de ces dirigeants avaient opté pour la chaise vide en réaction à ce quils appellent «une sorte de manigance pour semparer du club».
Parmi ces dirigeants, le plus emblématique dentre eux, Abdelkader Drif, celui qui présidait aux destinées de la section football en 1977 et lannée davant. Le véritable architecte du plus grand titre obtenu jusquici par le club algérois: la Coupe dAfrique des clubs champions de 1976.
De tous les dirigeants en vie actuellement, cest le plus légitime et pour avoir vécu cette période-là votre serviteur peut vous certifier que lorsquon parlait Mouloudia ces années-là, il fallait évoquer Abdelkader Drif.
Les vrais témoins de cette époque ce sont certainement les joueurs eux-mêmes et il ne se trouvera pas un seul dentre eux qui pourra contredire ce fait. Il faut espérer que dans tout ce qui se fait en ce moment on ne cherche pas à éliminer des hommes comme lui. En tout cas, celui qui passait comme lhomme fort du club, à savoir Rachid Marif, na pas manqué, vendredi dernier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale de préciser que Drif était un membre de droit de lassemblée générale du Mouloudia. Partant de cet aveu, la question qui se pose est de se demander qui a pu pousser lex-président du club à retirer ses billes du jeu. Si lon en croit une de ses déclarations «cest parce quon na pas respecté les accords que nous avions convenus en concoctant une liste dinvités sur mesure alors que dautres plus légitimes ont été oubliés». Cet avis de Drif est partagé par des membres de lAssociation El Mouloudia qui ont été écartés du processus. Ces membres-là ont tenu une conférence de presse jeudi dernier au cours de laquelle ils ont évoqué «un coup de force pour semparer du club». Ils ont accusé les concepteurs du projet davoir dissous unilatéralement El Mouloudia en violation des statuts de cette association. Chose que Marif a réfutée, toujours sur la Chaîne III, indiquant, cependant, que du fait de la reprise du sigle par le club, il serait opportun de dissoudre El Mouloudia suivant ses propres statuts. Il a ajouté quil nétait pas au courant de la liste des membres quon veut mettre dans lassemblée générale et quil ne voulait plus avoir quelque chose avec ce club. Il reste que personne ne contestait le fait que rien ne se faisait au Mouloudia sans son assentiment. Les journaux spécialisés rapportaient régulièrement les réunions que lui-même présidait. Il pouvait, ainsi, avoir un droit de regard sur la fameuse liste pour donner ne serait-ce quun point de vue, notamment le cas concernant Abdelkader Drif dont il reconnaît la légitimité comme membre de lassemblée générale. Il faut croire que Marif na rien fait en ce sens sauf de regretter a posteriori à la radio.
Chacun tire sur lautre
Et puis fermant la boucle, ceux qui sont en place et vont participer à lassemblée générale constitutive daujourdhui ont dénoncé lundi, au cours dune conférence de presse, «ceux qui veulent jeter lopprobre sur eux» accusant ainsi les membres dEl Mouloudia qui ont été «éjectés» du processus. Ils ont mis en exergue le fait «que les absents ont toujours tort et que eux sont les vrais dirigeants davant 1977.» Pour avoir vécu cette période-là, nous pouvons affirmer que tous nétaient pas dans le giron du club. En tout cas ignorer Abdelkader Drif, cest porter atteinte à lune des plus belles pages de lhistoire de ce club. Comme on ne peut ignorer les frères Rachedi car à cette époque-là, le club avait une section handball qui vivotait (tout était tourné vers le football) mais qui avait le mérite dexister et de jouer avec les couleurs vert et rouge du club. Cette section nactivait que par et grâce aux frères Rachedi. Ce sont des faits réels et nul ne peut les effacer. En tout cas, tout ce scénario met en évidence que ce club vit dans la scission de ceux qui sont censés le représenter.
A lépoque de feu Ferhat Balamane comme président du club dans les années 70, tous étaient unis derrière cet homme lequel, avec laide de Drif comme responsable de la section football, avait pu offrir la Coupe dAfrique des clubs champions au Mouloudia. Aujourdhui, il y a des gens qui tirent les marrons du feu au détriment de lunité au sein de ce club.
Un terrible constat
Sil est un autre dirigeant qui déplore cette situation, cest bien Chaâbane Louanes, celui qui, jusquà il y a deux jours, présidait la section football.
Aujourdhui, il est démissionnaire pour dénoncer «lespèce de cacophonie qui règne dans ce club. Jai toujours milité pour lunicité des rangs. Jy ai mis toute mon énergie mais en vain. A chaque fois il se trouvait des gens qui voulaient torpiller le projet. Cela pour servir leurs propres intérêts. Ces gens-là ne veulent pas de personnes comme Drif, Gaceb ou moi parce quils savent quils ne pourront pas agir à leur guise. Cest vraiment regrettable. Personne ne pourra, en tout cas, me reprocher de ne pas avoir cherché à doter le Mouloudia de la saison prochaine dun effectif à même de lui permettre de jouer les premiers rôles en championnat. Jai fait de mon mieux et celui qui viendra pourra trouver un effectif de valeur. Comme quoi, je ne faisais pas cela pour moi mais pour mon club de toujours. Ce que je peux dire, cest quon a toujours cherché à me mettre des bâtons dans les roues alors que les tractations avec les joueurs nétaient pas faciles. On ne veut pas des gens qui travaillent pour lintérêt du club. Aujourdhui, japprends que le club avait été financé par Sonatrach. Il faut que lon sache quil sagit de largent de cette entreprise qui sera rigoureusement contrôlé par elle. Celui qui croit quelle va venir donner son argent et partir, se trompe lourdement. En tout cas, au lieu de verser de largent pour la prise en charge du club, jaurais apprécié que Sonatrach linvestisse dans la construction dun centre de formation ou dune base dentraînement. Les vieux réflexes reviennent avec toutes leurs lacunes.» Voilà, donc, la situation dans laquelle se trouve un club pas comme les autres. Un club qui a attendu 2008 pour sortir du cocon de lentreprise dans laquelle on lavait mis en 1977 alors que tous les autres clubs avaient été «émancipés» en 1989.
Nul ne contestera ce que Sonatrach lui a apporté sur le plan sportif puisque le Mouloudia croule sous les titres dans tous les sports autres que le football. Mais lhistoire retiendra quaprès 31 années passées sous la coupe de la première entreprise du pays et dAfrique, le Mouloudia se retrouve sans aucun patrimoine propre à lui. Drif parlait «dabsence doutil de travail pour le club», Louanes évoque la même chose avec «le manque dune base dentraînement.» Léchec de la politique sportive dans notre pays pourrait se résumer dans ce seul exemple. Et un Mouloudia géré le plus sérieusement du monde dans un cadre professionnel na même pas besoin de la présence de Sonatrach.
Par son aura et son poids de popularité, il est, largement, en mesure de sautofinancer et ce, pour le plus grand bien du football algérien. Avec un Mouloudia fort, ce sport ne peut être que fort. La leçon ne semble pas, hélas, être bien apprise.Ahmed ACHOUR
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