• MCA<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>

    Le long cheminement du Doyen<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    La finale de la coupe d’Algérie 2006 n’est finalement qu’une des nombreuses retrouvailles entre le MCA et l’USMA, très étroitement liés par l’histoire, du fait que ce sont quatre authentiques Mouloudéens qui ont participé à la création de l’USMA à partir d’une idée d’un autre Mouloudéen, Mouloud Djazouli, allant même jusqu’à transférer plusieurs joueurs au nouveau club de Soustara. <o:p></o:p>

    Le MCA passe pour être le doyen des clubs musulmans en Algérie, même si les archives nous signalent l’existence de plusieurs autres associations à travers l’Algérie créées avant 1921. A Alger, le réveil du nationalisme aidant, les conditions idéales étaient réunies pour le MCA: la présence d’un club authentiquement algérien fut un motif de fierté pour les masses musulmanes exploitées par les patrons européens, sauf le dimanche, le jour où le MCA se produisait. Pour ces «indigènes» corvéables à merci, c’était l’indispensable bouffée d’oxygène après le dur labeur et les humiliations. Mais le MCA a énormément souffert; qu’importe, l’essentiel était d’exister en tant que «phénomène» social. Un grand et constant hommage devra être rendu aux créateurs du MCA au mois d’août 1921, coïncidant avec la célébration du Mawled Ennabaoui, les Aouf Abderrahmane, les Djaoud, Derriche et Djazouli (surnommés les trois D), Andaloussi, Skandrani, Mrizek, Fouila et Kerrarsi et autre El-Guers Mohamed. Bien entendu, ce fut une véritable traversée du désert jusqu’en 1936, où le MCA accède enfin en division d’Honneur, l’élite de l’époque. En championnat nord-africain, les Mouloudéens seront obligés de laisser la qualification au FC Blida au terme du... sixième match. Ils avaient remporté le cinquième, les quatres rencontres précédentes s’étant soldées par des nuls. C’était la réglementation de l’époque. On précisera que le président du FC Blida n’était autre que Louis Rivet, également président de la Ligue d’Alger et fondateur de l’Union des ligues nord-africaines. Il est bien sûr inutile de faire un dessin.<o:p></o:p>

     L’histoire du MCA, excellemment racontée par notre collègue Belkheir Lounès Abdenour, est riche en hauts faits, même si le Mouloudia n’a pu se frayer un chemin dans les deux grandes compétitions de l’époque, coupe et championnat d’Afrique du Nord. Symbole du nationalisme, le MCA compte beaucoup de héros tombés au champ d’honneur. Sur le plan sportif, il ne renoue avec la gloire qu’en 1972/1973, avec son premier titre de champion, suivi des sacres des saison 72, 75, 76, 78, 79 et 99. Mais l’exploit le plus retentissant n’est autre que la Coupe d’Afrique des champions arrachée de haute lutte au tenant, le Hafia Conakry, un soir de décembre 1976. <o:p></o:p>

     En coupe d’Algérie, le MCA a inscrit son nom à quatre reprises, mais cette cinquième a une saveur particulière. Les clubs frères de Bab El-Oued et Soustara se sont retrouvés dans un beau et poignant duel. Le MCA a gagné mais l’USMA n’a pas à rougir de cette défaite. C’était la fête de la Casbah, le lieu de naissance des deux clubs, toujours frères mais jamais tout à fait ennemis...<o:p></o:p>

    Adjal Lahouari<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>


    votre commentaire
  • 42e FINALE DE LA COUPE D'ALGERIE "Dr MAOUCHE"
    MC ALGER 2 - USM ALGER 1
    Alger a son nouveau roi


    Dame Coupe choisit son camp. Le plus fort d’un jour. Le 15 juin 2006 en était le jour du Mouloudia d’Alger. Plus nombreux sur le plan du (des ?) soutien, plus volontaires et plus présents sur l’aire du jeu. Les Vert et Rouge ont fait leur match. Presque parfait.

    Le derby de surcroît à enjeu n’a pas tenu toutes ses promesses, celle notamment d’offrir du spectacle sur le rectangle vert. Car dans les travées du stade olympique et dans le tout Alger, le spectacle fut. L’animation tous azimuts a commencé au petit matin.

    La finale, avant…
    Direction le stade du 5- Juillet, lieu de la grande finale. Les foules affluaient de partout. Alger n’était plus algéroise. La galopante capitale algérienne a accueilli “le” peuple et ses compatriotes. A 11 heures tapantes, tous étaient au stade. Enfin, tout est exagéré tant des milliers d’autres postulants ont été rabroués par l’annonce des bouchons au niveau des différents accès de la capitale. A dix kilomètres à la ronde des hauteurs d’Alger où est édifié le 5-Juillet, pas un espace roulant n’est disponible. Les places sont chères et surtout limitées. Impossible de se frayer un chemin pour rejoindre la grande scène. Avec pareille affiche, il faudrait deux, voire trois, grands stades pour contenter tout ce beau monde. Encore que le peuple de la JSK a manqué le rendez-vous. Arrivés au stade, cet œuf plein, c’est une autre chaleur qui nous accueille. Des casquettes offertes par un opérateur de téléphonie, commerce oblige, sont arrachées comme des petits pains. Les espaces verts sont squattés par les randonneurs d’un jour. Ceux aussi qui prient. Pour la bonne cause…La journée ne faisait que commencer et le ciel n’est pas clément. A quelques deux heures de l’horaire du match, les joueurs arrivent à leur tour, mettant davantage de feu au stade. Les bambins de Form- Foot, ceux du MCA vainqueurs de la Coupe d’Algérie (cadets et minimes) et du championnat (cadets) étaient accueillis avec un tonnerre d’applaudissements . L’animation proposée par les organisateurs, Tbal et Gheïta, n’enchantait pas grand monde. Le ton monte et l’adrénaline avec. Del Pierro Benali, Ali Bencheikh and Co et leurs ex-adversaires Abdouche, Rahim et Cie mettent plus de piment à la fête. 15 heures tapantes, Abdouni, le bouillonnant portier du MCA et ex-portier de l’USMA, arrive avec son second, Azzedine, et Ilian, le coach des gardiens. Ballons rouges et maillots blancs pour l’échauffement. Branci Boukalfa emmène ses deux gardiens Zemmamouche et Saoula, l’ex-gardien du Mouloudia. Ils seront suivis par les joueurs de champ qui prendront possession de l’aire de jeu où les jeunes de Form-Foot et ceux de la Ligue d’Alger multipliaient les prouesses.
    …pendant…
    Une demi-heure plus tard, les échos devenaient plus stridents. Encore que les clameurs provoquées par les feux de Bengale et autres fumigènes rompaient le silence crispant. Jusqu’au sifflet libérateur de Djamel Haïmoudi. Place aux acteurs et au jeu. Pas beau à voir, malheureusement. Malgré les essais de Deham, Bouguèche et ses équipiers dominateurs durant la première demi-heure. Le premier corner usmiste n’a été obtenu qu’à la… 36’. Soit une minute avant l’exclusion de Ghazi. Le tournant d’un derby pourtant calme. Et le but chauffait, chauffait… Avant de traverser la ligne fatidique deux minutes avant la pause. Deham reprend de la tête, et avec l’aide de Deghmani, un centre parfait de Bouguèche. Alger tremble. Les répliques ont eu lieu à travers le pays, apprend-on quelques heures plus tard. Mon ami de Mostaganem, Abderrahmane Bensadok, me transmettra un SMS saisissant : «Malgré la barbarie de vos supporters à Mosta. Bsahetkoum». La seconde mi-temps sera lancée sur les mêmes bases. Les gars de Soustara tentent le diable, mais ce dernier revenait dans leur périmètre. Bouguèche bouscule Besseghir et Hamdoud et sera bousculé à son tour par Zemmamouche. Deham repassera par là, en signant son troisième doublé face à l’USMA, dont deux sous le maillot mouloudéen. Un tiers du stade reprend son bleu. Les supporters occasionnels de l’USMA sentent le roussi. Les vrais s’accrocheront au miracle. Malgré l’incapacité des leurs à riposter devant un Deham qui multipliait les raids et les ratages et face à un Coulibaly impérial dans sa zone. Il a fallu la sortie de Hadjadj, véritable métronome du jeu mouloudéen, pour que la bataille du milieu change de main. Belkaïd et le Malien Doucouré prennent le dessus sur Zmit, Maouche et Badji. Bracci a commis une erreur tactique et a cédé face aux sentiments. L’équipe basculait à gauche (Bouguèche, Maouche, Babouche et Maouche), laissant l’entre-jeu sous l’emprise des Rouge et Noir. A cinq minutes de la fin, Doucouré réduit la marque. Les vrais Usmistes retrouvent un peu de sourire et d’espoir. Surtout quand Doucouré s’effiloche dans les 18 mètres de Abdouni. Haïmoudi semblait avoir choisi son camp en décidant d’accorder un corner au lieu du penalty espéré. Le pouvoir a changé de camp. Alger a un nouveau roi. Pour combien de temps et à quel prix ?
    …Et après
    Cette semaine à coup sûr. La fête enclenchée il y a une quinzaine de jours, s’est faite plus belle lorsque Bouacida prenait des mains du président le trophée attendu depuis 23 ans. Alger a veillé jusqu’au petit main. Oran, Tizi et bien d’autres villes et villages ont fêté joyeusement l’événement. Pour oublier ses déboires, le Mouloudia vit de fortes sensations. Le bureau de Messaoudi pourra jubiler avec les trois coupes nationales en minimes, cadets et seniors ainsi que le titre du play-off chez les cadets. Mais le bilan depuis 2001 est maigre. Mauvais. Depuis cette date, le frère ennemi a empoché six titres (trois coupes et trois championnats). Et c’est pourquoi Soustara n’a pas pleuré. Des drapeaux étaient encore accrochés au passage des cortèges mouloudéens. Bab- El-Oued, qui a repris ses couleurs, était en transe. Et ce sera encore le cas pour au moins une semaine. L’Algérie n’est pas à la foire allemande du football mondial. Elle est privée des images d’Allemagne 2006. Par la faute de qui vous savez. Heureusement qu’il y a les derbies MCA- USMA. M. B.


    votre commentaire
  • on a trop attendu pour retrouver la joie de la consécration!!!!

    La dimension humaine du sport roi
    Cette fois, le football sport roi

    par excellence, n'a pas tourné le dos à ses vraies valeurs. La finale de la coupe d'Algérie tant attendue jouée entre le MCA et l'USMA, les deux clubs prestigieux de la capitale, a constitué un événement sans pareil, une fête grandiose qui, outre les milliers d’inconditionnels des deux camps, a touché toutes les couches sociales du pays. Durant une semaine, le rendez-vous en question qui a rassemblé un nombre record de spectateurs, voire de téléspectateurs, a totalement fait éclipser la Coupe du monde, mobilisé les énergies, remué les passions les plus folles et plongé dans la joie, l'allégresse ou la déception et la tristesse. Pour les inconditionnels des deux formations (ils étaient 70.000, peut-être 80.000 à s'entasser sur les gradins dès 10 h 00), la finale de jeudi a constitué bien plus qu'une simple partie de football. C'était une question de fierté, d'honneur, de raison d'être. Vibrant d'une excitation très particulière, laissant pour une fois la déloyauté, la violence gratuite et l'indiscipline, les supporters se sont livrés à fond, faisant sortir le football grandi la communion que la fête a impliqué sur le plan humain, a fait apprendre à tout un chacun, ce qui pouvait être utile et beau lorsque le football se joue à ce stade, sur fond de loyauté et de total fair-play. Les supporters mouloudéens, nettement plus nombreux du reste, bombent leurs torses de fierté et chantent la victoire à pleins poumons et à tue-tête. Les 23 ans d'attente et de désespoir ont été enfin récompensés. Même tristes et franchement déçus, les supporters usmistes ont pris cette fois avec une certaine philosophie leur coup du sort. En somme, la finale MCA-USMA a constitué aux yeux de tous un beau morceau de l'histoire. Souhaitons que tout un chacun a pu tirer des notes positives dont le football national, malade ces dernières années, en pourra pleinement bénéficier.

    Abdenour Belkheir


    votre commentaire
  • L’exutoire momentané du football

    Jeudi 15 Juin 2006

    Par Mohamed Bouhamidi

    Avec le temps, les fanions, les bannières et les accoutrements ont subrepticement changé, les contenus et les codes aussi. Les vieux inconditionnels du Mouloudia ou de l’USMA seraient bien étonnés de voir leurs successeurs chercher ailleurs, en Angleterre ou en Chine, un langage et des références quand eux-mêmes portaient dans leur chair et dans leur tête l’enracinement algérois, bleu de chine, blanc d’Espagne, chaabi, Hamoud Boualem et gouaille faisant foi. Vous ne retrouvez cette élégance surannée des docks que chez quelques vieux égarés dans la foule ou à quelque concert donné par un maître de la musique algéroise à la salle Ibn Khaldoun.

    La plus vieille des strates
    Le travail sur les docks avait patiemment fait évoluer les mœurs vestimentaires ne laissant des anciennes habitudes que cette ceinture Altairac, large tissu jaune plié et enroulé autour de la taille qui servait de baluchon pour les fruits et légumes les jours fastes où les dockers obtenaient un jeton synonyme de travail. Des conditions pénibles du port qui exigeaient force et adresse, rudesse devant l’adversité, les dockers et les habitants à leur suite avaient tiré quelques valeurs : l’ardeur au combat, la solidarité dans la lutte, le compter sur soi dans les disputes courantes qui enterraient doucement les vieux réflexes claniques, le sens de la répartie chez les petites gens pour remettre en place les Algérois de vieille souche tentés par l’ostracisme et le sentiment de supériorité culturelle et, enfin, l’adhésion puis l’attachement à cette merveille d’innovation musicale que fut la naissance du chaabi.
    Les Algérois demandaient aux sportifs du MCA, pas seulement aux footballeurs d’ailleurs, d’incarner sur le terrain ces qualités d’endurance, de rudesse, d’obstination dans la confrontation et paradoxalement d’exhiber une supériorité technique, un art du ballon, une finesse du jeu et du dribble qui leur étaient une revanche sur le sort qui nous était fait par la colonisation, une exigence de la supériorité collective et individuelle qui fit partie de la longue, incessante, spontanée et instinctive préparation populaire aux confrontations majeures de la lutte de libération.
    Les références oubliées mais encore actives de l’adversité totale et irrémédiables hantaient encore leur langage : «Tu me trouveras comme tu me chercheras», ou mot à mot : «comme tu me viendras, j’irai à toi», à comprendre quel que soit le terrain de la confrontation : la force brutale, la technique, le savoir, etc. Chacun devait être un champion, le sportif sur le terrain et le supporter dehors au cas où. Les Algérois exigeaient de ces footballeurs et de ce club qu’ils remplissent consciemment une fonction de représentation politique, sociale et culturelle. Chez les peuples ou les populations qui vivent sur des clivages religieux, sociaux, culturels vivaces et profonds, le contenu manifeste de cette fonction de représentation coïncide quasiment avec son contenu latent.

    La substitution des quartiers
    Portées par la vitesse d’inertie, ces valeurs continuèrent longtemps à imprégner les confrontations sportives d’après-l’indépendance. Le Mouloudia y entrait avec le prestige du plus vieux club algérien porté par sa vieille garde dont la mentalité, les perceptions et les valeurs le pousseront à conserver cette culture du club face aux nouveaux adversaires des clubs algérois certes, mais dont les limites territoriales repérables et les dénominations différentes laissaient au vieux club son espace originel, la Casbah étendue à Bab El Oued devenu son extension après l’indépendance.
    Il faudrait remonter loin, bien loin pour retrouver chez les plus vieux cette mémoire bien algéroise de la rivalité des quartiers qui reflétait une immémoriale organisation du respect de l’espace domestique et féminin, l’étranger à cet espace appelé quartier n’ayant rien à y faire sans motif reconnu respectable et dont la présence ne peut que poursuivre les buts de s’approcher des femmes et d’attenter à l’honneur des familles. Chaque famille et par proximité chaque groupe de familles trouvait dans ses garçons les sentinelles de ces territoires et éventuellement les champions décidés à en découdre avec l’intrus, toujours prêts à montrer ce que valent les enfants dudit quartier et à entraîner les autres dans une émulation constante, multiforme, transformant l’appartenance territoriale en identité valeureuse, en référence reproductrice du passé régional, les jeunes devenant des enfants de Bab El Oued, de Belcourt, d’El Harrach, de Kouba, d’Hussein Dey avec, pour les initiés, une charge symbolique et historique avec la mémoire des exploits séparés ou des épreuves partagées, les grandes dates des manifestations, des émeutes, des secours portés pendant les sinistres, des morts sous les toits effondrés des tribunes de stades, des matches de coupes et des finales légendaires, des styles de vie ou de jeu, des actes de bravoure, des titres de champion remportés. Bref avec une identité mystérieuse et opaque pour le non-initié qui a fini par recouvrer avec le temps et le nombre de jeunes les vieux réflexes culturels, les anciens repères, les symboles et les expressions des temps de proximité avec l’occupation coloniale.

    La confusion du sens
    Tout cela fonctionnait assez bien si ce n’est que le Mouloudia n’a trouvé de rival sérieux dans la capitale que deux clubs, le Chabab de Belcourt et l’USMA. Passe pour Belcourt dont l’identité s’est affirmée dès l’époque coloniale. Mais l’USMA ? Question de territoire, de quartier commun, de promiscuité, d’intrusion ? Difficile de répondre sur la rivalité de deux clubs qui divise le même quartier, les mêmes familles avec des frères ou un père et son fils entrant dans une adversité rugueuse à chaque derby, se jetant à la tête les arguments les plus irrationnels sur les style de jeu, la valeur des joueurs, campant pour quelques heures sur des positions hostiles, se réconciliant quand l’un des deux clubs dispute un match de championnat ou de coupe avec une équipe tierce, mieux avoir le titre à Alger, bien sûr, mais un titre disputé entre les deux clubs devient le motif d’une guerre de la
    représentation.
    Cette représentation reste la seule clé pour comprendre les sens sociaux et culturels de cette adversité qui oppose en gros les mêmes milieux puisque la césure passe à l’intérieur des familles. Aux préférences rugueuses des supporters du Mouloudia, les supporters de l’USMA ont très tôt opposé la prétention du beau jeu, celui de la finesse et de la beauté avec les premières vedettes des années soixante et soixante-dix dont Meziani pourrait être le meilleur ; puis, en prenant pour référence assez tôt des clubs étrangers pour emblème et comme pattern.
    De leur côté, les jeunes du Mouloudia adopteront, personne ne sait pourquoi ni comment, la dénomination provocatrice et socialement marquée de «chiffons». Réaffirmation de l’appartenance populaire face aux beaux habits des autres ? Probable, d’autant que, dans une période charnière, au milieu des années 90, des supporters du Mouloudia arboraient d’immenses bannières à l’effigie de Bob Marley pris comme modèle de fidélité à ses origines et comme gourou de la zetla. Cette identification populaire se confirmera avec la nouvelle identité qu’ils ont adoptée pour dire leur nombre : les Chinois. Cette identification gagne du terrain par l’expression artistique. Sur leurs banderoles, vous pouvez voir des idéogrammes chinois représentant un dragon et un homme jouant au ballon et l’idéogramme symbolisant l’homme est le bon. Ces supporters semblent nous dire qu’ils sont la multitude, c’est-à-dire au fond qu’ils sont la force et ils tentent de le prouver chaque fois qu’un match leur permet de se regrouper ; l’épisode de Mostaganem et de leur retour périlleux sur Alger n’est qu’une illustration de l’usage de cette force et d’un contre usage installant la violence comme tentation prochaine. Bien sûr, seules des enquêtes sociologiques menées par de vrais scientifiques pourraient décrypter ce que recouvre cette nouvelle culture qui s’installe avec ses chants, ses cassettes, ses CD, ses tee-shirts, ses bonnets, ses mots, ses rituels et son organisation. Mais on peut dire déjà que nous ne sommes plus dans les cas de figure où les supporters investissaient leur club d’une mission de représentation. Ici, l’adversaire social ou culturel reste flou.
    Par contre, il apparaît très bien que cette masse impressionnante et ses relations avec le milieu social est à la recherche des modalités autonomes de sa propre représentation, le football et le club ne servant plus que d’alibi et de points de ralliement. Les révoltes grondent aussi de cette façon.   

    M. B.


    votre commentaire


  •  42e finale de la coupe d’Algérie. 
    MC Alger 2 - USM Alger 1
    Le jour de gloire des Mouloudéens


    La finale de la 42e édition de la coupe d’Algérie, docteur Maouche, a tenu toutes ses promesses. Elle a été haute en couleur, spectaculaire, empreinte d’un fair-play total sur et en dehors du terrain et le meilleur a gagné ! La victoire du mouloudia ne souffre aucune contestation dans la mesure où les joueurs de François Bracci ont mieux joué que leurs malheureux adversaires.

    Stade du 5 juillet (Alger), temps nuageux, pelouse en bon état, plus de 70 000 spectateurs. Arbitrage : Djamel Haïmoudi, Amar Taleb, Ahmed Kaïd et Mohamed Zekrini 4e arbitre. Buts : MC Alger : Deham (42e et 50e sur penalty) MCA, Doucouré (85e) USMA. Averts : Hadjadj (15e), Chaoui (54e), Bouguèche (61e) MCA, Besseghir (25e), Ghazi (36e, puis 2e carton jaune synonyme d’expulsion), Achiou (70e) USMA.

    MCA : Abdouni, Chaoui, Babouche, Bouacida (cap), Coulibaly, Zemit, Hadjadj (Maouche 72e), Bouguèche (Hamadou (86e), Badji, Deham et Younès. Rempl. : Largot, Badache, Bouzid et Azzeddine (GB) Entraîneur : François Bracci

    USMA : Zemammouche, Besseghir, Haddou (Belkaïd 55e), Doghmani, Hamdoud, Djahnine (Doucouré 70e), Metref, Dziri (cap Belkheir 75e), Ammour, Achiou, Ghazi. Rempl. : Saoula (GB), Zeghdoud, Meftah, Boussoufiane. Entr. : Mustapha Biskri

    Jeudi, dans un stade olympique d’Alger plein à craquer, cinq heures avant le coup d’envoi, le MC Alger a confirmé sa bonne santé au détriment de son éternel rival, mais néanmoins loyal adversaire. Avant le match, il y a eu une communion (exemplaire) entre les deux galeries. Quarante-cinq minutes avant le début de la partie, les minimes et cadets du MC Alger ont défilé avec la coupe d’Algérie (de leurs catégories respectives), remportée quelques jours avant. Lorsque les jeunes joueurs mouloudéens sont arrivés à hauteur de la galerie usmiste, celle-ci s’est levée comme un seul homme pour les applaudir. Les supporters du doyen ont fait la même chose au moment du remplacement de Bilal Dziri. Le capitaine usmiste a rejoint le banc sous les encouragements des supporters de l’autre camp. Le troisième face-à-face MCA-USMA en finale de la coupe d’Algérie est revenu pour la troisième fois consécutive au premier cité. Les mouloudéens sont rentrés dans le match plus rapidement que leurs adversaires. Dès la 7e minute de jeu, Fayçal Badji annonce la couleur. Il évite une intervention de Deghmani et délivre un caviar à Deham qui rate lamentablement sa reprise de la tête alors qu’il se trouvait à quelques mètres de Zemmamouche. Deux minutes plus tard, Deham récupère le ballon au milieu de plusieurs joueurs et centre pour Bouguèche dont le tir est dévié par une jambe adverse. Encouragés par cette belle entame de match et aidés par l’apathie des usmistes, les vert et rouge sont dominateurs. La paire Badji-Bouguèche fait voir de toutes les couleurs à la défense des rouge et noir, qui recule l’échéance (fatidique) grâce à l’engagement du revenant Rabah Deghmani, omniprésent dans les duels. Le quatuor magique de l’USM Alger (Dziri, Achiou, Metref, Ammour) n’a pas pesé du tout de son poids habituel. Au contraire, c’est le mouloudéen Coulibaly (excellent jeudi) qui s’est illustré de fort belle manière. Hadjadj et Zmit, les deux récupérateurs du MC Alger, ont fourni une prestation de premier ordre qui n’a pas échappé au regard (intéressé) du sélectionneur Jean-Michel Cavalli, présent dans les tribunes, qui aurait couché sur son calepin le nom de l’ancien Nantais qui va, sans nul doute, retrouver la sélection dès le prochain regroupement (juillet).

    Un chaudron brûlant

    Dans les tribunes et sous le regard attentif du président de la république, les deux galeries rivalisent dans l’animation. Pendant ce temps, les joueurs de Mustapha Biskri subissent la domination du mouloudia qui n’arrête pas de planter des banderilles par le virevoltant Younès et l’inusable Fayçal Badji. A la demi-heure de jeu, belle action collective du doyen. Bouguèche trouve Younès qui déséquilibre l’arrière-garde usmiste (dans un jour sans, en l’absence de Zeghdoud et Arribi) et offre une balle de but à Deham. Ce dernier, au prix d’un ciseau, tente l’essai mais Zemmamouche est sur le qui-vive. Et l’USM Alger dans tout cela ? Elle se distingue par un coup franc bien placé, que le capitaine Bilal Dziri envoie dans le décor. Le tournant de la finale intervient à la 37e minute avec l’expulsion de Karim Ghazi (USM Alger) pour cumul de cartons jaunes. A dix contre onze, l’USMA est débordée et va finir par céder. A deux minutes de la mi-temps, Fayçal Badji est à la base de l’ouverture du score de la 42e finale. Sur le côté droit, il récupère le cuir et se lance dans un raid. Il passe en revue trois adversaires et sollicite Bouguèche, bien démarqué sur le flanc gauche. Ce dernier ajuste un centre parfait sur la tête de Deham bien placé au second plateau. Le heading de l’avant-centre mouloudéen percute le bas de la transversale et rebondit derrière la ligne de but de Zemmamouche. L’arbitre-assistant Kaïd bien placé n’hésite pas et remonte au centre. Les usmistes contestent (à tort) l’ouverture du score et rejoignent les vestiaires menés au score. Ils n’étaient pas encore au bout de leur (immense) peine puisque trois minutes après la reprise de la deuxième mi-temps, ils concèdent un penalty suite à un contact Bouguèche-Zemmamouche (à la limite ou à l’intérieur de la surface de réparation ?). L’arbitre international Djamel Haïmoudi n’hésite pas et indique le point de penalty. Deham se charge d’inscrire son doublé dans un stade en délire. A partir de cet instant, le match est pratiquement plié et tourne (par moments) à la démonstration avec, à la baguette, le duo Coulibaly-Badji. Les hommes de François Bracci tombent dans la facilité, alors que ceux d’en face n’ont plus le cœur à l’ouvrage. Les sorties de Haddou, Djahnine et Dziri, remplacés par Belkaïd, Belkheir et Doucouré, ne changeront pas grand-chose à l’issue de cette finale, malgré le but du malin Doucouré qui a mis à profit un relâchement de la défense du MCA, sur corner, pour réduire la marque à cinq minutes du coup de sifflet final. La nonchalance de Deham, démarqué par Badji et qui s’est présenté face à Zemmamouche, aurait pu coûter la prolongation au MC Alger si le referee avait sifflé le penalty que les rouge et noir ont réclamé après le choc Abdouni-Belkheir dans la surface de vérité. Y avait-il penalty sur cette action litigieuse ? Cette question a divisé les présents, mais pas Haïmoudi qui a indiqué la poursuite du jeu. Le temps additionnel (quatre minutes) n’influa nullement sur l’issue du derby algérois que le doyen a remporté fort logiquement et sauvé, par-là même, une saison bien décevante en championnat. Ce moment, les mouloudéens l’attendaient depuis 23 ans. Ils ont laissé éclater leur joie au coup de sifflet final de Djamel Haïmoudi, accrédité d’un bon match. Pour les usmistes, il était temps que la saison s’achève. Jeudi, ils ont livré le match de trop.En réalisant une saison moyenne, ils ont décroché la seconde place en championnat et ont été finalistes de la coupe d’Algérie. Beaucoup d’autres clubs signeraient des deux mains pour ce palmarès. A présent, il est temps pour l’USM Alger de se projeter vers l’avenir et de construire une autre équipe. Celle de jeudi était en fin de cycle.


    Yazid Ouahib


    votre commentaire