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Par sebbar1 le 22 Juin 2006 à 13:01Petite sociologie de la communauté ChnaouaAVEC LES FANATIQUES DU MOULOUDIA
Par : Mustapha BenfodilTrois-Horloges. Obélisque totémique de Bab El-Oued. Tahar, 35 ans, un pur enfant du quartier, un crypto-usmiste de descendance JSK, baigne en pleine fièvre Mouloudia du matin au matin depuis la victoire du Doyen sur le WAT à Mosta. Trop de bruit dans ce quartier. Trop de mauvaises odeurs ! maugrée-t-il. Pour ce diplômé en communication qui travaille à son compte, il ne fait aucun doute que le cur battant du Mouloudia, cest ici. On va faire un petit exercice de sémiologie et vous allez voir, sourit-il en pointant du chef une gargote spécialité chawarma faisant face à lune des mythiques horloges. Chez Chenoui indique lenseigne du boui-boui barbouillé de vert et rouge.
À côté, un magasin de friandises à lentrée duquel trône une machine à jus avec deux récipients contenant deux jus colorés là encore en vert et rouge. Entre les deux, un cabinet davocat dun certain Me Messaoudi qui serait le frère du président du Mouloudia. Cest confirmé : nous sommes bel et bien en plein fief du Mouloudia Chnaoua dAlger.Dictionnaire chnaoua du foot
Moi, je suis mouloudéen. Je ne suis pas chenoui, objecte Krimo, 46 ans, éducateur spécialisé, un ami et voisin de Tahar. La précision est de taille. Mais, alors, sociologiquement, quest-ce quun Chenoui ?
Il faut noter dabord que les supporters du Mouloudia sont ainsi surnommés en raison de leur très grand nombre, se vantent-ils. Ils ne sont donc pas particulièrement cynophiles et très peu dentre eux ont lu Confucius. Certains les décrivent comme nétant pas de fervents partisans de la non-violence et en cela comme dans tout le reste, ils ne sont pas bouddhistes. Alors, qui sont-ils ? En écoutant les chants des supporters, on y trouve la définition programmatique du Chenoui canonique comme lillustre ce refrain : Ouled Sidi Abderrahmane lemssagher gaâ laklasse âkliya hooligans echinoui kamikaze yediplaci lekoul place. Ainsi, le Chenoui est dabord un authentique Oulid Sidi Abderrahmane. Un Algérois pur et dur, donc forcément un enfant de lun des quartiers mythiques dAlger : La Casbah, Bab El Oued, Jamaâ Lihoud, etc. Ce nest donc pas un aryane, un voyou. Le Chenoui nest pas un cavi, un cul-terreux. Il est classe même sil est souvent zaouali, issu des classes défavorisées. Il rêve de hedda et cest automatiquement un harraga en puissance. Dans le code dhonneur du Chenoui, celui-ci est un kamikaze. Un fonceur. Loyal, il suit son équipe jusquau bout du monde. Et cet amour immodéré pour son club fait de lui un hooligan, et le refrain le précise bien. Mais au-delà de toute cette herméneutique de la littérature Chnaoua, Krimo, lui, a le sang rouge et vert. Et ses enfants aussi. Comme sa petite Amira. Mes enfants seront forcément Mouloudia, sinon, je les renie, prévient-il. Yacine, son copain, voisin et congénère, vendeur à létalage de son état qui vend, entre autres, des vêtements importés de Chine , après 28 ans passés dans diverses sociétés nationales, abonde dans le même sens : Moi, si mon fils supporte une autre équipe, je déchire sa page du livret de famille, tranche-t-il. Quel est le secret de tant de ferveur ? Cest historique, cest génétique, cest familial, cest tribal, cest la petite idéologie de quartier, cest tout cela réunit, dissèque un observateur avisé. Cest tout de même le doyen des clubs algériens. On joue depuis 1920, explique pour sa part Yacine. Pour lui comme pour Krimo, la violence dans les stades nest pas lapanage des supporters du MCA. Tous les clubs ont le même problème. Si cest plus visible avec le Mouloudia, cest parce quil a la galerie la plus riche. "Endna ghachi. Nous comptons des supporters dans les 48 wilayas. Le Mouloudia est victime de sa popularité. Tu ne peux pas tous les contrôler, ajoute Yacine. Certains avancent que cest un problème générationnel. Que les jeunes daujourdhui sont ingérables du fait de ce quils ont vécu : échec scolaire, chômage, démission parentale, absence de perspectives, violence urbaine, avatars du terrorisme Les jeunes, tu ne peux plus leur parler. Quand tu le vois se pavaner dans le stade avec un canif, quest-ce que tu peux faire ? fait Krimo. Les jeunes daujourdhui nont rien à voir avec ceux dhier. Il ny a plus de respect. Les parents sont dépassés. On jette ses enfants à la rue et cest le stade qui les récupère. Le type est prêt à tout pour avoir son ticket pour le stade quand toutefois il le paye. Il vole un portable ou commet des larcins au marché ou fait nimporte quoi. Et quand il a avalé deux ou trois psychotropes, va le raisonner , analyse Hamid, 36 ans, un autre fan du Mouloudia.
Mayssara a 18 ans. Un prénom sur mesure pour ce fluet jeune homme au beau visage imberbe. Adossé à la mer, à la bordure de la plage Rmila, sur le boulevard Mira, avec son pote, Amine, ils tirent des plans sur la comète en prévision du choc de ce jeudi 15. Mayssara est volontiers chnaoua et il est fier de lêtre. Mais un Chenoui soft.
Il ne casse pas, lui. Amine, 21 ans, est quant à lui USMA. Tous deux ont abandonné leurs études et piochent ensemble sur une petite affaire. Leur amitié ne semble guère pâtir des chauvinismes exacerbés. Derrière, sur la plage, des mioches qui bottent le cuir. Petit parfum de Copacabana.
Réservoir à talents hauts. Fils dun ancien footballeur du MCA, Mayssara ne pouvait quêtre Mouloudia. Je voulais partir lautre jour à Mostaganem mais mon père me la interdit crânement. Mon frère aîné a eu la jambe fracassée. Si ça ne tenait quà moi, je suivrais le Mouloudia partout, dit-il, avant de préciser : Ce nest pas tant pour le résultat. Même quand le Mouloudia perd, je vais au stade. Cest pour lambiance elle-même, el houl Comment font les petits jeunes pour se procurer chaque semaine les 200 DA de droits dentrée, en plus des frais y afférents ? Le jeune inavigui, résume Amine. Notre génération a besoin de cette finale. Nous navons jamais vécu quelque chose daussi grandiose. Lautre jour, jai dû louer une cassette pour voir la dernière finale du Mouloudia, confie Mayssara.
Même si le verbe est acéré, nous ne percevons pas une once de violence dans le doux regard de Mayssara : Ce sont des intrus qui sont derrière toute cette violence, se défend-il. Nous avons la flemme daller au stade avec tout ce qui sy passe. Il y a des voleurs qui vont au stade juste pour chiper quelque chose au milieu de toute cette confusion. Il y a aussi la drogue qui fait fureur au milieu des jeunes. Ana omri ma drabt cachiate. Je nai jamais touché à ces trucs-là. Cela est dû au fait que les jeunes échappent à la surveillance parentale. Quand un gamin se retrouve seul au milieu dune bande à des centaines de kilomètres de chez lui pour aller supporter son club, forcément, il va profiter de cette liberté dans le mauvais sens et va toucher à tout.
Napoli, Flicha, Ben Laden
Pour certains, si lon fait une fixation sur les supporters du Mouloudia, cest parce que le Mouloudia a toujours été banni par le pouvoir politique. Parce que les Chnaoua ne sont pas dans le politiquement correct.
En effet, daucuns présentent le Mouloudia comme étant le club des parias par excellence, le club des favelas dAlger. Le public du Mouloudia se veut rebelle. Cest le club des révoltés de tout acabit, dit Tahar. Le fait que son fief sappelle Bab El-Oued, terreau des événements du 5 octobre 1988 puis du FIS, de la contestation islamiste qui a suivi, Ali Benhadj, Es Sounna, Jamaâ Lihoud, Alayha nahya wa alayha namout et autres symboles foncièrement subversifs, alors, forcément, il dérange. Et, quand de surcroît, on lui adjoint des contingents de supporters déchaînés, des kamikazes comme ils se décrivent, ils seront systématiquement les mal-aimés du championnat politique. Bab El-Oued a toujours été ignoré, marginalisé. Nous, nous sommes le petit peuple. La galerie des zaoualia. Nous sommes le quartier des malfamés. Des affamés. Dans nos slogans, nous chantons : "Alayha nahya", "Napoli, Flicha, Ben Laden", décrypte un tifosi fielleux. Lun des slogans chers au public du Mouloudia reste Maranache mlah (on nest pas bien). Un slogan qui dit tout. Le Mouloudia est à limage du pays. Quand le pays va mal, le Mouloudia va mal et vice-versa, renchérit Yacine.Du chifoun au 4x4
Autre facteur qui expliquerait en partie, selon nos interlocuteurs, le virus de la violence : largent. Largent qui aurait corrompu tout le monde. Doù labsence de références. Les joueurs nont pas suffisamment de grandeur morale pour servir dexemples. Dailleurs, leur boulot, cest de marquer des buts et dempocher le maximum au mercato, pas de jouer aux pédagogues. Les jeunes sidentifient souvent à des nabots qui roulent des mécaniques alors que la plupart ont deux pieds gauches pour paraphraser Amine.
Ailleurs, les grandes stars du ballon rond prêtent volontiers leur bobine à des spots éducatifs pour dénoncer la violence, le racisme, etc. Nos joueurs méritent-ils les 500 et 600 millions quils réclament à chaque signature ? Ils ne parlent que dargent. Les présidents de club ont pourri le football, comment voulez-vous quils donnent lexemple à nos jeunes ? éructe Hamid.
Dire que dans le temps, les joueurs-militants du Mouloudia, on les appelait Echifoun. Le chiffon. Cétait du temps de la colonisation. Ils jouaient vêtus de guenilles mais le front haut pour lhonneur du pays, nous dit-on. Les temps ont bien changé depuis. Les joueurs ne parlent que de villa et de Touareg (4x4, ndlr). Comment voulez-vous quils pensent à lentraînement ? fulmine Amine.Encadrer les supporters : mission impossible ?
Hakim Boukadoum, 39 ans, était président du comité de supporters du Mouloudia en 2000-2001. Son constat est sans appel : Il est impossible de canaliser les supporters du Mouloudia, admet-il, avant de souligner : Ce nest pas propre au Mouloudia. Aucun club ne peut prétendre avoir un vrai comité de supporters. Cest du bricolage. Le Mouloudia a été le premier à lancer une dynamique qui devait avoir pour point de départ les comités de quartier avant daboutir à un comité de supporters au lieu que cela soit décidé par le haut. Malheureusement, cette dynamique a été interrompue. Pour lui, lorigine de la violence est avant tout sociale et nest pas étrangère à tout ce que nous avons vécu : Un gamin qui a aujourdhui 15 ans a vécu de plein fouet le terrorisme. Les "événements". Il na connu que cela. Il ne peut que reproduire toute cette violence qui la nourri, dit-il. Un bon comité de supporters, estime-t-il, devrait savoir allier animation et pédagogie le tout sur fond dune nouvelle vision du football. Une tâche à laquelle sattelle une nouvelle structure que viennent de lancer des anciens du Mouloudia, une fondation baptisée Braham Derriche, et dont le porte-parole est un certain Ali Benchikh.
Hakim suggère dintégrer des socios à la vie du club comme cela se fait outre-mer. Mais il ne se fait pas dillusions : la modernisation de nos clubs nest manifestement pas pour demain, concède-t-il la mort dans lâme. À titre dexemple, le Mouloudia, qui a un gisement inestimable de supporters, na jamais songé à créer un département marketing pour gérer son image, lui dont le label est très vendeur et qui profite à toute une faune de braconniers, regrette notre ami.
Petit détail en parlant de marketing et de merchandising : le gros des fanions du Mouloudia est fabriqué en Chine. La boucle est bouclée. Les supporters du MCA auront ainsi connu la mondialisation avant tout le monde. Qui a dit que les Chnaoua nont jamais été à lécole ?M. B.
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Par sebbar1 le 22 Juin 2006 à 12:48
USMA-MCA
Les frères «ennemis» ?
Jeudi 15 Juin 2006
Par Amel Bouakba
Place des Martyrs mardi soir, soit J-1 avant le très attendu derby algérois qui opposera les «frères ennemis», lUSMA et le MCA. «Aux frontières» du fief du Mouloudia, le très populaire quartier de Bab El Oued, cette scène, pour le moins insolite : une demi-douzaine de gamins portant des fanions vert et rouge tournant autour dun agent netcom, en tenue verte (couleur fétiche du MCA) et chantonnant allègrement : «Allez, Chenouia, allez !» Mais il ny a pas que les supporters du MCA dans ce quartier. Les Usmistes sont bien ancrés, toujours aussi passionnés. On croyait trouver des supporters à tendance «hooligan», à la limite de la violence et de lexplosion sociale, on verra des supporters «pacifiques» qui disent navoir quune seule envie, se défouler en allant supporter leurs équipes favorites. Les automobilistes sillonnent le quartier et se préparent déjà à défiler en prévision de la rencontre du sommet. En fait, ce derby algérois est une occasion pour faire la fête, un moyen de se défouler pour ces milliers de jeunes qui se sont donné rendez-vous dès les premières heures de la matinée.
Contre la violence
Drapeaux, fanions, sombreros, autocollants, maillots et même les ensembles pour enfants investissent les trottoirs. Les vendeurs occasionnels font du commerce florissant depuis plus dune semaine. Redouane vend à même le sol les «indispensables» accoutrements aux couleurs de léquipe dont ne peuvent se départir les supporters. Il dit navoir pas eu de mal à écouler sa marchandise : des fanions à 25 dinars aux ensembles pour enfants entre 600 à 800 dinars, dans les couleurs des deux équipes. Achour, la mascotte de BEO, vendeur de maillots et de drapeaux USMA, ne cache pas, quant à lui, quil est un chauvin du rouge et noir, convaincu que son équipe fera un 3-0. «Nous sommes les meilleurs et nous allons remporter cette Coupe», lâche-t-il. Les sons des décibels nous mettent déjà dans lambiance de ce soir. Les disquaires du coin, à lexemple de la «boutique Kenza», font recette avec des CD et des K7 dédiés aux équipes rivales. Hassaïni El Aïd, lui-même supporter du MCA, dit avoir vendu près de 3 000 K7 et CD entre 80 et 150 DA, depuis deux semaines. En moins de quelques secondes, la boutique est envahie par des supporters des deux équipes à laffût des derniers tubes. Les slogans scandés de part et dautre et répétés à gorge déployée : «Lyoum Nzahiou Dzaïr», «El youm ngalbou denia», «Mlah rbah oula khsara», ou encore «El youm Ma Tafrech». Ce qui est sûr, ce que ça chauffe déjà dans les artères de Bab El Oued et de Soustara. Les billets dentrée de la rencontre USMA-MCA que des enfants vendent à 300 dinars sécoulent comme des petits pains. Le score de la rencontre daujourdhui est au centre des discussions. Abdelkader, Mimi et Mohamed Reda, qui avouent quils ne rateront ce rendez-vous du 5 Juillet pour rien au monde, font déjà des prédictions, avouant sattendre à 2-0 pour le MCA. «Cest le moins que lon puisse espérer», disent-ils. Leurs copains, Mohamed, Mehdi et Madjid, Usmistes jusquau bout, ne manquent pas de les contredire, certains que leur équipe sortira victorieuse.Que le meilleur gagne !
Aux quartiers des Trois Horloges et de Soustara, le rouge et noir se mêle agréablement au vert et rouge. Plongés dans lambiance de la Coupe du monde, les supporters des deux équipes promettent que la rencontre daujourdhui sera une grande fête, «nzahou lAlgérie», dira un jeune du quartier des Trois Horloges. A Soustara, «la maison de lUSMA», un immense maillot rouge et noir accroché au mur dun des immeubles donne le ton. Au cur du quartier, le café populaire de Soustara à proximité de la célèbre «Djnina» grouille de supporters de léquipe de Allik, le regard figé sur lécran qui retransmet en diffusé le match de Coupe du monde France- Suisse. Ici, tout sest mis au rouge et noir. Par chance, nous arrivons à détourner leur attention du match lorsque nous évoquons la finale daujourdhui. Usmiste dans le sang, Omar, la quarantaine bien entamée, médecin de son état, est le premier à réagir : ici, cest le fief de lUSMA, il y a, certes, quelques mouloudéens mais le quartier est à majorité usmiste, indique-t-il. Demblée, il estime que «les Usmistes, cest des ouled familia, pas besoin dêtre escortés pour venir nous voir, contrairement aux Chenouia», assure-t-il en narguant son ami Chenoui. Optimiste, Omar croit dur comme fer à la victoire de son équipe et évoque fièrement le palmarès des Rouge et Noir : «On va jouer la 15ème finale de la Coupe dAlgérie, on a raté les 7 premières finales mais, depuis 1981, on a eu 7 coupes et nous allons, cette fois-ci, in challah, encore perpétuer la tradition en remportant la 15ème Coupe dAlgérie, aux dépens de nos ennemis jurés et néanmoins amis», avoue- t-il, sur une note dhumour. «Si on remporte la 8ème Coupe, lUSMA va battre le record quaucune équipe na battu», ajoute-t-il avant de préciser que «ce soir, on montera tous au stade pour soutenir notre équipe». Il nous donne rendez-vous dailleurs pour une grande fête avec plein de surprises. Aux côtés de Omar, le médecin, «Dahmane Belmondo», supporter MCA, son ami intime et néanmoins rival. «Dahmane est mon ami intime, cest comme un frère mais, aujourdhui, il ny a pas de khaoua», dit Omar et de poursuivre : «Le Mouloudia nous a battus lors de 2 finales, il est temps pour nous de prendre notre revanche.» Dahmane nargue son ami et intervient pour promettre une fête grandiose, persuadé que son équipe va gagner. Il y aura Amar Zahi, promet-on, et dautres noms célèbres du chaabi pour fêter cet événement. Une discussion passionnante et passionnée jaillit ensuite sur lappartenance «usmiste» des artistes qui fera que chacun des deux camps se disputera «Amar Zahi». Dahmane Belmondo promet, convaincu, un «Amar Zahi pour animer la fête de la victoire du MCA». Ce à quoi répondront les «Usmistes» : «Zahi est de notre camp et il y a aussi Boujemaa Al Ankis et El Hachemi Guerrouabi, El baraka fihoum » Le débat se poursuit et les supporters passionnés finiront par dire que ces chanteurs appartiennent à tous les Algériens et que le plus important aujourdhui est que les deux équipes offrent un spectacle de qualité et du beau jeu.
Les supporters des équipes rivales rencontrés ici et là avouent bannir la violence et souhaitent une finale haute en couleur. Le regard apaisé et calme, El Hadj Boualem, assis de lautre côté du café de Soustara, Usmiste de père en fils, dira à propos de cette finale quil espère tout simplement que «le meilleur gagnera». Même si son cur balance pour son équipe préférée, lUSMA.A. B.
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Par sebbar1 le 22 Juin 2006 à 12:39Les valets paix talonnent le roi violence
Samedi 17 Juin 2006
Par Anis Djaad
Evidemment, les parieurs ne gagnent pas à tous les coups. Il leur arrive de tout perdre quand leur pronostic sintéresse vicieusement aux fins de matchs tempétueuses. Le bras de frères MCA-USMA fin consommé dans larène gazonnée de Chéraga, les adeptes des calculettes nauront pas à additionner ces frétillants «dommages collatéraux». Laprès-midi violent auquel beaucoup sattendaient na simplement pas eu lieu. Quelques incidents par-ci par-là que connaissent tous les stades du monde, à moins que le hooliganisme soit devenu une tradition purement algéroise. Les paris les plus fous vont sévanouir une seconde fois. La prétendue «nuit rebelle», quaurait concoctée le camp isolé des casseurs, était plutôt étoilée. Les supporters du légendaire Mouloudia vont décrocher la leur dans un ciel chargé. Une cinquième dédiée à lamour de la Dame coupe et une énième, à leur sens, prononcé pour les décors des grandes kermesses foot. A saint-glinglin, les couleurs du club le plus populaire dAlgérie fleurissent sur les vieux balcons. On ne retient pas entre quatre murs une jeunesse vorace despaces dexpression. Ce soir, enchantement jusquà la lie, la rue lui est reconnaissante.
Tellement généreuse quelle laccepte avec ses excès, aux limites de la transe citoyenne. Celle-ci va vite se dédire, les peurs certaines davant match retombent de très haut. Des dizaines de supportrices ont eu, elles aussi, droit à porter le maillot des vainqueurs et à défiler en nocturne sous le regard jaloux, pourtant si fier, de toutes ces mamans fredonnant sur les bancs publics dEl Kettani. Les embouteillages ne relèvent pas du domaine «privatisé» dune poignée de voleurs à la tire. Des familles entières (plus chauvines du côté de Bab El Oued ?) ont eu tout le plaisir de patienter à bord de leurs Victoria, à admirer la beauté du spectacle dansant offert par les Mouloudéens. Sur toutes les places dAlger, le respect a forcé la main à la confiance retrouvée. Les préjugés, -nul ne peut nier leur mutation en dépassements réels-, seffaceront deux-mêmes au fil dune nuit gracieusement folle. Révolu ce temps où le bâton redressait les esprits trop tordus. Lordre se démocratise à son tour, présence et vigilance accrues suffisent à elles seules à parer aux desseins voyous. Lefficacité préventive mérite déférence. Une si belle victoire sur laquelle ont flotté les couleurs du grand perdant de la saison ne se gâche pas par le fait dun noyau réduit de trouble-fête. En foot comme en politique, le dernier mot revient de droit à la majorité. Celle du Mouloudia a eu toute une nuit pour faire respecter le sien, tant les chants de la non-violence ont forcé à létouffement, les cris dune haine qui na plus sa place nulle part. Le doyen mérite mieux que la brutalité dune bande de casseurs. Ressortiront-ils leurs barres de fer à la première défaite mal digérée ? La «paix des frères» ne se construit pas en un flottement difforme des étendards de clubs fétiches mais nécessite responsabilité partagée par tous. La culture du fair-play nest pas une affaire de quelques heures dapprentissage. Elle sapprend dabord sur les bancs de lécole, ensuite dans cette même rue où lon guette un projet de société plus rénovateur quil en est. Ce jour-là, les jeunes valets de la paix auront toutes les chances de battre les rois bourreaux de la violence.A. D.
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Par sebbar1 le 22 Juin 2006 à 12:35Plongée dans le chaudron de Bab El Oued
Si par hasard le Mouloudia perd jeudi, nous allons transformer le stade du 5 Juillet en une carcasse. » Ce supporter du MCA, qui ne croit pas un seul instant que son équipe favorite puisse rater la finale, annonce la couleur de ce qui attend les Algérois si - à Dieu ne plaise - leuphorie davant-match vire au cauchemar de la désillusion au soir de jeudi.Hamid nest pourtant pas un jeune désuvré qui, faute de mieux, noie son chagrin dans cette ambiance électrique de ce choc algéro-algérois entre le MCA et lUSMA. La quarantaine bien entamée, il marie agréablement foot et commerce. Propriétaire dune petite boutique de vente de vêtements sportifs non loin des Trois-Horloges, Hamid sest déjà mis à lheure du match. A lambiance plutôt. La façade de sa modeste échoppe est bariolée de différentes variétés des maillots du Mouloudia. « Chenoui jusquà la mort kho ! », fit-il fièrement. Bien que quelques maillots rouge et noir de lUSMA pendent sur les porte-manteaux de son magasin, commerce oblige, Hamid souhaite presque que personne ne vienne lui réclamer ce maillot « maudit ».
Guerre psychologique
Il confie dailleurs avec beaucoup de joie quil nen a vendu quune infirme quantité. En revanche, les maillots du Mouloudia sécoulent comme des petits pains. Il se fait un malin plaisir de raconter « la mauvaise affaire » de son ami, supporter de lUSMA, qui a inondé son magasin de maillots aux couleurs de ce club et qui aurait du mal à les liquider. « Ya kho, Bab El Oued gaâ Mouloudia ! » (Tout Bab El Oued est mouloudéen). Ce quartier mythique de la capitale, qui sert également de baromètre social de la contestation, est le lieu privilégié où se joue le premier match entre supporters. La guerre des nerfs. La guerre psychologique. A ce niveau, il y a visiblement un déséquilibre flagrant des forces en présence. Pendant que les fans du Mouloudia occupent ruelles et venelles à force de drapeaux, de cache-nez, de maillots, à crever les tympans de tout le quartier par les airs endiablés de deux « chanteurs » amateurs, les Usmistes, que les Chnaoua appellent « Msaméîya » se font discrets, à croire que la fête ne les concerne pas. « Le match se jouera sur le terrain », répond Amine à cette grappe de Mouloudéens qui le chambrait dans un fast-food près de la DGSN. Les supporters de léquipe chère à Allik sont pratiquement absents du décor « bab el-ouédien » planté par les Chnaoua qui ont véritablement pignon sur rue. Il se dégage une ambiance dun match déjà gagné davance. Tout se passe comme si les milliers de fans du MCA nattendent que le coup de sifflet final pour festoyer. Leuphorie est telle que même les détails pratiques daprès-match et les itinéraires à parcourir par les cortèges sont dores et déjà réglés. Bref, on est en plein dans laprès-match. Sinon... « Nous navons jamais perdu une finale et ce nest pas contre lUSMA quon va la rater. » Cette assurance de Kamel sonne déjà comme une déclaration de guerre. « Nerrebhou wella n kheltouha ! » (Nous gagnons, sinon ça va chauffer), avertit aussi son ami. Les supporters du MCA sont convaincus que la victoire ne pourra leur échapper « sur la pelouse ou dans les gradins ». Dautres encore se font plus agressifs en promettant un 5 octobre au 5 Juillet... si jamais lUSMA lemportait. Pour « le peuple » du Mouloudia, il nest pas question de se mettre dans la peau dun vaincu dun simple match de foot. Surtout pas contre les frères ennemis de lUSMA. Le match de jeudi, cest le leur, à eux seuls. « Dès 9 h, on envahira le stade du 5 Juillet et nous ne laisserons quune partie du virage aux gens de lUSMA. » A Bab El Oued, vous avez la nette impression que ce match de foot risque de provoquer des « dommages collatéraux » quand on observe le survoltage émotionnel dans les propos de ces jeunes et même des adultes fans du Mouloudia qui ne jurent que par la victoire. Le chaudron de Bab El Oued annonce déjà la couleur de ce que sera lambiance dans les gradins, mais surtout à lextérieur du temple olympique.
La bataille à pleins décibels
Cette tension paroxystique fait que certains amoureux du club de Soustara souhaitent sincèrement que le MCA gagne sa coupe. « On sait jamais kho, ces gens sont capables de tout. Mieux vaut leur donner la coupe, sans même jouer le match, pour éviter lirréparable. » Ce constat alarmiste a priori est pourtant partagé par beaucoup de personnes, y compris par ceux qui ne sont ni dans ce camp ni dans lautre. Au-delà de la fête, il y a donc cette peur qui plane sur un match manifestement à haut risque. Bab El Oued dégage en tout cas une atmosphère de branle-bas de combat. Quand vous déambulez dans les artères de Bab El Oued, vous êtes vite happé par ces sonorités typiquement mouloudéennes qui vous invitent à partager livresse des Chnaoua. Deux jeunes mordus du MCA ont composé 13 chansonnettes à la gloire des Vert et Rouge. Le CD et la cassette battent tous les records de vente. Tous les disquaires vous accueillent avec ce tube de lété qui chauffe à blanc la galerie du MCA à deux jours de la grande explication. « Jen ai vendu plus de 200 depuis ce matin », avoue lun dentre eux qui possède un magasin sur la rue principale de Bab El Oued. Notre interlocuteur nose même pas faire le parallèle avec lautre CD dédié aux Rouge et Noir. « Chkoun yechri lUSMA ? », plaisante-t-il et de préciser quil est lui-même « chenoui ». Les automobilistes sillonnant le quartier marquent de manière ostentatoire leur appartenance en allumant à fond ce fameux album qui fait oublier cheb Toufik, histoire de narguer les Usmistes. Editées par Arts des arts, les chansonnettes de Mouloudia Chnaoua sont avalées comme un véritable anabolisant par les amoureux du MCA. A limage de ces derniers, les chanteurs ne se font aucune illusion sur lissue du match. « Rana mâawlin, b rebbi nchallah rabhin ! », proclament-ils dans lun de leurs refrains. Evidemment, le club de Soustara et ses supporters en prennent pour leur grade dans cet album. Morceaux choisis : LUSMA wlad el hamra n rabhoukoum zkara, ou encore le très osé refrain : Ittihad enessouane Naïma ou Hanane. Le ton monte parfois pour virer carrément au langage guerrier qui fait craindre le pire. Oulad el hamra la camorra ; Chenoui ma yewilch llor ; Omri chauvin men bekri ; Chenoui kamikaze ; Chenoui mekhelwi kima mdari sont autant de slogans qui ne rassurent pas les puristes et les amateurs du beau football. Les Rabhine ou rebbi kbir et Hadh el âm fi Bab El Oued défilé, entonnées à pleines gorges, donnent certes une grosse assurance dun lendemain qui chante, mais rien ne dit que le match est déjà joué. La confrontation entre le MCA et lUSMA se joue aussi sur le terrain... commercial. Tous les quartiers de la capitale, Bab El Oued surtout, sont inondés de petits commerçants occasionnels qui tentent de tirer des avantages « comparatifs » de ce duel. Maillots, chapeaux, drapeaux, épinglettes, fanions, broches, gourmettes, autocollants, cache-nez, ensembles... Tout se vend. Un commerce juteux dont largent na pas forcément dodeur. Des Chnaoua nhésitent pas à étaler des objets aux couleurs de lUSMA et vice-versa, même si le cur ny est pas. Dautres encore nont rien à voir avec les deux clubs et profitent allégrement de cette rente bénie, à limage de Nassim qui a installé une table à la place les Andorre, arborant un maillot de lUSMA et coiffé dun chapeau vert et rouge. « Comme cela, ça marche mieux, je vends à tout le monde », dit-il. Les acheteurs ne sont pas spécialement des adolescents. Nous avons même aperçu des femmes voilées négocier des vêtements probablement pour les enfants. A Bab El Oued, vous trouverez une famille divisée en deux camps. De véritables frères ennemis dont les discussions passionnées et les échanges à fleurets mouchetés vous laissent pantois. Demain, cest la veillée darmes. Les Chnaoua avertissent leurs effectifs que « les tickets et les cachets seront épuisés mercredi ». Eh oui ! après la bataille de la musique et celle du commerce, il semble y avoir une autre bataille, « mentale » celle-là, qui consiste à se procurer « lkachi » pour pouvoir se « shooter » le jour du match et affronter la grande bataille. Celle que tout le monde attend. Malheur au vaincu !
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Par sebbar1 le 22 Juin 2006 à 12:23
Et si le MCA avait perdu cette finale ?
Samedi 17 Juin 2006
«La finale sest déroulée dans un fair-play total et dans une ambiance chaleureuse. Le premier but était valable, et le penalty était justifié. Nous avons procédé à lapplication stricte des lois du jeu.» Dans cette impression de Djamel Haïmoudi, arbitre central de laffiche de jeudi dernier entre le MCA et lUSMA, il est à relever, au-delà de la fierté dun homme en noir davoir été blanc et sans reproches dans la direction dun duel aussi difficile et en finale de Coupe dAlgérie de surcroît, cette bonne note relative à «lapplication stricte des lois du jeu».
Cest cette même note qui est applicable au volet organisation générale de ce rendez-vous qui évidemment va bien plus loin quun simple match de foot.
Il y a unanimité à souligner, à lissue de cette finale de Coupe dAlgérie, que le fair-play a été au rendez-vous et que le public est à créditer dune bonne et belle prestation. Des couleurs et de la joie. Mais loin de léclat de la victoire du MCA, cest à un autre débat que renvoie cette finale.
Présent au temple du 5 Juillet, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a côtoyé les dirigeants du sport lespace dun après-midi pas comme les autres. Outre le ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, et le tout nouveau président de la Fédération algérienne de football (FAF), Hamid Haddadj, le chef de lEtat a eu à échanger quelques points de vue avec les présidents des deux clubs vedettes du jour, le MCA (Mohamed Messaoudi) et lUSMA (Saïd Allik). Il se dit quà cette occasion, Abdelaziz Bouteflika aurait demandé aux deux parties de séloigner de la chose politique. Il y a, dans le monde entier, des clubs de foot qui sont en réalité plus que des clubs de foot. Ce sont de véritables sociétés dans la société. A tous points de vue. Socio-politique y compris. Dans et aux abords des stades, la violence est souvent engendrée par une forte passion que seul le football peut procurer. Cest à ce niveau-là que peuvent et se doivent dintervenir les pouvoirs publics et non à quelques heures seulement ou pendant le déroulement dun match classé à hauts risques. Dépassionner. Une clé majeure.
Une équipe du gabarit du Mouloudia, lune des deux seules équipes algériennes capables de drainer des centaines de milliers de supporters lors dun événement sportif contre des dizaines de milliers au maximum pour les autres clubs, est à mettre, en dehors de ce quelle produit sur le terrain, sur les exploits que sont capables de mettre en place, sur la même aire rectangulaire et verdoyante, des onze surprises tels que celui de lEquateur présentement au Mondial allemand. «Cette équipe a montré quelle pouvait perturber les plus grands même quand elle ne joue pas en altitude à Quito», dixit lentraîneur de la Mannschaft Jurgen Klinsmann. Ce qui est valable pour lEquateur sur le terrain lest aussi pour le Mouloudia en dehors de larène sportive. Quil joue à domicile ou à lextérieur, le MCA est un club qui draine beaucoup de monde et à cette stature simpose une organisation adéquate de ses comités de supporters.
Dans les gradins et aux alentours dun stade où joue le Mouloudia, cest à une véritable effervescence que lon peut assister. Avec, malheureusement, de déplorables dépassements quelquefois enregistrés. Ce qui sest passé lors de la demi-finale disputée à Mostaganem contre le WA Tlemcen est à mettre dans ce registre. De regrettables et graves incidents ont provoqué encore le malheur de centaines de personnes, le plus souvent nayant aucun lien direct avec le match du jour.
Jeudi dernier, certes, il ne sest rien produit dalarmant. Au contraire, lesprit festif a pris le dessus. Beau à voir. Néanmoins, il est utile de sinterroger : que se serait-il produit si le MCA avait perdu cette finale ? Tout le monde sait que linstance dirigeante du football mondial, la Fédération internationale de football association (FIFA) en loccurrence, peut exclure de ses compétitions tout pays où le gouvernement persiste à se mêler des affaires de la fédération locale. Et si la réglementation régissant les lois du football en Algérie est édictée par linternational Board, il ny a aucune honte à ce que les modèles dorganisation stricte et réussie des grands événements sportifs, drainant une forte implication socio-politique, ne soient pas répertoriés sur le vécu national ici en Algérie.
Des méthodes de traitement de la violence et du hooliganisme dans et autour des stades existent dans nombre de pays où ce phénomène a pu être réduit de façon remarquable comme cest notamment le cas en Angleterre. La gestion des foules, notamment en ce qui concerne lapproche liée aux déplacements, est aussi bien avancée dans dautres pays dEurope et dailleurs. Le cas de lArgentine, pays fortement ancré dans le football mais aussi dans le vice de la violence (avec ses «barrabravas» -hooligans locaux dont lappellation signifie membres de «clubs de combat» !-), est édifiant à ce propos. Au pays de Maradona, ils ont provoqué la mort de plusieurs dizaines de morts ces dernières années.Y. H.
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